• Chapitre 7 - Anton •

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Ma tête se redresse d'un coup, mes yeux s'agrandissent tels des orbites, sous le choc d'être réveillé par un bruit tel qu'une corne de brume. Élise est face à moi, je regarde ses yeux. Mon choc ne peut que s'intensifier.

— Tu verrais ta tête mec ! C'est excellent ! Haha !

Je l'a fixe, n'en revenant pas qu'elle ait les yeux aussi verts que les miens et surtout aussi clairs. Ma sœur avait donc raison. Comment est-ce possible ?

Je me rappelle lors d'une visite chez l'ophtalmologue lors de mes six ans qui m'a énormément marqué. Pas parce que j'avais une vue parfaite -ce qui est plutôt rare aujourd'hui- mais parce qu'elle a regardé longuement mes yeux, comme envoûtée. « Tes yeux sont magnifique, s'en est presque irréel. De nombreuses filles vont tomber amoureuse de tes yeux petit bonhomme, tu peux en être sûr et certain. ». Je me souviens aussi de la particularité, en plus de la couleur verdâtre, qu'ont mes yeux : une auréole dorée encerclant ma pupille. « C'est rare, tellement rare d'avoir cette particularité que tu es la première personne que je vois avec cette magnifique auréole autour de ta pupille. » J'étais tout fier et tellement excité à l'idée d'avoir toutes les filles de ma classe, notamment la plus belle fille de l'école, à mes pieds grâce à mes yeux que le lendemain même j'avais ramené tous mes camarades autour de moi en leur disant que j'étais spécial. Ils ont tous fait la queue-leu-leu pour observer mes yeux. Le matin suivant, un garçon de ma classe avait apporté un laser et me l'a mis dans les yeux pour voir si je n'avais pas de supers pouvoirs. Ce petit con a failli me brûler la rétine. J'ai dû retourner chez l'ophtalmologue dans les heures qui ont suivies puisque je n'y voyais presque plus rien, tout paraissait flou, et c'est la qu'on m'a appris que, certes, la couleur de mes yeux pouvait faire rêver des centaines de milliers de personnes, mes yeux sont très sensibles. Extrêmement. Je ne devais pas être devant des projecteurs et je pouvais même oublier les boites de nuits qui dépassent un certain seul de luminosité. Quelle barbe, m'étais-je dis. Demander à l'entrée d'une boite quelles ampoules ils utilisent, franchement, c'est la honte totale. Qui, dans sa vie, à déjà voulu savoir le nombre de watts que mettaient les gens chez eux ? Personne. On est bien d'accord. Mes yeux aussi attirants soient-ils sont parfois un vrai calvaire.

Mais bref, revenons à, elle, l'américaine et ses yeux verts. Moi qui pensait être le seul à avoir d'aussi beaux yeux faisant craquer toutes les femmes, putain c'est raté. Parce que je suis sûr que pas mal de mecs ont du tomber sous son charme grâce à ses yeux. Merde. Merde et encore merde. Je pensais tellement être unique au monde. Putain.

Tant de vulgarité...

Élise me fait signe que j'ai quelque chose sur le coin de la bouche.

Me dîtes pas que j'ai bavé...

J'essuie ma bouche d'un coup de manche en prenant conscience que c'est le cas.

T'aurais pas dû rêver d'Hannah et toi dans le même lit...

— Bon aller vu qu'Anton est réveillé, vous pouvez tous sortir. On va manger !

Je me lève et nous partons tous manger sans plus attendre.



Je marche, Hannah à mes côtés, dans les allées du Fælledparken. Il y a un petit rayon de soleil en ce mercredi après-midi mais rien de bien spectaculaire. Le thermomètre n'avoisine que les 2°C.

Nous discutons de tout et de rien. Enfin, rectification, elle n'arrête pas de parler pour ne rien dire et moi, je l'a regarde.

— Tu m'écoutes ?

Je souris.

— Je vois que je suis passionnante !

T'imagines pas à quel point...

Lien fraternel [EN PAUSE]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant