Sélenne
Les lumières sont douces, la pièce est décorée dans le style chinois. Un lit immense à baldaquin se trouve au milieu. Ses colonnes sculptées de dragons qui tournent sur eux-mêmes sont plus extravagantes les unes que les autres.
Le rouge est dominant. Il apparaît partout, le lit, les soieries, les rideaux, les coussins... Quelques dorures viennent alléger l'ensemble. C'est exubérant et lourd, un parfum d'encens presque oppressant sature l'air. Une musique asiatique douce et lancinante se fait entendre en arrière-fond
Anton se place derrière moi, me prend par les hanches et colle sa tête contre la mienne. Sa chaleur se transmet à travers son costume directement à mon dos.- Tu t'es bien amusée ce soir, remarque-t-il.
- Hmm, je lui réponds les yeux fermés.
Le parfum de son après-rasage mélangé à l'encens me monte à la tête et me distrait. Je m'alanguis contre lui.
- J'ai eu l'impression que je ne te captivais plus, continue-t-il en baissant la voix, un peu boudeur. Après une baise, ton intérêt semble déjà se porter vers un autre. Je pourrais croire que tu n'as pas été satisfaite la nuit passée, mais je suis sûr du contraire.
- Ah bon ? Tu es bien suffisant, je trouve.
J'aime lui envoyer des piques, le chauffer et l'énerver. Il me fait faire un demi-tour. Son visage est grave, sérieux. Son regard bleu glacier pourrait faire fondre la banquise. De ses doigts, il tire sur le haut de mon épaule en dentelle, puis les glisse en longeant le tissu vers le centre de ma poitrine. Touchant à peine ma peau, il suit des yeux sa main et me prévient :
- Si tu aimes ta robe, tu as cinq secondes pour l'enlever.
- Ma robe est bien là où elle est, je lui rétorque du tac au tac. Tu penses peut-être que je vais la retirer aussi facilement. J'ai peut-être eu du plaisir hier, mais quelques orgasmes ne règlent pas tout.
- Que veux-tu que je fasse ? Tu veux que je te câline, que je te charme, que je te caresse, te frôle, t'embrase de mes baisers et que je te conquiers ? Être la seule au centre de mes attentions ?
Ses propositions me tentent, diluant des frissons et faisant couler mon sang plus vite. Une chaleur langoureuse se propage. Rien que d'imaginer ce qu'il pourrait me faire s'il le souhaitait, je me liquéfie.
- Oui, je peux faire cela et même plus, mais le vouloir c'est autre chose. Tu es déjà là, à moi. Pourquoi ferais-je un effort ? Tu préfères aller dans le lit d'un autre ? Termine-t-il sa tirade en me menaçant.
Il tourne autour de moi tout en me parlant, il tire sur ma robe, relâche le tissu. Promène son doigt le long de mon dos. J'essaie de rester droite et de ne pas bouger, ne pas lui montrer qu'il me trouble et me fait frissonner. Quelle différence avec Rick ! Je suis excitée par ce jeu de pouvoir et non terrifiée comme ce matin. Là, ce n'était pas un jeu, c'était une agression.
- Pas spécialement, il y avait longtemps que je n'avais pas baisé, comme tu le dis si bien. Je ne couche pas avec tous les mecs que je croise, je lui réponds.
- Et si j'arrive à te convaincre, à te conquérir cette nuit, tu viendras de ton plein gré après ? Plus de deals entre nous ?
- C'est toi qui en as fait un marché, je lui rétorque. Ma vie, mon frère, l'argent et que j'ouvre les cuisses pour toi, je termine vulgairement pour le faire réagir.
Ce qu'il fait dans un grognement. Il m'empoigne aux épaules, se colle à moi, rapproche son visage du mien.
- D'accord, reconnaît-il. Ce que je t'ai imposé était indécent.
- Plus que ça oui !
Ses émotions sont palpables, je commence à savoir les interpréter de mieux en mieux. De plus, dès qu'il est excité ou énervé son accent revient. Comme en cet instant.
- D'accord, répète-t-il, je n'aurais pas dû te forcer, t'obliger. Mais le reste tient toujours, je veux l'argent et ton frère me devra plus qu'une explication. Maintenant, déshabille-toi.
- C'est ça, pas de pression, pas d'obligation.
Je hausse les épaules pour me dégager et lève les yeux ironiquement au plafond
- Tu es stupide, Anton, je continue. Si tu ne m'avais pas contrainte et dans d'autres circonstances, j'aurais été sous ton charme. Ton physique de beau ténébreux qui tire la gueule et ton caractère dominant... tout ce que j'aime. Mais là, tu es infecte !
Je le pousse en lui révélant mon intérêt pour lui et en l'injuriant. Je veux savoir comment il va réagir. Il aurait pu être plus dur la veille. J'ai bien vu qu'il s'était préoccupé de moi et de mon plaisir. Il aurait pu se contenter de me prendre sans rien donner. Au contraire, j'ai reçu des attentions tendres. Il n'a peut-être pas de cœur, mais il n'est pas insensible.
- Prouve-le, m'ordonne-t-il. Vas-y, montre-moi que tu me fais confiance cette nuit et je ferai un geste, un pas vers toi.
Ses mains montent et descendent sur mes avant-bras, il se serre contre moi.
- Que pourrais-tu faire de plus que de ne pas me forcer, pas te servir de moi pour humilier mon frère ?
- Je peux déjà te traiter comme une amante et non une garantie.
- Ah...
Que répondre à une telle offre de sa part. C'est énorme comme concession. Mon cœur rate un battement, affolé et troublé. J'ai peur d'avoir trop d'attentes, trop d'espoir. J'ai été tellement de fois déçue par mes proches. Sauf Elias, lui ne m'a jamais laissé tomber.
- Retire cette robe, continue-t-il et allonge-toi.
Mon plan est de l'obliger à reconnaître que son comportement laisse à désirer. De le faire reculer, faire machine arrière. Qu'il me montre plus de compassion ou de considération.
Je n'attends pas d'excuses de lui. Non, il est trop fier pour cela. Mais en cet instant, qu'il veuille me convaincre d'avoir confiance en lui, de lui laisser carte blanche, c'est un grand pas dans la bonne direction. Il pourrait très bien m'obliger, je suis en position de faiblesse en réalité, mais il l'oublie. Ces concessions sont surprenantes en soi, et un avantage dont je dois tirer profit. Je pourrais bientôt avoir accès à ses affaires, je pourrais trouver les preuves que l'on me demande. Et être celle qui sera responsable de son enfermement. À cette idée, j'ai un petit pincement au cœur. Je n'aime pas avoir des regrets, mais il m'est nécessaire de terminer ce job. Je dois continuer cette comédie.
Je me recule, le regard rivé au sien.
Un sourire ironique sur les lèvres et le menton bien haut, je m'éloigne de lui. Il fait mine de me retenir, mais se fige dès qu'il me voit porter les mains à l'arrière de ma robe.
Je fais un pas en arrière, puis deux. Je me tourne lentement pour qu'il apprécie le spectacle. Je détache ma robe, une main sur l'épaule, je repousse le tissu vers mon bras. Je lui jette un regard. Il retire sa veste et desserre sa cravate. Je continue et dégage mon bras de la manche. Je lui tourne toujours le dos, je retiens le devant de ma robe et je fais de même avec l'autre côté.
Je fais une pirouette et des petits pas pour m'éloigner de lui. Il me suit avec une démarche de prédateur. Totalement concentré. Par ses approches, il me dirige, me pousse dans la direction du lit, me coupant toutes possibilités de fuite.
Il ouvre les trois premiers boutons de sa chemise sans pour autant enlever sa cravate. Arrivée près du lit, je lâche ma robe... Elle s'étale à mes pieds en corolle. C'est très poétique, mais ni l'un ni l'autre n'y prenons attention.
Je me retrouve topless, en culotte de dentelle noire échancrée. Anton prend son temps pour me contempler. Je sens le cheminement de son regard sur mon corps. Le picotement que je ressens à son passage se transforme en chair de poule et fait pointer mes tétons.
J'enjambe ma tenue et m'agenouille dans un mouvement de recul sur le matelas.
Il continue à s'avancer et se serre contre moi. Le tissu de sa chemise contre ma poitrine est si doux qu'il me fait gémir. Je me presse plus fort et porte les mains à ses pectoraux.- Shhtt, c'est moi qui gère, me rappelle-t-il. Je m'occupe de tout.
Sa voix basse contre mon cou et son souffle qui descend vers ma clavicule me chavirent. Il me pousse pour que je me couche. Je me laisse tomber et il m'accompagne en m'embrassant.
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La dette [Edition Hugo New Romance poche]
RomanceQuand rembourser une dette promet autant de plaisir que de risques. Sélenne, ancienne hackeuse, a repris contact avec son frère Elias après six ans d'absence. Il la pensait derrière les barreaux d'une prison, alors qu'elle était obligée de travaille...