Comment prendre la main...

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Sélenne

Anton ne dit rien, observant et choisissant délibérément de me laisser faire. Mes doigts s’insinuent sur sa poitrine, mes mains s’étalent. Mmm, il est musclé là-dessous. Je passe en dessous du revers de sa veste et remonte vers ses épaules. Je la fais glisser en arrière et elle tombe dans un bruit doux. J’enroule mes bras autour de son cou et le repousse vers le siège derrière lui.
Il s’assied et écarte les jambes pour me permettre de m’y faufiler. Penchée sur lui, je l’embrasse par petits baisers, sa bouche m’attire et essaie de prendre le dessus. Je me recule et lui souris. Je ne veux pas aller trop vite. Mon souffle est déjà plus rapide. J’attrape son verre, le goûte à nouveau. C’est fort. Je tousse un peu manquant de m’étrangler avec le breuvage et j’aperçois un rictus moqueur soulever le coin de ses lèvres. L’alcool fait couler mon sang plus vite dans mes veines.
Je reviens vers mon, comment dire, mon adversaire, mon partenaire et je lui rends sa vodka. Je me mets à genoux entre ses jambes dans un mouvement fluide.

— Tu as un préservatif ? je lui demande dans un murmure.

— Non, pas ici. Je me suis toujours protégé, je suis clean. Je n’ai d’habitude pas de rapport sans capote, mais si tu veux on peut en faire apporter.

Mouais, mais non, pour qu’il appelle un de ses hommes et qu’il me voit ici… je suis consciente qu’ils savent que je vais me faire baiser, mais croiser leurs regards et lire sur leur visage ce qu’ils pensent… non, je ne suis pas chaude. En plus, si nous attendons après les préservatifs, l’ambiance risque de refroidir et moi de perdre mon courage et mon envie de lui. Je l’ai de suite trouvé séduisant. Son charisme et son caractère dominant m’attirent, ce qui m’étonne. Je devrais être en colère, effrayée mais tous les regards jetés en cachette pendant mes services n’ont fait que renforcer mon obsession, ma fascination pour lui. S’il ne me forçait pas avec ce chantage sur ma sécurité et celle de mon frère, et si je n’étais pas là juste pour l’espionner et l’envoyer en prison, j’aurais tenté une approche. J’aurais essayé de le séduire. Juste pour moi. Alors, maintenant, je suis obligée de le satisfaire mais je vais joindre l’utile à l’agréable. Pourquoi passer à côté ?

— Moi aussi, je ne fais jamais rien sans. On s’en procurera après...

— Après ? répète-t-il la voix rauque.

Dois-je lui faire confiance ? Dans son milieu, il se doit d’être attentif. Et lui peut se permettre d’être sélectif dans ses partenaires.
Je ne l’imagine pas se mettre en danger pour une baise. Je ne crois pas choper une saloperie avec lui. Plus tard, on trouvera un moment pour s’en procurer. Je ne pense pas à mon job, à ma mission, ni à mon frère. Je veux le manipuler, l’entortiller autour de mon petit doigt. Après je verrai ce que je peux faire pour me sortir de cette situation. Maintenant, ici… je veux juste profiter de ce moment. Pour une fois dans ma vie, ne pas réfléchir aux conséquences.
Je le vois se tendre, dans l’attente de mes prochains gestes. Ses mains se crispent sur l’accoudoir et le verre. Le tissu de son pantalon se gonfle à l’entrejambe.
Monsieur apprécie l’idée de me voir à ses pieds.
Et moi j’avoue que j’aime jouer avec les hommes, j’aime les voir attendre, se contraindre à l’immobilité ou même parfois craquer et ne plus savoir se retenir. Pour une fois que je maîtrise ma vie, je profite du moment.
Je passe les paumes sur ses genoux, griffant le tissu luxueux de mes ongles. Et je remonte sans le quitter des yeux. Mes mains arrivent au niveau de sa ceinture et je contourne la protubérance qui se niche juste là.
Il a un mouvement involontaire. Ses hanches se soulèvent et il glisse son corps vers moi. Mais non, pas encore, je veux m’amuser, le faire languir. Je continue mon ascension. Les bras étirés vers son col, mes seins se pressent contre lui. Il doit sentir mes pointes tendues et dures. Je me surprends à les frotter en mouvements concentriques. La sensation des couches de tissu m’excite et me donne le frisson.
Anton bouge une main que j’attrape et plaque sur le fauteuil.

— Chut..., laissez-moi faire, ordonné-je.

— Tu veux jouer, constate-t-il un peu surpris de mon attitude. Devka !

— Oui, profitez du moment, je fais en commençant à déboutonner sa chemise.

Un à un les boutons se détachent, mes doigts dévoilent son torse et frôlent sa peau. Il est chaud, doux. Il a du muscle où il faut et les quelques poils qui le parsèment me chatouillent. À chaque parcelle aperçue, je laisse mes lèvres déposer des baisers.
Le chemin mène à ses abdominaux où les creux et les bosses m’incitent à mordiller. Mes doigts ne sont pas en reste, je trouve ses tétons, petits, masculins. Je joue avec, je les pince et les frotte. Je l’entends gémir tout bas. Il se retient.
Il se maîtrise encore.
Mon propre souffle s’est accéléré, je me sens à l’étroit dans ma peau. Mes caresses me donnent aussi envie, je veux sentir ses mains, ses caresses. Mais pas maintenant.
Pas tout de suite. Lui d’abord.
J’arrive de nouveau à sa ceinture et cette fois je ne l’ignore pas. Je suis prise à mon propre jeu, j’ai besoin de le sentir, de le toucher. Je frotte mon visage à la bosse qui se dévoile, comme une chatte en chaleur.
Je défais la ceinture et le claquement du cuir me fait sursauter. Je croise son regard bleu glacier. Il m’observe comme si tout ce qu’il voulait, tout ce dont il rêvait, se trouvait devant lui. L’intensité du moment me fait gémir. J’ouvre doucement à tâtons, je caresse sa verge dure à travers le tissu de haut en bas.
La respiration saccadée, je ne peux pas me détourner de son visage. Je descends son pantalon et son boxer dans un même mouvement et il se soulève légèrement pour m’aider.
Par réflexe, je regarde et je me retrouve sans voix.
Il n’a pas à avoir de sentiment d’infériorité, il est dans la bonne moyenne comme on dit. Je ne peux m’empêcher de serrer les jambes sur la sourde brûlure qui irradie depuis mon bas-ventre. Je l’imagine déjà en moi, j’ai envie de lui.
Je le prends et le caresse, je le sens palpiter sous mes doigts. J’étale la goutte de son plaisir sur la peau sensible de son gland. Sa main revient vers moi et je relève les yeux. Il stoppe son approche.

— Allez, m’intime-t-il, vas-y, ne me fais pas attendre.

Il me trace le contour de ma joue avec le dos de sa main et descend vers ma gorge, serre légèrement, le geste possessif démontrant son besoin de plus.
Par pur esprit de contradiction, je me fais douceur, lenteur. Il me parle en russe, on dirait des insultes. Ça me fait sourire. Je prendrai le dessus, il finira par faire tout ce que je veux.
Finalement je me penche, et du bout de la langue, je goûte sa saveur.
La tête d’Anton part en arrière vers le dossier et il écarte un peu plus les jambes, basculant le bassin.
Mmm. J’ai toujours aimé faire ça ! Un sentiment de pouvoir m’envahit. Pouvoir de choisir le rythme, choisir le moment du plaisir de l’autre et surtout entendre supplier.

— Encore, me gémit-il.

Ma langue s’amuse à explorer sa longueur, à glisser autour de son extrémité. Tous les muscles d’Anton se contractent.

— Suce-moi, je veux être dans ta bouche, m’ordonne-t-il.

Mon souffle chaud sur sa peau mouillée le fait frémir. Je ne peux que continuer, ma main libre descend vers ma propre zone de turbulences. Je pourrais jouir comme ça, juste en m’effleurant par-dessus ma jupe et mon string, juste en lui faisant plaisir avec ma bouche.
Je taquine le bout de son sexe avec mes lèvres et finalement je le pousse à l’intérieur. J’entends le verre tomber et se briser.
Sa main vient attraper mes cheveux et attire ma tête au plus près. La douleur infligée me procure des frissons qui courent le long de ma colonne et se dirigent tout droit vers le point le plus sensible de mon corps. Je gémis autour de lui et accélère les mouvements de va-et-vient.
Je le sens gonfler et se durcir encore plus, il est proche de l’orgasme.
La pièce se remplit de ses halètements, de mots grognés en russe. D’autres gémissements accompagnent ceux d’Anton, ce sont les miens.
Anton s’immobilise en moi, sa main crispée sur mon cuir chevelu. Il jouit avec des mouvements frénétiques. Mes doigts frémissants sur mon clitoris se figent et m’envoient le rejoindre dans l’extase.

La dette  [Edition Hugo New Romance poche]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant