Frissons.

7.5K 504 16
                                    

Sélenne

— Ce n’est pas malin, ça !

Cette phrase de Youri va me hanter toute la journée, je le sens. Quand l’homme de confiance du Russe vous le dit, ça ressemble à une menace.
En plus, il m’a regardée comme si j’avais perdu la tête, ce qui n’est pas faux. On ne claque pas la porte au nez de celui à qui l’on doit un quart de million et qui a le pouvoir de faire de votre vie un enfer. CQFD
Ce n’est pas intelligent, mais c’est fait. De retour chez moi, énervée comme je le suis, le rangement du bordel foutu par les gorilles ne m’a pris qu’une heure. Depuis je me ronge les sangs, en y repensant sans cesse.

— Rick ? Nous avons un problème.

Je commence mon appel à mon collègue chargé de me soutenir dans cette affaire par cette phrase banale. Mais j’ai un gros doute d’avoir son aide.

— Comment ça, nous ? Si tu as merdé, tu penses que je vais faire quoi ? Te sortir du trou sans compensation ?

Voilà, je le savais, il m’enfonce sans prendre le temps de connaître la situation. Il est déjà en train de jouir de mon malheur, quel connard !

— Bon, raconte-moi.

Il jubile, je peux l’entendre dans sa voix. Je grince des dents en lui expliquant mon dilemme, je ne peux rien faire sans lui dire, et ça me gave. Les rouages de son cerveau tournent tellement fort que le bruit passe même au travers de la ligne.

— Donc… tu dois trouver un quart de millions et coucher pour garantir la sécurité de ton frère.

— Si le service me donne l’argent, je peux éventuellement éviter que Yourenev me baise. Je peux louvoyer.

— Oh non, ma belle ! Tu te débrouilles, personne ne va t’avancer une somme pareille. Le directeur refusera sans hésiter. Surtout pour une fille comme toi.

Merci du soutien. Je ne me suis jamais sentie à ma place ni acceptée mais être envoyée au front avec ce Richard-connard qui ne se battra pas pour me couvrir, autant me jeter dans la fosse aux lions.

— Et je fais comment moi ?

— Tu as des doigts, tu es capable de te procurer ce fric avec une connexion internet, j’en suis persuadé.

— Si je le fais, je retourne en prison, même si c’est une mission pour le Bureau.

— Je ne citerai pas la provenance dans mon rapport, si tu es gentille avec moi.

Salaud ! Pourriture ! Si je hack pour avoir cet argent, je serai à sa botte, il aura un levier pour me faire chanter. Si je ne le fais pas, le Russe me tuera.

— Tu te rends compte de ce que tu me suggères-là. Je n’ai pas envie de foutre en l’air tous mes efforts fournis depuis des années. En plus, tu vas profiter de ce merdier pour me contrôler. Connard !

— Bien sûr ! Si je peux te coincer et te mettre à genoux, juste pour l’occasion de te voir t’humilier. Et me sucer… je rêve de ta bouche depuis longtemps.

Je lui raccroche au nez, ce pervers me dégoûte. Je vais me débrouiller toute seule, mais je me promets qu’il ne m’aura jamais. Et si par malheur il me force, je me servirai de mes dents pour la lui couper.
Je pense à faire comme Élias et à m’échapper, mais en regardant par la fenêtre, je vois Monsieur Muscle numéro un, deux..., je ne sais plus, qui observe la façade de mon immeuble, posté sur le trottoir d’en face.
Où se trouve le deuxième ? Pas loin sûrement. Je ne ferai pas cent mètres si j’essayais de me barrer.
C’est foutu !
Mon frère m’a envoyé un texto ce matin. J’étais un peu occupée à ce moment-là !
« Sel, va-t’en ! Danger ! Surtout, ne va pas aux 7 péchés ! »
Sans blague Elias ? Il pourrait faire un effort et me donner de plus amples explications.
Lui, il a comme d’habitude une guerre de retard ! En plus, pas moyen de le joindre, il a dû balancer son téléphone juste après son message pour plus de sécurité. Je n’ai ni explications ni assurance qu’il va bien

La dette  [Edition Hugo New Romance poche]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant