Sous les ténèbres scintillantes

arrivée à l'Académie

Des nouveaux. Un antargon et une zihélite. Et moi. Mais je ne compte pas vraiment. D'ailleurs ils n'ont toujours pas conscience de ma présence. À moins qu'ils pensent à moi lorsqu'ils parlent de fantômes. Enfin bref. L'antargon était un spécimen peu classique. Ses écailles, au lieu d'être unies et ternes, formaient des motifs. Sur ses mains, seul différentes teintes de vert apparaissaient. Son visage, par contre, présentait bandes de bleu et de rouge vif autour des yeux, sur l'arcade sourcilière et sur les pommettes. Son front était bleu et sa gorge rouge. De petites cornes d'un blanc éclatant perçaient sa peau sur la mâchoire inférieure et au dessus des yeux. Il possédait en outre quatre cornes plus grandes à l'arrière de la tête et une crête de plumes d'un bleu foncé entre ces cornes.
La zihélite avait la peau constituée de verre souple de couleur changeante. Elle avait un bloc de quartz en guise de cheveux.
Tous deux étant humanoïdes, leurs constitutions n'allait pas poser de problème pour les accueillir. De mon côté, puisque personne ne me remarquera jamais et que je n'ai pas d'autre besoin que celui d'apprendre, je n'en poserai pas et n'en n'ai jamais posé.
Leurs motivations pour entrer dans l'Académie était plus problématique. Les antargons méprisent les '' bigarrés ''. Celui-ci souhaitait donc sans doute prendre un chemin que peu d'entre eux avaient pris.
La zihélite n'avait aucune raison évidente de rentrer dans une académie de magie ou de forge, ni dans aucune des branches secondaires de celle-ci. En effet, son peuple possède non seulement la faculté de manipuler la silice et ses dérivés d'une manière extraordinaire, mais leur espérance de vie, encore inconnue, et le cristal se développant dans leur corps force leurs plus anciens individus à fusionner en une bibliothèque vivante. La quasi-totalité de ce qui est enseigné ici leur est donc accessible par ailleurs.
Lorsque ils arrivèrent à la porte de l'Académie, le membre de garde les accueilli. Il s'agissait ce jour ci d'une pierre levée flottant à quelques pouces de sol. Il les interpella, sans me remarquer :
"- Si vous vous présentez à cette porte, c'est bien pour accéder aux savoir de l'Académie ?
- Oui.
- De même.
- Pour prouver que ce savoir ne sera pas enseigné en vain, la tradition, quelque peu obsolète selon moi, veut que vous créez une lumière par magie. Vous serez ensuite admis."
Ils s'exécutèrent sans difficulté.
"Je dois maintenant vous faire le discours d'entrée. J'imagine que la version longue ne vous intéresse pas. Donc:
Bienvenue à l'Académie. Ici, à la porte des trois lunes, bla bla bla, vous êtes admis en la qualité de membre, bla bla bla, et n'oubliez pas que vous avez le droit d'apprendre ce que vous voulez des autres membres mais que vous avez aussi le devoir de leur enseigner. Rajoutez quelques formules pompeuses à la place des 'bla' et vous aurez l'essentiel du discours. Si vous voulez me voir, je serai à la bibliothèque, vu que je suis archiviste.''
Il les laissa ensuite entrer.
Suite à un accident magique d'ampleur et de cause inconnues du public, l'Académie originelle avait été dématérialisée, et transformée en énergie magique. Les nouveaux bâtiments étant très variés à cause de la diversité des races fréquentant l'Académie, lors de la reconstruction, on a préféré créer un réseau de portails reliant différents lieux. l'Académie se trouvait ​donc un peu n'importe où. La seule porte dédiée à l'entrée officielle à l'Académie restait cependant la porte des trois lunes. Elle était constituée d'une arche en pierre de lune qu'il avait, paraît-il​, fallut un mois de travail nocturne au premier archimage pour la tisser, d'où son nom : une​ lune pour la pierre, une pour le temps et une pour l'éclairage. Derrière se trouvait l'Académie, ou plutôt ce qu'il en restait, c'est-à-dire un espace dégagé et plat.
Lorsque l'archiviste ouvrir le portail, la zihélite la franchit immédiatement et je suis passé devant l'antargon.