le chemin vert

2 0 0
                                    

Ils s'étaient rétablis depuis quelques jours. Le petit bois accueillait une clairière encore plus petite, et Teriani y observait régulièrement les étoiles et l'humidité de l'air. Elle disais attendre les meilleurs conditions pour voyager. Il faisait depuis quelques jours un temps idéal pour voyager et les autres s'impatientaient. Ils en profitèrent pour actualiser les sceaux de la salle qui les avait vu changer pour la dernière fois. Après de longues recherches, ils finirent par trouver d'autres académiciens. La taille même de l'Académie ne jouait pas en faveur des rencontres, ainsi que la partie reculée du réseau de portail qu'utilisaient les anciens académiciens.

Neriam fut réveillé dans la salle d'eau qui lui servait de chambre à son entrée à l'Académie.
- Je savais que tu dormirais là.
- Teriani.
- Toujours aussi matinal. Je te sors de là et je m'en occupe.
Elle le poussa vers le jardin supérieur d'une pensée. Il s'allongea sur l'herbe et murmura un sort de lumière et de chaleur. Une sphère de force impénétrable et rayonnante apparut et il se lova contre elle. Teriani remonta.
- Ça va ?
- Oui.
La sphère se modela pour épouser l'étreinte de l'antargon.
- Tu est encore fatigué. Tu ne maîtrise pas ta magie.
- ...
- Nous allons tous mieux depuis notre rencontre avec Juma, c'est vrai. Mais tu semble préoccupé.
La sphère pris une forme vaguement humanoïde.
- Cala. Évidemment. Tu as honte de l'avoir abandonnée.
- Non. c'était. nécessaire. Elle. me. manque.
- Repose toi. Notre voyage commence dans deux heures et tu n'es même pas capable de faire une phrase.
Elle invoca un chocolat chaud et le quitta.
Dans la clairière embrumée, Juma l'attendait.
- C'est ça, ton temps idéal pour voyager ? On y voit pas à deux pas.
- C'est donc parfait. Tu veux bien aller chasser tous les animaux et autres curieux de ce bois, s'il te plaît ?
- Retourne dans l'Académie une petite heure et je te fais ça.
Elle y alla donc et y fit une chose qu'en près de deux millénaires de pérégrinations communes, je ne l'avais jamais vu faire.
Elle avait voyagé dans des cavernes goblines sans une lueur, gardé les yeux fermés pendant deux ans dans une jungle sans choir ou mettre pied à terre, s'était guidée à l'ouïe et au touché dans la tanière engloutie d'un kraken, puis dans le kraken lui-même. Pourtant, elle prépara une paire d'antiques lampes à huile.
Une fois briquées, approvisionnées en combustible et en mèches, elles pourrait éclairer sur quelques pas, c'est à dire plusieurs année-lumière de moins que ce qu'elle-même pouvait faire sans même se forcer.
L'opération et la quête d'huile lui prit, avec l'aide de Neriam, l'heure impartie.
Ils rejoignirent Juma dans une forêt embrumée et vidée de toute vie ( non végétale ou mycologique, évidemment ). Teriani leur fit signe de faire silence, et les guida parmi les arbres jusqu'à ce que nous soyons perdus, ce qu'elle avoua d'une voix faible mais étrangement résonnante dans la brume. Je vis la légère apréhension se muer en inquiétude sur les visages de Juma et Neriam.
Cela faisait probablement longtemps qu'ils n'avaient pas eut peur. Mais même alors que, de par leur nature immortelle, ils ne risquaient rien, leur instinct leur rappelait qu'être perdu dans une forêt embrumée, vide de tout bruit et toute vie, éclairés uniquement par des lampes à huile aussi lumineuses que des lucioles atrophiées, c'est inquiétant. Mais ils eurent tôt fait de reporter leur peur vers un sujet plus logique : Teriani était devenue folle.

Après avoir marché plus longtemps qu'il n'est possible dans un bosquet aussi petit, ils admirent que Terianni n'était pas folle, et qu'elle savait où elle les guidaient. Juma murmura juste qu'il aurait aimé savoir comment.
Malgré le brouillard blanchi par les lampes, le trajet monotone révéla quelques détails du décor. Qu'il s'agisse de quelques branches de pins enneigés ou de marronniers en fleurs. S'appuyant contre un hêtre, Neriam réclama une halte.
- Il ne vaudrait mieux pas, lui répondit Terianni. Je n'aimerais pas avoir à refaire tous le chemin.
- Tu sais où on va, au final ?
- Oui, mais pas par où on passe.
- Je ne sais pas vraiment ce que je dois en penser.
- Rien, si possible. C'est ce que m'avait répondu l'homme qui m'a fait emprunter ce chemin en premier, et il vaut mieux suivre son conseil. C'est de la magie fondamentale. Inutile de poser une question commençant par « comment ».
Neriam se renfrogna et repris la marche.

Lorsque les brumes quittèrent le trio, Terianni respira un grand coup. Elle était de retour chez elle. Elle pris quelques secondes pour savourer l'instant, puis se concentrz sur ce qui l'entourait, c'est à dire un faisceau serré de lances. Les gardes-frontière elfes étaient manifestement habitués à patrouiller au centre des nappes de brumes. Ils ne s'embrassèrent des formalités administratives habituelles, et se contentèrent d'abattre Neriam et Juma. Trois elfes se chargèrent fes corps de ses compagnons, et elle dût leur emboîter le pas. Ils se dirigèrent vers la ville proprement dite, mais s'arrêtèrent avant d'être en vue du lac sur lequel se dressait la cité double. Un poste de garde, petit et fonctionnel, à l'architecture typique de l'époque actuelle bien que vieux d'un siècle et demi, les aceuillis. Une elfe d'arme finit par prendre la parole :
- Ta cellule sera celle-là. Souhaite-tu te receuillir sur les corps de tes amis ? Tu n'as pas l'air très affectée par leur perte.
- Oui, merci. Leur sort m'attriste beaucoup, même si je ne le montre pas.
- Nous devons prévenir ta famille. Comment t'appelle-tu ?
- Sileuné. J'appartiens à une branche secondaire des Sileuné.
À la réaction de la factionnaire, Terianni senti que sa famille avait pris beaucoup d'influence.

Pendant que, sous couvert de leurs donner les derniers sacrements, Terianni soignait ses deux amis, je suivi la factionnaire en direction de la ville double. Lèhnitlo, le lac sur lequel était bâtie la capitale, apparu parmi les arbres. Circulaire de prime abord, il est en fait constitué de deux lentilles d'eau en demi-lunes, séparées du nord au sud par une route de quelques pas de large pour une demi-journée de marche de long. Au centre du lac se dressait Tæhtlo, aux tours d'ivoire parfaitement symétriques. Elles paraissaient flotter sur le lac, mais toutes élégantes qu'elles soient, leur poids était évidemment trop important pour se passer de fondations. En réalité, le lac était constitué de deux portails reliés entre eux, vestiges du temps où le monde elfique était séparé de celui des autres races par bien plus que quelques arbres et quelques lances. Chaque tour avait une jumelle sur l'autre moitié du lac qui partageait ses fondations et l'équilibre des poids empêchait aux deux tours de sombrer. De fait, la hauteur d'eau ne dépassait jamais la taille de trois elfes.
Moitié moins grande qu'Ea, moitié moins haute que les plus grands arbres des mangroves, Tæhtlo n'en paraissait pas moins vide. Les elfes avaient construit tous types de bâtiments. Je vis quelques piscines, un stade et même un jardin suspendu. Parmi les bâtiments fermés, bien peu nombreux étaient ceux qui ressemblaient à des habitations. Aucun des lieux de vie n'étaient aussi animé que dans les autres villes que j'avais visité. Selon les standards humains ou antargons, la ville était tout simplement trop grande pour sa population.
Nous nous sommes aventuré de plus en plus profondément parmi les tours. La lumière ne decru pas malgré les hautes façades qui nous entouraient. Je mis du temps à remarquer que l'agencement des façades blanches et l'éclairage par le ciel comme par le lac permettait de ne laisser aucune zone d'ombre.
Le garde s'arrêta devant une tour aussi blanche que les autres. Sans qu'elle eu à briser le silence, un elfe vint la saluer :
- Bonjour, Nali
- Bonjour. Je viens chercher Amnimil. Est-il présent ?
- Il arrivera d'un instant à ... Non, en fait, il est là.
- Bonjour, capitaine, fit une voix dans le dos de la soldate. Qu'y a t'il ?
- Bonjour, maître. Une de vos descendantes indirecte a amené le brouillard et ses compagnons jusqu'à quelques minutes du lac.
- Une descendante indirecte, fit  Amnimil, perplexe. Je vous suis.

Le trajet du retour me donna l'occasion de détailler ce parent de Terianni. Plutôt petit pour un elfe, il avait comme elle les cheveux et les yeux argentés. Un réseau de fines rides marquaient son front et ses mains, marques d'âge rares chez les elfes. Fait plus rare encore, il était affublé d'une très légère laudication à la jambe gauche qui le ralenti à peine lorsqu'il traversa la forêt.

Vous avez atteint le dernier des chapitres publiés.

⏰ Dernière mise à jour : Jun 06, 2018 ⏰

Ajoutez cette histoire à votre Bibliothèque pour être informé des nouveaux chapitres !

Sous les ténèbres scintillantesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant