Blood Bond [The Walking Dead]

"Nous ne sommes nous qu'aux yeux des autres" Sartre

Daryl a proposé à sa soeur de monter avec lui sur sa moto. Même s'il ne la connaissait pas, qu'elle n'avait jamais eu sa place dans sa vie, il ne pouvait retenir la volonté de garder un oeil sur elle. Il voulait être un bon grand frère. Comme si tenir ce rôle d'une façon tout à fait admirable aller effacer l'attitude de Merle à son égard. S'il était terrifié à l'idée d'être un aîné aussi criticable que son frère, il ne s'imaginait pas non plus avoir un enfant, de peur de le traiter un jour comme son père avait pu le faire. Son héritage familial était gravé dans sa peau et lui avait pourri sa vie, sans arrêt. Encore aujourd'hui il avait beaucoup de mal à s'en détacher, et chaque action se faisait en fonction de cela. Il réfléchissait à ses faits et gestes, presque également à ses pensées. Rien n'était laissé au hasard. Il ne voulait pas mettre un pied de plus dans le passé, et il refusait que ce dernier ne mette un pied dans son présent, venant détruire ce qui se trouvait autour de lui.

Ses yeux bleus rivés sur la route son esprit marchait à cent à l'heure. Il secoua légèrement la tête en tentant de chasser son passé de ses pensées. Il n'avait pas besoin de cela maintenant. Daryl était déjà suffisamment tendu de cette expédition. Il avait pour idée que cela ne servait plus à rien d'aller dans un centre comme celui-ci. Si l'armée avait été vaincus, le bâtiment avait beau avoir tout le confort du monde il n'aurait jamais tenu assez longtemps pour mettre au point un remède à un virus aussi complexe. S'il ne s'agissait pas de piège c'était sans aucun doute un leure. Puis Jim qui venait d'être mordu le tendait également. Il n'était pas tranquille de le savoir dans le camping-car avec les autres.

Le chasseur n'avait pas lié de lien avec les autres, et cela ne l'intéressait de toute évidence pas. Il se sentait très bien seul. La seule chose qui ait pu le décider à prendre part à la vie de ce groupe fut la vision de son utilité. Pour une fois quelqu'un lui faisait suffisamment confiance pour se reposer sur lui, et même si cette confiance s'apparentait plus à une forme d'asserivessement, l'astraignant à un travail contraignant et à la chasse, il en était heureux. Du moins soulagé. Au moins était-il encore valable pour quelque chose.

Zora, elle, avait les mains autour de la taille de son grand frère. Elle sentait ses muscles se tendre à chaque fois qu'elle remuait, le mouvement aussi petit était-il. La jeune femme, qui habituellement était critique envers toutes les décisions d'autrui n'en avait que faire de là où le groupe avait décidé d'aller, trop concentrée sur la respiration de son aînée, qu'elle sentait rapide. Elle tentait à plusieurs reprise de saisir son regard dans le rétroviseur de la moto. Chaque fois que son regard émeraude croisé la couleur saphirs de Daryl elle sentait un frémissement. Si la couleur de ses yeux était d'une pureté impeccable elle y voyait une profonde noirceur également, et une inquiétude lancinante. Du moins une lourdeur qui semblait lui vrillait l'âme.

La jeune Dixon eut soudainement une idée. Elle déposa sa tête contre le dos de son frère. Ce dernier se cambra d'un coup en grognant.

- Dégage ta tête de là et cramponne toi mieux, maugréa ce dernier.

Zora retira sa tête, surprise. Elle ne savait pas ce qu'il lui prenait, mais la dureté de sa voix ne l'avait pas laissée indifférente. C'était une intonnation qui lui piquait tout le corps. Elle avait de suite compris, dès la première fois qu'elle avait vu, qu'il était plutôt froid, même s'il avait immédiatement considérée, mais elle ne s'attendait pas à cela.

Elle concentra ainsi son attention sur le camping-car qui roulait juste devant eux. Elle se demandait combien de temps mettraient les autres à faire ce qu'il fallait pour Jim.

Perdue dans ses pensées elle ne réalisa cependant pas que le véhicule s'arrêta et se retrouva collée contre le dos de Daryl qui avait freiné. Elle se recula instinctivement et regretta presque sa maladresse en croisant le regard sombre de son frère. Zora ne laisserait cependant pas tomber. Elle chercherait à percer la carapace de celui qui se protéger autant. Elle avait besoin de savoir ce qu'il lui cachait, et elle se doutait que cela était sombre et destructeur. La jeune femme voyait mal comment un homme comme lui pouvait être aussi brisé par la vie, aussi distant, aussi fermé. Et même si elle n'avait pas le caractère le plus expansif du monde, le plus facile à vivre, elle n'avait jamais eu tant de mal à accepter les autres. Sa famille, bien que fortement imparfaite, l'avait façonnée ainsi. Une fille avec une épaisse carapace, mais qui savait en jouer, qui savait passé au travers de ce qu'elle aurait pu être. C'était quelqu'un qui vivait normalement, et qui se défendait en blessant les autres, en ayant aucune limite dans ses propos.