Chapitre 3

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Vendredi 13 janvier 2017

Je me suis réveillée vers 11h. La nuit s'était retirée afin de laisser place au ciel grisé.
Mon sommeil, perturbé par d'affreux cauchemars, ne m'avait pas été bénéfique.
Je me suis levée, les muscles engourdis, alors que dans le miroir, mon reflet me criait d'aller me recoucher. Ma mine affreuse, creusée de cernes, et mes cheveux abîmés me rappelaient l'horrible journée de la veille ainsi que la mauvaise nuit que je venais de passer. Une migraine profilait déjà à l'horizon, alors que la journée était à peine entamée.

Je soupirai en replaçant une mèche derrière mon oreille, pour qu'elle revienne aussitôt me gêner. Déclarant forfait, je récupérai mon sac et enfilai mes affaires de la veille pour sortir en claquant la porte. Le vent s'engouffra dans les pans de mon manteau que je resserrai rapidement.
Le ciel, sombre et menaçant, était du goût de mon humeur, maussade.

J'empruntai le trottoir, faute d'autres moyens. Il fallait d'ailleurs que quelqu'un aille récupérer ma voiture, je ne pourrais me déplacer sans longtemps.
Heureusement, mon appartement était situé à petite distance de celui de Kyle car, bien que je l'aimais, je voulais retrouver mon chez-moi au plus vite.

Pour laisser de côté mes pensées sombres, j'ai branché mes écouteurs sur mon portable. M'occuper l'esprit m'aidait à penser à autre chose. Je n'étais pas encore prête à faire face. Je marchai tranquillement, focalisant mon attention sur les paroles de la chanson, le regard perdu au loin. Mais chaque petit détail m'entourant, me ramenait à elle d'une manière ou d'une autre. Quoi que que je fasse, quoi que je pense, quoi que je regarde, son visage m'apparaissait soudainement. Ses douces paroles me revenaient à l'esprit, ses sourires éclairaient le trottoir, ses yeux d'un bleu éclatant contrastaient avec le ciel gris.

J'augmentai le son, fredonnant les paroles tout en fixant mes pieds. Le bruit des voitures passant à proximité créait un léger bruit de fond. Je continuai ainsi, sans relever les yeux, jusqu'à mon immeuble. Je redressai la tête vers le ciel mais une goutte d'eau vint s'échouer sur mon visage, suivi rapidement d'autres, toutes aussi froides. Je me pressai, échappant de peu au déluge, pour pénétrer dans le hall de l'immeuble. Les murs blancs me rappelaient ceux, livides, de l'hôpital. Je passai sans m'y attarder afin d'emprunter les escaliers menant au troisième étage.

Je rangeai mon portable et avançai jusqu'à la porte en traînant les pieds. J'enfonçai la clé dans la serrure et pénétrai dans l'appartement. Je jetai distraitement mes affaires sur le canapé puis me dirigeai vers la cuisine afin de me préparer un thé. Je sortis une tasse du placard tout en surveillant l'eau qui chauffait puis la versais dans la tasse. Je saisis la tasse et me dirigeai vers ma chambre. Je la portai à mes lèvres tout en écoutant les messages vocaux laissés sur le téléphone fixe. Tous des messages de soutien de ma famille et de mes amis.

Mes yeux se sont humidifiés sans que je ne puisse l'empêcher et prise d'un soudain élan de nostalgie, je me suis levée pour aller ouvrir mon armoire. Je n'eus pas longtemps à chercher, la vieille boîte se trouvait toujours là, enveloppée d'un ruban rouge. Je l'ai prise délicatement pour la déposer sur le couvre-lit afin de l'ouvrir.

A l'intérieur se trouvaient tous mes souvenirs d'enfance. Je plongeai la main dedans pour en ressortir une pile de photos.
Clarisse et moi étions encore deux petites filles. Je fis défiler les photos, replaçant la première derrière la dernière.

Un séjour à la montage. Maman prenait la photo alors que je riais de mon père qui avait entraîné Clarisse dans sa chute. Ils étaient tous deux au sol. Papa avait explosé de rire alors que ma sur s'était renfrognée et avait boudé toute la journée.

Un après-midi sur la côte. Après quelques petites heures, nous avions découvert la mer. Je me souviens de cette lueur de joie dans mes yeux. C'était magique... jusqu'à ce que Clarisse m'envoie une algue en pleine figure !

Un dimanche chez nos grands-parents avec toute la famille. C'est l'un de mes meilleurs souvenirs. On adorait jouer tous ensemble, faire une partie de foot dans le jardin en criant comme des malades. Aujourd'hui, le temps nous a rattrapé et chacun fait sa vie de son côté. Les seuls moments ensembles sont lors des fêtes de fin d'année.

Il y avait encore des tas de photos, je ne pus m'empêcher de les contempler. Tant de souvenirs gravés sur un bout de papier et dans mon cur. Les photos des dernières années se trouvaient sur mon smartphone et en moins bien grand nombre.
Nous nous étions éloignés au fil du temps. Nous sommes passés à côté de tellement de choses que nous n'aurons plus jamais l'occasion de retrouver. Il manquera quelqu'un désormais. Tous les moments importants où elle a été présente.

Ce ne sera plus jamais comme avant...

Maman, je t'aime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant