Mercredi 18 janvier 2017
Le trou béant dans ma poitrine me faisait souffrir. J'avais mal, je ne me sentais pas à l'aise parmi tous ces gens, qui m'étaient pour la plupart totalement inconnus.
Je les voyais sans les voir, je les entendais sans les écouter.
Je n'étais là que pour Maman, tous ces gens présents m'importaient peu, pourtant je fis un effort, pour mon père. Mais les condoléances, toutes identiques, me pesaient à présent et je finis par envoyer balader toute personne s'approchant de moi.
Certains avec leur fausse empathie, d'autres bien trop sérieux me traitant de fille aigrie, d'autres encore qui ne m'enfonçaient qu'un peu plus, disant que je lui ressemblais. Tous me donnaient envie de vomir.Je me suis vite désintéressée de ces discutions pour replonger dans ma bulle. Après plusieurs tentatives d'approche, plus personne ne s'intéressait à moi, ce qui me soulageait un peu. La cérémonie puis la mise en terre avaient été longues, et trop de sentiments s'étaient emparés de mon corps. D'abord la colère puis la tristesse pour finir par l'effondrement total. Je devais à présent avoir une tête à en faire fuir plus d'un.
Éreintée de cette journée, je voulais rentrer. J'étais cependant venue avec Clarisse et Papa et nous devions tous dormir à la maison ce soir. Mes grands-parents s'invitaient quelques jours chez nous, et j'étais réquisitionnée pour veiller à ce que leur séjour se passe bien. Comme si c'était le moment !
Je n'avais donc pas d'autre choix que de les attendre. Ils étaient d'ailleurs tous deux en pleine conversation avec je-ne-sais-qui ! Mon père finit par me remarquer et vint vers moi, dans son costume noir. Comme tout ce qui nous entourait dailleurs !
« Béa, tu peux venir s'il te plaît ? Il faut que je te présente quelqu'un.
-Non, répondis-je blasée, tu sais très bien ce que je pense de tout cela et il est hors de question que je me mêle à vos histoires de faux gens hypocrites !
-Ce que tu peux être désagréable ! Arrêtes de faire l'enfant bon Dieu ! Je sais que c'est dur pour toi, tout comme ça l'est pour ta sur et moi, mais tu dois faire des efforts !
-Pourquoi devrais-je aller vers ces gens qui n'en n'ont strictement rien à faire ? J'en ai marre ! m'emportai-je. Laisse-moi... »
Papa soupira, exaspéré de mon attitude, avant de s'éloigner. Quelques personnes ayant suivi notre échange me regardaient à présent, atterrés par la dureté de mes propos. Je leur envoyai un regard noir en échange avant de m'éloigner de quelques mètres. L'air m'oppressait de plus en plus, me procurant de légers vertiges. Dans ces situations là, ma mère était toujours présente à mes côtés, me rassurant en quelques mots. Mais aujourdhui j'étais seule, ce qui m'effrayait d'autant plus.
Personne n'était là pour décrocher le téléphone lorsque j'avais besoin de parler.
Personne n'était là pour préparer de succulents repas que je m'empressais de dévorer.
Personne n'était là pour m'aider lorsque je me sentais perdue.
Personne n'était là pour endosser le rôle de mère, parce que la seule capable de le faire était partie.Une main se posant délicatement sur mon épaule me fit tressauter. Je me retournai vers le visage pâle de Clarisse, prête à bondir.
« On rentre ? Il commence à se faire tard et je dois finir de ranger la maison.
-C'est pas trop tôt ! »
Je la suivis jusqu'à la voiture et m'installai sur le siège passager pendant que ma sur prenait le temps de vérifier les rétroviseurs. Elle démarra dans le silence et nous arrivâmes à la maison dans ce même silence. Elle avait tenté d'engager la conversation durant le trajet mais je l'avais remballée aussi sec. Je n'étais pas d'humeur à discuter.
Dès que nous pénétrâmes dans la maison, je montai m'enfermer dans mon ancienne chambre -qui n'avait pas changer depuis mes 14 ans- pour pleurer toutes les larmes de mon corps.
C'est ainsi qu'en ce jour funeste, ma mère se retrouvait 6 pieds sous terre.
Hey !
La "première partie" est terminée et la suite se passera quelques mois plus tard afin d'avancer un peu.
N'hésitez pas à nous faire part de vos impressions, à nous donner votre avis...
Et merci !