Chapitre 5

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Vendredi 7 juillet 2017

Les lumières de la boîte donnaient une ambiance tamisée à la pièce. La musique qui beuglait à travers d'énormes enceintes m'attirait invraisemblablement.
Je me frayai un chemin à travers la foule pour atteindre le bar et commander un verre d'alcool. La serveuse me servit mon verre et s'accouda au comptoir devant moi. Elle me scrutait, le regard dans le vague. Elle s'apprêtait à dire quelque chose lorsque quelqu'un de l'autre bout du comptoir à crier une bière. Au ton de sa voix, il n'y avait aucun doute concernant son état de sobriété. La femme soupira et se leva pour aller servir sa bière à cet homme déjà ivre. Je finis mon verre d'un coup et laissai mon regard divaguer sur la piste. Des gens se trémoussaient au son de la musique, d'autres buvaient tout en discutant.

La musique changea et je me levai pour rejoindre la piste. Safia vint me rejoindre une fois sa clope terminée. Clarisse m'avait ordonnée toute la semaine de sortir m'amuser, si bien que j'avais fini par appeler Safia pour aller danser et peut-être nous saouler.
Je dansais pour ne plus penser, je dansais pour oublier ce sentiment d'impuissance toujours présent. Safia faisait de même et c'était ainsi que l'on se consolait mutuellement. Elle voulait essuyer une énième dispute avec son père et moi, je souhaitais tout simplement oublier ma vie.

Je dansais, ivre de joie, parmi la foule. La boite était désormais bondée et la piste pleine à craquer. Mon amie, qui s'était éloignée, se pointa pour me tirer à l'extérieur. Une fois dehors, elle s'assit sur les marches et sortit son paquet de cigarettes. Elle en apporta une à ses lèvres et l'alluma. Un nuage de fumée s'éleva dans les airs, montant vers le ciel illuminé. Aucune de nous deux ne prit la parole et nous restions ainsi, assises côte à côte dans le silence. Nous avions toutes les deux bu, et je ne saurais dire laquelle avait le taux d'alcool assez raisonnable pour prendre le volant.
Près de moi, ma sacoche vibrait signalant un appel. Je l'ignorai pour reporter mon attention sur le ciel étoilé. Cétait magnifique.

Safia se leva en disant qu'elle allait nous chercher des verres. Elle revint en me tendant le mien, que j'avalai. Mon téléphone n'arrêtait pas de vibrer et je décrochai, résignée.

« Allô ? dis-je d'une voix plus rauque que je ne l'aurais voulu.

-Béa ? Tu as bu ?

-Ah Clarisse ! Tu m'as dit de m'amuser, c'est ce que je fais ! riais-je.

-Mais pas en te saoulant ! C'est pas vrai, tu ne peux pas être un peu plus responsable merde ! Il est 2 heures, t'es où ? Je viens te chercher. »

Je riais en lui raccrochant au nez, puis coupais mon portable. Tout en ricanant, nous nous étions de nouveau créées un passage jusqu'au centre de la piste. J'avais un peu exagéré au téléphone mais j'étais désormais aussi bourrée que Safia, si ce n'est plus. Elle même ne se souvenait plus quelle boisson elle avait été nous chercher. On dansait comme deux petites folles, riant comme des gamines lorsque deux gars se sont approchés pour danser avec nous. Trop éméchées pour protester, on n'a rien dit. Plus le temps passait, plus j'en oubliais Clarisse et son inquiétude.

Deux mains se posèrent sur mes hanches, je me retournai vers ce que je pensais être le beau brun, mais à la place, me faisait face un visage quelque peu familier mais je n'arrivais pas pour autant à l'identifier. Yeux bruns, cheveux blonds, sourcils éparpillés, mains douces ; je connaissais cette homme. Ces lèvres bougèrent sans qu'aucun son ne parvienne à mes oreilles. Je le vis sortir son portable pour envoyer un texto puis m'attraper la main afin de me tirer à l'extérieur. Je le suivis sans broncher, mes forces m'abandonnant soudainement. Safia avait suivi, totalement hilare face à la situation. A moins que ce ne soit à cause des vêtements de Kyle, d'un vert fluo à vous en péter les yeux. Je pouffai à cette idée farfelue, toute droit sortie de mon imagination. Kyle tentait de me raisonner alors que je m'amusais. Il ne pouvait pas me reprocher de mamuser ! Je voulais retourner à l'intérieur, danser avec le brun ténébreux, boire, crier, rire.

Mais sans que je ne puisse réaliser comment, je me retrouvais à l'arrière de la voiture, mon amie à mes côtés, les étoiles nous guidant vers un long voyage au-delà du réel.

La chute n'en sera que plus douloureuse...

Maman, je t'aime Où les histoires vivent. Découvrez maintenant