- Chapitre VIII -

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Pauline et mon père étaient partis se coucher lorsque je descendis en bas pour attraper mon manteau et mes chaussures.

J'avais besoin de prendre l'air. De réfléchir.

La fraîcheur ambiante me fouetta le visage lorsque je passai le pas de la porte. Je m'éloignai de la maison, sans but précis, laissant mes jambes me mener je ne sais où.

Et si je fuguais? Que je partais loin, sans me retourner. Mon père serait tranquille, et je n'aurais pas à subir la tension permanente de la maison... ou le pensionnat. Cependant, restait néanmoins un problème de taille: l'âge. Je n'avais que dix-sept ans. N'étant pas émancipée, cela me causera de nombreux problème.

Le pensionnat ne durerait qu'un an maximum. Certes, je doutais que ce soit une partie de plaisir, mais au moins j'aurais un toit sous lequel vivre et de la nourriture dans le ventre. J'espérais juste que ce ne soit pas un pensionnat d'horreur comme celui du Haut-de-la-Garenne. Je savais que ce dernier avait fermé il y a une trentaine d'années, mais tout de même...

J'allais aller en pensionnat, pendant un an. Ensuite je partirai. Ce n'était pas le moment de faire une crise d'adolescente ou un caprice.

Je sortis mon téléphone, et tapai un numéro. Au bout de quelques tonalités, la voix de ma meilleure amie résonna dans le combiné.

« Emlyn ! Ça fait longtemps... j'avais essayé de t'appeler mais tu ne décrochais pas. Je suis aussi passée à l'hôpital mais je me suis fait renvoyée par ton père.

- Salut Anna...

- Ça va mieux? Ton père m'a dit que tu avais eu un accident.

- Oui, ça va, je présume. Et toi?

- Je me suis fait un sang d'encre !»

Anna était la seule qui comptait réellement pour moi. Devoir la quitter me déchira le cœur.

« Tu es chez toi? demandai-je d'une voix brisée.

- Ouh, ça va pas fort toi... bien sûr viens à la maison, ma grande. Tu sais où j'habite.

- Merci. J'arrive dans quinze minutes.

- Ça marche. À tout de suite. »

Les larmes ruisselaient sur mes joues tandis que mes jambes se mettaient en route. Je ne pensais pas pleurer pour si peu. Après tout, ce n'est qu'un au revoir, et une amitié de jeunesse.

Mais Anna avait toujours été là pour moi. Lors de la mort de ma mère, elle était là pour m'empêcher de sombrer. Pendant l'enterrement, j'avais senti sa main attraper la mienne pour me réconforter.

Nos mères étaient elles-mêmes de grandes amies. Elles prenaient souvent le café ensemble, et nous laissaient, Anna et moi, jouer ensemble. Si j'étais la petite fille assez discrète, Anna était l'exubérance même et ne manquait jamais d'idées de jeux !

Si nous avions été souvent séparés à l'école car nous étions dans des classes différentes, cela ne nous empêchait pas de nous retrouver pendant les pauses ou le midi -si nos heures de repas coïncidaient bien sûr.

Savoir que 500 kilomètres allaient nous séparer désormais... cela me brisait le cœur.

Mon ventre grogna. Cela me fit penser que je n'avais rien mangé depuis ce midi, où j'avais difficilement avalé quelques céréales molles et fades. Bizarrement, je n'avais pas si faim que cela. Sûrement un contre coup de l'hospitalisation.

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⏰ Dernière mise à jour : May 13, 2017 ⏰

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