Bloody Whisper

- Chapitre V -

Quelques semaines plus tard, après m'avoir fait subir quelques tests, les médecins avaient déclaré que j'étais totalement remise et m'avaient laissé partir. Ils s'étonnaient de la guérison miraculeuse de mon bras droit.

Mon père était donc venu me chercher en voiture.

Il s'arrêta à un feu rouge.

« Tu as eu beaucoup de chance tu sais, commença mon père. Les médecins n'ont cessé de me dire que ta survie relève du miracle.

- Ils me l'ont dit aussi. »

Je lui jetai un regard en coin. Son front était plissé, il fixait la route d'un œil concentré, sans me regarder.

« Je vais bien maintenant » le rassurai-je.

Il me regarda, puis haussa les épaules.

Un klaxon retentit: le feu était passé au vert, et les conducteurs des voitures derrière nous s'impatientaient.

Un silence pesant s'imposa.

« Tu es toujours avec Pauline ? m'enquis-je.

- Oui, et elle vit à la maison maintenant. Écoute, je sais que tu ne l'apprécie guère, mais essaies au moins de faire des efforts.

- Ouais, je vais essayer, grimaçai-je.

Je soupirai et tournai la tête vers la fenêtre côté passager, aussi bien pour clore la conversation que pour ne plus avoir à supporter le regard lourd de reproches de mon père.

« Il va falloir que tu t'habitues à sa présence, c'est ta nouvelle mère maintenant.

- Elle ne sera jamais ma mère ! éructai-je. Jamais !

- Emlyn, baisse d'un ton. Tu dois tourner la page, ta mère est morte.

- Je n'ai pas besoin qu'une garce prenne la place de ma mère, tu m'entends?! Plutôt crever que de m'habituer à sa présence !

- EMLYN CA SUFFIT. »

Le visage de mon père avait viré au rouge. Il s'était arrêté sur le bas côté et me fixait avec une fureur rarement vue.

« Emlyn, tu... » commença-t-il.

Sans attendre qu'il finisse sa phrase, j'ouvris la portière violemment avant de m'enfuir dehors.

« Emlyn monte dans la voiture ! ordonna mon père, mais j'étais déjà loin.

Je me retournai. Mon père avait quitté sa voiture et s'était lancé à ma poursuite.

Les larmes commençaient doucement à me piquer les yeux, et je me mis à courir loin de lui.

Mes jambes me menèrent à une falaise et il ne me suivait plus.

Je m'écroulais sur le bord, observant en contrebas les vagues qui s'écrasaient avec violence sur les rochers.

Les larmes se déversaient sur mes joues, et je me mis à hurler ma rage, ma peine et ma douleur. Mon cri se joignit aux flots, et il s'évapora vers l'horizon.

Je frappai le sol de mes poings. Pourquoi mon père était si aveugle? Comment pouvait-il ainsi remplacer ma mère comme si elle n'avait jamais existé ? Il ne s'agissait pas juste de tourner la page, je le sentais. Je ne le reconnaissais plus.