Bloody Whisper

- Chapitre II -

« J'ai bien cru que cette journée ne se finirait jamais ! se plaignit Anna. Tu rentres chez toi directement?

- Hum non. Je pense faire un petit détour à la bibliothèque avant, et je n'ai pas envie de revoir mon père, soufflai-je.

- Tu m'étonnes... »

Nous rangeâmes nos affaires avant de nous aventurer dans la foule d'élèves nous séparant de nos casiers.

« Bon, moi je vais rentrer chez moi. A demain !

- A demain Anna, passe une bonne soirée. »

Je lui rendis son signe de main et nos chemins se séparèrent. Je marchai pendant quelques bonnes minutes avant d'apercevoir le toit de la bibliothèque.

Avant, la bibliothèque était une ferme. Malheureusement, elle fut désertée vers 1950 et pendant plusieurs décennies, alors que la ville grandissait et se modernisait autour d'elle, elle se détruisait peu à peu.
Jusqu'en 2002, où Jeanne, une trentenaire amoureuse des lieux rustiques, décida de la réparer et d'en faire une bibliothèque qui n'ouvrit qu'en 2008. Certains pensaient que le lieu, possédant une apparence assez vieillotte, faisait tâche à côté d'appartements modernes et de boutiques neuves. Moi je pensais que, au contraire, avait parfaitement sa place ici, l'un des seuls endroits à avoir du vécu et une âme.

J'aimais ce lieu qui se dressait fièrement au milieu d'une étendue d'herbe, comme si on changeait d'époque juste en dépassant les derniers immeubles.

J'ouvris la porte en bois précautionneusement, et me laissai habiter par le calme ambiant, uniquement perturbé par les pages qui se tournaient et les quelques conversations à voix basses.

« Bonjour Jeanne ! souriai-je.

- Tiens, bonjour Emlyn ! Tu reviens emprunter un livre? Ne me dis pas que tu as déjà fini celui que tu as prit il y a quelques jours tout de même?

- Oh non, je ne l'ai pas fini. J'en suis à peine à la moitié à vrai dire. »

Nous discutâmes encore quelques temps, et je fini par me retrouver dans la réserve, où Jeanne me tendit un livre.

« J'ai reçu ce livre il y a quelques semaines, m'informa-t-elle. Un monsieur me l'a donné avec quelques autres livres. Toi qui aime le fantastique, je te le conseille.

- Tu ne l'as pas encore rangé dans les rayons?

- Eh bien non, pas encore. Je l'ai rentré dans l'ordinateur il y a une heure ou deux. Je ne sais pas si je le mettrai en rayon, il est assez ancien et me semble fragile, il semble d'une grande valeur. Je ne trouve aucune trace de ce livre sur Internet.

- Tu l'as lu?

- Non plus. Je te le prête pour le moment en tout cas si tu le veux. »

Sur le chemin du retour, le sac semblait peser dans mon sac. Après avoir longuement remercier la bibliothécaire, je décidais de le lire après « Le sortilège de Babylone ».

Lorsque je sortis de la bibliothèque, il faisait déjà nuit. Je regardai l'heure sur mon téléphone. 18h34. Je grimaçai. Je n'aimais pas la nuit, je m'y sentais oppressée et pas vraiment en sécurité.

Je hâtai le pas, jusqu'à la petite allée que je détestais tant.

Eh merde.