Oh. Mon. Dieu.Allez, j'en dis pas plus, on se voit en bas pour des explications !
Nekfeu
➰
" T'es sûr que tu ne veux pas je te dépose ailleurs, mon gars ? C'est blindé ici. " S'enquit mon chauffeur et je lui souriais malaisément, malheureusement conscient qu'il avait raison ; allez savoir pourquoi j'étais là, allez savoir pourquoi j'étais devant cet hôpital parisien à presque trois heures du matin, allez savoir comment ma vie s'était transformée en une putain d'énigme.
" Ma ... " Je déglutissais péniblement : c'était toujours bizarre d'employer ce terme. " Ma copine est à l'intérieur. Je dois y à aller, mais merci de m'avoir emmené, mon pote. M Profitant que sa fenêtre soit ouverte, je lui tendis ma main qu'il serra fermement en échange.
" Prends soin de toi, gamin. Prends soin de ta copine et de ta famille : aujourd'hui nous prouve qu'on ne sait pas ce qui arrivera demain. "
Dans une dernière poignée de main, nos deux regards se jumelèrent, juste le temps d'une seconde ; un échange poignant qui me tint en haleine. Toute la compassion du monde se trouvait dans les deux pupilles de cet inconnu, une désolation authentique qui me rappela douloureusement les circonstances de notre rencontre. Trois heures au préalable, alors que je m'enfuyais de Lilles pour rejoindre la folle qui me servait de petite-amie, je rencontrais ce type, ce chauffeur de nuit qui devait remonter sur Paris de toute urgence pour retrouver sa mère qui ne répondait plus au téléphone depuis l'annonce des attentats.
Les heures avaient défilé. Des minutes où j'avais pris le temps d'appeler mes parents ainsi que ma sœur qui se faisaient un sang d'encre pour moi. J'avais dû leur expliquer que j'allais bien, que tout le monde allait plus ou moins bien : que je n'étais pas sûr Paris quand tout ce bordel a éclaté. Ma mère avait pleuré à l'autre bout du fil, autant de soulagement que d'inquiétude. Ma sœur avait crié que j'étais barge de remonter sur Panam alors que j'étais à l'abris, ici, à Lilles. Puis mon père, plus serein que les deux femmes de ma vie, les avait rassurées en affirmant que j'avais certainement une bonne raison de rejoindre ma ville.
« N'est-ce pas, Ken ? » M'avait-il dit.
Je n'avais pas osé lui dire que c'était à cause d'une femme. Une même femme que je m'évertuais à traquer dans tout l'hexagone sous prétexte que je l'aimais. Une photographe aux allures de sainte nitouche rencontrée quelques mois plutôt, à qui j'avais involontairement brisé l'équilibre de vie déjà si précaire avant notre rencontre. Et tout ça, juste par égoïsme, parce que je voulais savoir pourquoi avec elle c'était différent, pourquoi avec elle j'avais l'impression d'être démuni et de ne rien comprendre à la Vie.
" Toi aussi. " Soupirais-je dans un murmure après que le taxi se soit rapidement éloigné du trottoir. Je suivais du regard la voiture noire qui se frayait un chemin parmi toutes les ambulances, mais le perdis de vue lorsque je me fis farouchement bousculer l'épaule.
" Dégage du chemin, gamin ! "
Cria un ambulancier urgé par le temps qui poussait un brancard en direction de l'entrée de l'hôpital avec un de ses collèges. Je voulus m'excuser, sincèrement, mais la bile me remonta dans la bouche quand j'entraperçus le bras mutilé de la victime qu'ils emmenaient avec eux : elle pissait le sang. Son avant-bras n'était plus qu'un amas d'os brisés et d'hémoglobines coagulés.
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Mutique.
FanfictionTOME I, Terminé. Photographe reconnue internationalement, soeur cadette de Rose Laurens, écrivaine à ses heures perdues ... Maxine est bien des choses. Mais jusqu'alors, vous vous demandiez : Qu'a-t-elle donc de particulier ? Maxine Laurens est mu...