• Plume n°38 •

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Bien bien ...

Ma foi, bonjour à tous et à toutes 😘  Comment allez vous en cette veille de réveillon ?

Comme promis, voici le chapitre et j'espère qu'il vous plaira ... 😉







Nekfeu










"Stop, mec, j'en peux plus ! " Beugla-t-il comme un débile par-dessus le vent glacial de ce trente-et-un décembre, entre deux respirations erratiques. Je grognai et revins sur mes pas en trottinant sur place, les yeux plantés sur mon pote qui agonisait. Il cracha sur le côté et s'accroupit en posant les mains à plat sur le sol humide. Il respirait comme un foutu bœuf en direction de l'abattoir.

" C'est bon ? " M'agaçai-je après plusieurs secondes.

" Non, ce n'est pas bon, bordel ! Et puis qu'est-ce que t'as en ce moment ? T'as un vers au cul ou quoi ?! Ça fait une semaine qu'on court tous les jours, j'en ai marre, Nek, sans déconner ! T'es jamais fatigué ?! "





Non. Hyperactif, insomniaque, énervé, sous-tension, crispé, stressé, putain de rongé par la culpabilité et le manque, ça, oui, je l'étais. Mais je n'étais pas « fatigué » : juste au bord de la crise de nerfs à tous moments de la journée. Je ne dormais plus ou que très peu, n'avais jamais ingurgité autant de caféine de ma vie et n'avais que très rarement eu aussi envie de crier au monde entier d'aller se faire foutre. Ça me grignotait de l'intérieur, me démangeait comme une piqure de moustique. Et j'avais beau trainer Antoine par la peau des fesses pour venir courir avec moi : ça ne s'arrangeait pas. Cette merde corrosive grossissait comme un ballon gonflé à l'hélium dans mon estomac : plus je m'épuisais physiquement, moins je dormais, tourmenté par le regret et mon inutilité jusqu'à dans mes foutus cauchemars.

J'allais péter un boulon. Quand ? Très sincèrement, j'espérais que cela ne se produirait pas avant longtemps. Car, compte tenu des monstruosités que recelait mon esprit dégénéré, mieux valait pour tout le monde que je n'explose pas. Pour le moment, l'unique chose qui était parvenue à détourner mes pensées avait été le showcase de la veille. Je n'avais jamais été aussi enragé sur scène, tellement que Mek' avait cru bon de me demander de me calmer. Je l'avais envoyé bouler, méchamment et injustement, puis était retourné sur scène pour donner mes foutues tripes à mon public. J'avais été tellement éreinté par ma performance que j'avais refusé d'aller boire un verre avec les gars et étais directement parti me coucher. Sauf que – parce qu'il y a toujours un putain de « sauf que » - tard dans la matinée, un horrible mauvais pressentiment m'avait réveillé en sursaut. Ça m'avait donné la gerbe et noué les boyaux comme un sac de nœuds compact. Le conglomérat de toutes ses mauvaises ondes avait formé une boule de la taille du monde dans mon estomac et m'avait empêché de manger pendant des heures.

Soyons clairs, je ne croyais pas en l'hypothèse totalement psychédélique et complétement cliché qu'avaient les meufs, émettant la possibilité que tout le monde dans ce monde de dératés avait sa part complémentaire : pour un mec comme moi qui avait perdu son putain de premier amour, c'était impossible à concevoir. Toutefois, le mauvais pressentiment qui m'avait rendu aussi comateux qu'un lendemain de cuite, m'avait fait douter de la force de ce satané lien qui me reliait à Max. Ce n'était pas explicable et encore moins intelligible : je l'avais senti, point barre.

Une peur titanesque s'était enroulée autour de mon myocarde et m'avait poussé à la harceler de messages tous plus ridicules les uns que les autres. Bien entendu, elle n'avait pas répondu. J'avais donc appeler Antoine pour avancer l'heure de notre jogging et nous y voilà : à courir après des réponses comme deux clébards derrière un os.





Mutique.Où les histoires vivent. Découvrez maintenant