Etat d'âme

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- "Mat! Réveilles-toi!!" 

Comment ne pas oublier ces mots que j'avais eu la joie d'entendre aussi tôt que l'aurore avait rattrapé mon réveil ce matin?

  Mais qui peut donc m'importuner de si bonne heure, me disais-je sans la moindre réthorique...Eh bien figurez vous que c'était ma mère qui, ce lundi de rentrée scolaire, me poussa hors du lit avec pour cause mes vingt minutes de retard au petit-déjeuné qu'elle avait préparé rien que pour cette occasion.

  Du haut de mes 17 ans, je ne suis clairement pas du matin et pas besoin d'être un génie pour le constater, mais ce que tout le monde sait encore plus c'est surement que l'avenir appartiens à ceux qui se lèvent tôt, et étonnamment je suis loin d'avoir toute la vie devant moi. Tellement de questions me pourrissent le quotidien, mais je préfères encore largement prendre le temps d'y répondre plutôt que de devoir réviser mes leçons car tout repousser au lendemain est un fâcheux défaut qui est de mes qualités.

  Une fois sortis du lit (malgré l'envie de repousser au lendemain ma rentrée) je pris mon déjeuné puis constatais avec stupeur que le contenu de mon armoire diminuait a vue d'œil! Une fois de plus j'allais devoir faire la lessive pour moi, et donc bien sûr pour le reste de la famille...il faut croire que la flemmardise, c'est dans les gènes et que quand on a une boniche, eh bah on l'exploite!

Pour aujourd'hui, un simple sweat à capuche et un jeans devraient suffire de toute manière  du coup on va aller à cette première journée à pied ( quitte à être en retard...).

Sur le chemin

 Observer le soleil se lever au dessus de l'horizon me rappelais étrangement à quel point tout est cyclique, la roue tourne et tout ce que l'on donne nous reviens tout aussi naturellement et c'est à quelques mètres du lycée, blottis contre un arbre, que je constatais à quel point la solitude est chaleureuse. Tellement de choses nous échappent lorsque nous avons quelqu'un d'autre en tête, une préoccupation de plus qui nous prend tout notre temps et notre énergie mais malheureusement il nous faut en avoir une pour se dire heureux...

  Ce monde m'obsède, à chaque coin de rue un "pourquoi" apparaissait et, à chaque pas, une réponse me viens mais lorsque je n'avance plus, alors là, mon cerveau sature, comme si j'avais besoin de quelqu'un pour répondre à ces question à ma place, comme si mon unique cerveau ne suffisait plus, comme si quelqu'un pouvait comprendre ce qui se passait dans mon esprit et m'aider. Cette personne, ce serait celle là que je voudrait comme compagne mais après réflexion ce n'est peut-être pas le moment pour la trouver...Après tout, cela va faire maintenant 5 ans que j'ai perdu de vue celle qui réussissait à faire passer un orage pour un arc-en-ciel à mes yeux et cet amour enfantin, c'est encore maintenant que je le regrette et que j'y repenses, ce à chaque fois qu'un nuage se présente à moi, comme si je devais l'oublier.

après 40 minutes de retard aux cours et une bonne engueulade avec le prof, je partis m'installer à côté de Zoé, une amie que j'ai rencontré en début d'année et qui m'a présenté à la plupart de ses copines qui elles étaient toutes aussi bavardes qu'elle, faut dire qu'elle arrive toujours à me changer les idées pendant les leçons et ça me tiens au courant sur la plupart des nouvelles infos à savoir, ça garde ses côtés positifs, de toute manière ; ragots,potins,secrets,annonces rien ne m'échappe grâce à ça et puisque je suis voué à redoubler, y porter attention n'est pas un soucis.

-"Mathew, au tableau! Vous qui m'avez l'air concentré, venez montrer à vos camarades comment résoudre cette équation!"

  Me voila tiré de mon bref moment de répit et, par chance, j'ai parfaitement résolu le fameux problème et pu enfin reprendre le bavardage intempestif avec ma camarade.

  Sa fourberie m'impressionnera toujours car à voir sa chevelure d'or, son visage à la frontière entre rond et ovale, ses yeux azur surmontant deux petites joues et un nez fin, voir aquilin posé sur des lèvres maquillées, mais dont les détails restaient apparents, on ne se douterais jamais qu'elle n'en reste pas moins un vrai requin, tel ce prédateur attendant l'apparition de sa proie en nageant au milieu des flots de potins.

  Après m'être renseigné sur la plupart des filles encore libres de mon école et essuyé une autre rentrée des plus banales, je me rendis aux abords du lac en face de chez moi et m'étendit contre le tronc d'un hêtre (à vrai dire dans mon état ça aurait pu être un chêne, même pas j'y aurais fait attention) et contemplait le soleil se coucher, exactement comme ce matin, et me dit une dernière fois pour me rassurer;

-la roue va tourner....

Faux DépartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant