Abîmes

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Des mèches brunes... 

ET C'ETAIT PAS TOUT! 

Elle s'est retournée, presque instinctivement, presque automatiquement, presque machinalement...et c'est quand ses mèches brunes, au gré du vent, cisaillaient sa figure que je les vis, ces yeux bruns amande, noir même, qui étaient aussi sombre que la plus claire des lunes, à refléter mes yeux dans les siens....d'un reflet aussi plastique que fade...comme si les larmes s'apprêtaient à couler...non pas pour une certaine beauté mais pour une certaine tristesse, la tristesse de souvenirs douloureux...des souvenirs que peut-être elle fuyait.... 

Il fallait que ça m'arrive...je dois bien être le seul sur terre à qui la vie peut jouer de tels tours; me retrouver à enlacer une fille qui n'a rien demandé et ce par prétexte qu'elle m'en rappelait une autre...

 Et maintenant on en fait les frais...ça doit bien faire cinq bonnes minutes qu'on est là, les gouttes d'eau ruisselantes sur nos visages, le long de nos nez, le long de nos lèvres, le long de nos cheveux...car oui, malgré là gêne de l'instant, nous continuions de nous enlacer, sa tête contre ma poitrine, à hauteur de mon dernier bouton, juste en face de mon cœur...après tout où était le mal? si l'un de nous fondait en larmes, il y aurait l'autre pour le réconforter, le rassurer, le garder contre sois.. 

 Malheureusement...ce ne fut pas moi le premier à lâcher...

-Pourquoi?...je voulais être seule...pourquoi je joue à ce jeux moi...après tout ce que j'ai donné, tout ce que j'ai fait,  je n'ai plus droit à la paix!!

 La seconde d'après, prise d'hystérie, elle avait disparu, courant au loin, ses bottes claquant dans les flaques, son corps titubant lorsqu'elle élançait ses jambes, ses bras croisés face à elle et sa tête plongée dans sa capuche...

 M'abandonner à mes questions n'en était alors pas une; qui était cette fille? de quoi me parlait-elle? que faisait-elle là? que faisais-je là...?

 Bien évidemment, la moitié en est ironique car la seule personne qui aurait pu y répondre vient de détaler! c'est bête hein! moi qui venait pour ne plus penser, pour ne plus ruminer, pour simplement vivre des sons environnants, des sons du vent, de l'eau, des animaux...de ces grenouilles qui croassent sans cesse, de ces gouttes qui tombent indéfiniment, de ces feuilles qui sifflent à l'éternité...je pense à moi qui tourne en rond, sans cesse, à ma vie qui rebondit, indéfiniment, à mon cœur qui souffre, pour l'éternité...

 Et je marche, je fixe ce vide face à moi où s'étend l'eau, celui de se ponton, j'y laisse une jambe et je tiens là en équilibre, entre ces abîmes vertes face à moi et ces étendues bâties de gris derrière...je ne sais laquelle choisir...

 -NON!!!

 C'était Zoé qui venait de m'empoigner! elle me retenait de m'élancer, même pire, m'a tiré en arrière, déchirant par ailleurs quelques coutures de mon manteau, l'idiote...

-Quoi? tu croyais quand même pas que j'allais m'élancer?

-Non, mais t'avais besoin de revenir sur terre, tu fais toujours peur quand tu réfléchis autant...t'avais besoin de savoir que tu comptes ! mais pas pour moi... 

(son ricanement narquois était de trop je trouvais...)

- Ha Ha Ha, bon on y va?

 Et c'est comme ça qu'on est finalement rentrés. Elle qui se vantait de toujours savoir où j'étais, ce que je faisais, avec qui j'étais...il n'y a que la dernière dont elle ne peut se vanter, et je prie toutes formes de divinités pour que jamais cela n'arrive, j'ai une dignité à sauvegarder après tout.

Sur le chemin, on parlait de tout, qui l'eut crû? à cause de cette histoire j'ai du sécher pas mal de cours, et du coup elle ne pouvait se reposer que sur les potins dont elle raffole pour avoir de mes nouvelles.

-Il t'est arrivé quoi alors?

-Heuuuu...

 Me voilà à tout lui raconter; du jour au lendemain "elle" n'allait plus en cours, disparue des radars, personne ne pouvait me dire de choses à son sujet car les seules fois où elle était présente c'était pour que l'on puisse se voir et les profs ne pouvaient m'en raconter plus, après tout j'était son excuse pour ne pas être à la maison on va dire. Son numéro ne répondait plus, ses réseaux sociaux avaient tout bonnement disparus, et son snap? elle recevait mais n'ouvrait rien, sa localisation étant d'habitude désactivée, je ne voyais pas quelle piste exploiter. Je suis allé à son adresse (pendant les heures de cours bien sûr), même rue que la mienne, numéro 99 ou 98...c'était vague car après tout elle l'avait dit en vitesse quand elle me racontait encore sa vie, mais je n'y ai trouvé que de vieux appartements à louer, aucun n'étaient à son nom...le seul nom féminin ayant été locataire était partis, un peu avant la disparition qui m'obsédait tant. Elle répondait au nom de Caitlyn, quand aux autres infos, je n'y avait bien sûr pas accès et ce n'était pas avec un argent de poche comme le miens qu'on graisserait quelques pattes après tout, j'aurais du proposer quoi? tondre leur pelouse?! 

 Non, j'ai continué mes recherches de longues semaines, et là les policiers sont venus vers moi, venus me demander ce que je savais et bien sûr, en tant que "copain" j'étais dans une situation plus que délicate...j'ai tout vu; bon/mauvais flic, soudoiements, propositions, menaces et j'en passe...s'en est suivis une multitude d'entretiens avec un avocat commis d'office par mes parents, et bien sûr ils n'ont pas compter ses honoraires...

 Qu'une fille crée tant de problèmes m'étonne; elle est apparue dans ma vie aussi rapidement qu'elle en est sortie mais étrangement je sens toujours sa présence, comme si elle avait laissé quelque chose sur son passage, laissé quelque chose en moi, laissé quelque chose sur moi...

-Tu me raconteras la suite demain nan?

-N'y compte surtout pas! 

-J'en était sûre! bon bonne nuit, salue bien tes parents!

  Enfin! Ici, je me sentais en sécurité, je passais le portail de ma maison, fermé, puis le seuil de ma porte après avoir escalader 3 escalier d'un coup, et me voilà dans mon corridor! aucun courant d'air, aucune fenêtre ouverte...rien, juste le calme, le silence, la chaleur d'un chez-sois...

J'étais sur la piste de Caitlyn et sa pensée me traquait, celle de cette fille dont je ne connaissais rien, c'était elle maintenant qui me hantais, pourquoi Kate m'aurait envoyé vers cette fille, pourquoi mon cœur m'aurait envoyé vers elle....

Il n'y avait personne quand je suis rentré et bien sûr il fallait que j'aille me faire à manger, mais d'abord il faut que je retire ce manteau complètement trempe ou j'attraperais froid!

Arrivé dans ma chambre, cette odeur m'enivrais, celle d'un parfum étranger...il émanait de mon manteau...en me dirigeant vers l'armoire, je ressortis un papier de la poche de ma veste, un morceau tomba... avant de le lire, je suspendis ce pardessus trempe...

 je vis, enroulé dans un de mes boutons, un cheveux d'argent, long comme mon bras...

dans le mot: C'est une belle histoire...

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⏰ Dernière mise à jour : Apr 06, 2019 ⏰

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