Eaux troubles

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  Assoupis, je m'étais endormi alors que le soleil, diffusant son spectre comme une bougie, sombrait, lentement,  derrière les sommets blancs qui se dressaient tout au loin, créant un sourire dentelé et béat à l'horizon, étendue même qui m'appela, en attisant ma curiosité, par la simple vue de cette boule de feu, comparable à la flamme de ma vie, s'effaçant doucement pour éclairer d'autres contrées, d'autres paysages, d'autres rivages...

  La nuit venait à moi, et la lune, pleine de ses trous, vint combler le vide laissé par l'astre qui s'était éteint les minutes précédentes. Je me mis en route, la tête dans les étoiles qui venaient de naître à l'instant et me transportant vers un autre monde.

Je songeai à demain; aux surprises que cette journée me réserverait, à l'incertitude qui guetterait mon humeur, aux épreuves qui peut-être m'attendent au bout de ces heures que j'aurais passées à vivre normalement et suivre le cours de mon existence, de mon destin. Aussitôt parti, je marchai sous les lampadaires éclairants mon chemin, moi qui me terrais en dessous de ma capuche et fixant le sol, d'un air pensif, réfléchissant toujours et encore, sortant un carnet de temps à autre et, m'arrêtant net, comme piqué par une mouche avec pour le but de ne pas perdre l'idée qui venait de fuser dans ma tête, telle une étoile filante dans un ciel obscurcit par l'oubli.

  Je tendis l'oreille et entendis des bruits de pas, venant de je ne sais où, à vrai dire je ne savais même pas si je les avais vraiment entendus ou simplement imaginés.

A ce moment précis, une lueur pâle tel le reflet de la lumière sur une peau d'un blanc immaculé se refléta dans mes yeux et je vis une fille, une femme ou même une créature, je ne saurai le dire sans masquer mon étonnement, marcher en ma direction.

Mon souffle se coupa, mes jambes me désobéirent, mes idées s'effacèrent et mes yeux se mirent à scruter en face moi la figure de cette personne s'approchant de moi à douce allure...

Elle portait des bottes usées, peut-être de Dr.Martens ou simplement des bottes militaires vu leurs état, des bas à carreaux recouverts par un jeans noir aux multiples déchirures apparentes sur les mollets,cuisses et genoux dont les coutures s'effilaient et le tissus y restait attaché, mais par lambeaux laissant entrevoir sa peau étonnement blanche. En levant mon regard et après avoir vu ses longues jambes je vis une taille surplombée par un ventre creusé, détail visible à cause de son top kaki juste au corps et dont le décolleté attirerait mon regard s'il n'était pas caché par une veste ample, à la limite entre le manteau et la simple veste mais dont les manches furent apparemment arrachées, laissant voir de fins bras finis par des mains, décorées de toutes part, aux doigts squelettiques et long...

La scène se passait tellement au ralentis à mes yeux qu'il était impossible de ne pas l'analyser entièrement; son visage, orné d'une très longue chevelure argentée ( surement faite par teinture) posée sur un petit front, était lui encore plus pâle et creusé que le reste de son corps, avec des yeux verts aussi brillant que la verdure recouverte par la rosée du matin , des petites lèvres aussi rouges que la plus pure des roses, surmontées par un nez fin et légèrement avancé.

Son visage ovale se clôturait sur un fin menton qui la faisait paraître plus agressive que douce et je ne sais pour quelle raison, je me sentais menacé par cette femme.

Lorsque nos chemins se croisèrent, je vis un vieil appareil photo dans une de ses mains, un de ceux qui donnaient encore la photo juste après qu'elle soit prise sur un papier qu'il fallait, si je me souviens bien, agiter quelques secondes en l'air.

Je ne su dire un mot lorsque cette fille disparus derrière mon épaule, hors de mon champs de vison. Je brûlais d'envie de me retourner, de lui jeter quelques mots histoire de parler, ne serait-ce que pour obtenir son prénom, mais, tétanisé, il me fallu encore deux bonnes minutes avant de me décider à bouger et comme d'habitude, après avoir croisé une femme d'une beauté indescriptible, ce fut pour rentrer chez moi....

Étrangement, au premiers abords, elle avait l'air de sortir de nulle part mais la maison de mes parents, bâtie dans la rue où nous nous sommes croisées elle et moi, avait son portail ouvert, s'agitant au gré du vent mais ce fut surement par superstition que je pensais que cette fille y était pour quelque chose.


-22h30 -

Rentré chez moi, je m'étendis sur mon lit, avec pour seul but; trouver le sommeil...

Mes parents ,certainement couchés à cette heure, ne se doutaient surement même pas de ma rentrée plus que tardive (surement ma mère qui avait décidé de laisser du leste sur ma laisse à cause de la rentrée) et je pu alors trouver la paix sur mes airs de musique rock, paix bien plus que méritée à cause de cette troublante expérience, qui n'étais d'ailleurs peut-être qu'un...

A mon réveil je vis , posé sur mon coussin, un étrange polaroid de moi me rappelant vaguement le paysage que j'avais en face de moi avant de m'assoupir. Je me rappelais aussi de la scène de hier, de cette étrange fille et de mon portail...

.....génial, une nouvelle question vient me hanter l'esprit.....

Faux DépartOù les histoires vivent. Découvrez maintenant