Action N°1

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     J'entre dans la grange. Elle est sombre. J'avance en tâtant le mur en quête de l'interrupteur. Enfin, je le trouve et cela me permet d'allumer une petite lampe tamisée. J'entends tout au fond une respiration difficile et bruyante. C'est lui que je cherche : le traître. En arrivant au fond de la grange, je regrette un peu d'être venue ici. Il y a un homme grand et brun pendu à des chaînes et attaché à un poteau en bois. Il est couvert de sang et presque évanoui. Le pauvre, j'imagine que la journée n'a pas été drôle pour lui. Le rythme de sa respiration me donne la chair de poule.
- Hey... je tente. T'es réveillé ?
     Aucune réaction à part un grand soupir plus ou moins las.
- Écoute...
     Soudain, il lève la tête et il me regarde. Je suis terrifiée. Mon Dieu, faut voir les marques de couteau dans son visage. C'est affreux.
- Tuez-moi, s'il vous plaît, articule-t-il d'une voix suppliante.
- Écoute... moi, je ne te veux pas de mal.
     Je regarde autour de moi et je déniche une bouteille d'eau minérale.
- Tiens, voilà un peu d'eau.
     Je l'ouvre et je lui fais boire au goulot en essayant de pas verser l'eau et de pas le toucher.
- C'est bon ?
- Je me sens mieux mais si vous êtes là pour me poser des questions, je ne vous dirai rien. Rien du tout.
- Rien du tout ? Je veux juste savoir pourquoi on vous a fait çà.
- J'ai vendu des informations à la police locale... AÏE ! Que voulez-vous savoir encore ?... Sinon laissez-moi mourir... en paix.
     Je sais ce que je voulais savoir. Alors je prends la direction de la porte. Je sors de la grange en éteignant la lumière. J'ai tellement de peine pour cet homme. Malheureusement, il n'est qu'une victime parmi celles que le Diable fait chaque jour.

***

     LE LENDEMAIN...
     Mon père revient furieux de la grange. Il s'enferme dans son bureau avec ses employés. Je sais que c'est mal mais je vais écouter aux portes.
- Il est mort... j'entends à travers la porte mal fermée.
- Il vous a donné un nom ? fait la voix de mon père.
- Non. Il a juste dit : je cite << La police est à vos trousses. Il n'arrêteront pas tant qu'ils ne vous auront pas tous mis derrière les barreaux. >> On fait quoi de sa famille ?
- Ils vont subir le même sort. Et après, on va exposer leurs corps au village. Comme çà, ces misérables sauront que c'est très dangereux de se frotter au diable. Très dangereux.
- Oui, patron.
     Je me cache à temps pour que les deux bourreaux sortent du bureau. Oh mon Dieu. Cet homme est répugnant. Anéantir une famille entièrement... C'est cruel !
     Et pourtant c'est mon père.

[...]

- Je dois voyager, m'annonce mon père.
- Où vas-tu ?
- Une affaire urgente à régler. À Los Angeles. Tu m'accompagnes.
- Quoi ?
- Fais tes valises. On n'a pas beaucoup de temps.
- Pourquoi avoir choisi de m'emmener cette fois ?
     Il contourne son bureau,se place devant moi et me regarde dans les yeux. Pour la première fois, j'ai l'impression d'y lire une once d'inquiétude.
- Je vais visiter la Californie pour la première fois. Et je veux partager cette expérience avec ma fille bien aimée. Allez, va faire tes valises.

     En faisant mes valises, je ne peux m'empêcher de me poser mes questions. Je suis partagée entre l'excitation et l'inquiétude. Excitation parce que je vais quitter ce trou perdu pour la première fois de ma vie. Je me souviens que quand j'avais huit ans, j'ai essayé de découvrir ce qu'il y avait au-delà de la clôture qui entoure la propriété. Je n'ai rien trouvé. A part la brousse et les gardes de mon père. Je suis inquiète parce que c'est quand-même bizarre qu'il décide de me faire voyager maintenant. Non ?

[...]

     C'est fou comme mon père peut être hypocrite. Il m'a fait endormir lorsqu'on a quitté la maison. Et je me suis réveillée quelques heures plus tard dans une chambre énorme avec des draps magnifiques. La déco exotique est superbe même si mon esprit est encore embrouillé. Je me lève et je regarde par la fenêtre. Elle est grande. Avec une vue imprenable sur la mer. Je suis émerveillée. Je cours au salon chercher mon père mais tout ce que je trouve, c'est une lettre et des documents sur la table basse...

CHASEOù les histoires vivent. Découvrez maintenant