Chapitre 8 : Voyage (première partie)

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Notre périple avait duré une semaine. Nous avions quitté le Château et son accueillant dirigeant le lendemain de ma petite escapade. Les Warens, eux, ont disparus sans que l'on ne sache où ils étaient allés.

J'étais déçue que Jale ne m'ait pas dit au revoir mais je me doutais qu'il avait préféré ne pas mettre Lekka plus en rogne qu'elle ne l'était déjà.

Nous avions marché jusqu'à Ekmir où nous sommes montés à l'arrière de la charrette d'un marchand de choux – ou de ce qui y ressemblait, en tout cas – qui parlait l'Andhien avec un accent à couper au couteau.

Le voyage avait été long et très inconfortable. Nous avions voyagé, secoué par les graviers qui recouvraient les chemins et qui faisaient osciller la charrette jusqu'à Aniok, la capitale humaine de la Lande. D'après Helena, c'était la plus grande ville du pays après Aharvel, la Cité de la Foudre.

Aharvel, c'est là que siègent le Conseil Suprême. Les dirigeants de chaque peuple en font parties. Et celui qui dirige ce conseil, ce l'Enfant de la Foudre.

Pour l'instant, personne ne siège à Aharvel. Le château est quasiment inhabité. Seule l'aile des Chevaliers est utilisée.

A Aniok, nous avions loué des chevaux pour parvenir jusqu'à Mioul. Nous y étions arrivés, quatre jours plus tard, trempés et épuisés.

Helena était la seule à avoir conservé sa bonne humeur. Je voyais que le plaisir de retrouver cette terre qui était la sienne lui faisait le plus grand bien. J'eu encore plus de mal à lui en vouloir, après ça. Elle avait sacrifié tant de choses pour moi ! Voilà pourquoi j'avais tant bien que mal tenté de réfréner ma mauvaise humeur et les plaintes que j'aurais voulu prononcées.

Sandrine et Charlotte, elles, suivaient en s'émerveillant. Elles supportaient la pluie, le froid et la fatigue avec stoïcité. Je dois avouer qu'elles m'ont bluffées. D'autant plus que Charlotte restait toujours aussi belle, même trempée et pleine de boue.

Une fois arrivés à Mioul, nous avions trouvé une petite auberge plutôt accueillante. La patronne parlait beaucoup et riait sans arrêt, mais elle était très gentille.

C'est d'ailleurs, grâce à elle que nous pûmes trouvé un guide qui acceptait de nous conduire jusqu'à Eliterra, la Cité des Elfes des Bois.

Elle savait tout et connaissait tout le monde. Elle avait toujours des ragots ou des anecdotes à nous raconter.

Je l'écoutais religieusement, tentant d'apprendre les us et coutumes des Humains de la Lande, bien que son accent soit quasiment incompréhensible.

Helena m'avait promis que lorsqu'on serrait à Eliterra, elle aurait plus de temps à me consacrer et pourrait répondre à mes questions... Il était temps, parce que j'en avait de plus en plus et que ma tête risquait à tout moment d'exploser.

C'est étrange non ? Nous passons nos journées à voyager, les uns à côtés des autres. Avec rien d'autre à faire que de se parler. Et pourtant, nous ne disons rien. Pas un mot. Les heures passent en silence.

Michaël s'inquiète.

Il sait comme moi que les Passages sont des choses indomptables. Il pense à son père... Et à ses amis... Sa vie est là-bas.

Moi, je ne sais pas encore où est la mienne...

Bien sûr, sur Terre j'ai mes amis, mon école, ma maison et tous mes repères. Mais depuis que je suis dans la Lande, étrangement, je me sens dans mon élément.

La fin de notre couple a laissé un froid entre Michaël et moi. Mais je vois bien qu'il espère toujours qu'elle reprenne. Et je ne suis pas totalement contre : je sens toujours mon cœur battre la chamade dans ma poitrine lorsqu'il me sourit...

La Fille de la Foudre, Tome 1 : la ProphétieOù les histoires vivent. Découvrez maintenant