Une Débâcle

Lettre 5 Marc Bloch

Monsieur de Saint Exupery

le 8 juillet 1943

Marsa, Tunisie

Cher Antoine,

Permettez-moi de vous appeler Antoine,

Vous reprenez du service ? Je suis content pour vous, même si je pense que vous auriez été plus utile à la résistance. Tachez tout de même de rester en vie, car je trouve notre projet important pour l'Histoire.

Mais vous avez raison, vous avez soulevé un excellent problème pour notre armée : l'organisation.

Je tiens à vous expliquer pourquoi on vous a envoyé survoler Arras. L'objectif était de repérer où se trouvaient les panzers allemands dans le projet d'une offensive afin de chasser les boches de la ville. Cet assaut devait regrouper les forces françaises et anglaises, ces dernières furent retirées du dispositif au dernier moment, donc l'assaut n'a pas eu lieu. Cela démontre les relations des armées franco-britanniques. Donc oui, cette mission était inutile.

Qui dirige et organise nos armées ?

« Lieutenants, amis. Capitaines, camarades. Commandants, collègues. Colonels rivaux. Généraux. » Quand la bureaucratie est trop fournie au sein de l'armée, elle a pour effet de diluer le sens des responsabilités. Le refus de pratiquer « les nettoyages nécessaires » dans les effectifs, a entraîné le maintien d'officiers incompétents à certains postes. Le haut commandement porte une écrasante responsabilité dans la « crise des cadres », ankylosés par la routine du temps de paix. Tous ces chefs militaires affalés sur leurs bureaux, totalement atones et évoquant déjà la capitulation, alors que les combats, encore faisaient rage.

Dans ces conditions comment espérer la victoire ?

J'attends de vos nouvelles

Marc