CHAPITRE 6

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Anne était à la base. Elle attendait le retour de Jean et de son équipe. Son rôle dans la base était le suivant ; elle devait lister les trains transportant des occupants, leurs itinéraires, les horaires mais elle devait également lister les personnes importantes du parti nazi qui pouvaient intervenir en France et prendre ces trains. Elle passait donc ses journées à aller enquêter, à écouter, à téléphoner aux autres contacts de la résistance, à écrire des télégrammes. Mais elle aurait tellement préféré être sur le terrain. Cependant, elle prenait son travail très à cœur car l'idée d'aider à vaincre l'occupant lui suffisait amplement pour apprécier sa tâche. Elle avait vraiment beaucoup de difficultés à récupérer des informations, la plupart étaient confidentielles, censurées et les sources fiables étaient rares en ces temps difficiles.

Après deux jours d'attente et d'angoisse, l'équipe de Jean rentra enfin. Arnaud se dirigea vers Anne, le regard triste. Elle senti son sang se figer,elle avait peur. De plus elle n'avait toujours pas aperçut Jean.


-''Anne je suis désolé... commença Arnaud. Jean ne reviendra pas. Il a été blessé par les SS et il a surement été pris en otage ou tué sur le coup. Il y a donc pratiquement aucune chance qu'il revienne.

-Qu...Quoi ?Comment ? Bégaya Anne qui n'en revenait pas.

-Je suis désolé... Après l'explosion de la voie ferré, les allemands ont tout de suite foncé vers la source du bruit. Nous avons donc fuit mais par malchance nous avons débouché dans une clairière remplie d'officiers allemands, surement un de leurs camps. On a tous fuit chacun de notre coté... Malheureusement, il est le seul à ne pas être revenu, et Guy qui fuyait du même coté l'a vu s'écrouler après s'être pris une balle...

-Non... NON ! Sanglota Anne. Il faut y retourner!si ça se trouve il est toujours dans la forêt !

-Ce n'est pas si facile que ça ma petite... Si on est pris, il n'y a aucun retour possible. C'est trop risqué pour nous d'y retourner après ce qu'ils'est passé. Ils sont aux aguets. Malheureusement, pour le bien de la France, il faut des sacrifices. C'est dur mais c'est comme ça. C'est la guerre.''


Anne ravala ses sanglots. Ses épaules continuaient de se convulser. Non seulement,elle avait perdu ses deux meilleures amies et maintenant son meilleur ami. C'était trop pour elle, elle était perdu. Elle ne savait plus quoi faire, elle se sentait enfermée dans une situation sans issue, un tunnel sans fin, noir, gris, terne.

Arnaud lui attribua une semaine complète de repos. Elle en avait bien besoin.De plus, elle pourrai aller prévenir la famille de Jean. Elle pris donc le train le lendemain matin pour rentrer à St Quentin. Pendant le trajet, tout le monde fut très silencieux. Les occupants du train avaient tous un regard vide ou inquiet, il n'y avait plus une seule particule de joie, plus de rires... Juste le silence de la peur.Toujours la peur. Heureusement, le trajet ne fut pas long. Anne descendit sur les quais et se dirigea ensuite vers sa maison. Sur la route, elle vit beaucoup de maisons aux volets fermés, d'autres vides d'habitant, la porte d'entrée grande ouverte. Elle passa devant la maison de Sophie et eu un pincement au cœur. Elle arriva enfin chez elle. Elle ouvrit la porte sans frapper. Elle entendit ses parents discuter plus loin, et se dirigea vers eux. Quand ils la virent, ils lui sautèrent dessus de soulagement. Anne ne pouvait pas leur cacher plus longtemps. Il fallait qu'elle leur explique la raison de sa longue absence. Après s'être tous assis dans le canapé, elle leur raconta sa rentrée dans la résistance et son travail là-bas. Elle s'attendait évidemment à ce que ses parents contestent... Ce qu'ils firent aussitôt. Ils voulaient qu'elle arrête tout de suite, c'était trop dangereux, il fallait qu'elle rentre à la maison et qu'elle ne s'occupe pas de choses qu'elle ne pouvait pas comprendre, qui la dépassait. Anne s'énerva et contesta de suite. Pourquoi serait-elle intellectuellement incapable de comprendre les événements ? Parce qu'elle était encore jeune ?Et ce serai pour cela qu'elle serai dans l'incapacité de comprendre ? Non. L'âge n'y faisait rien. Elle n'était pas naïf, loin de là. Elle n'avait peut être pas le même vécu que les adultes mais ça ne faisait pas d'elle une candide qui voyait le monde en rose. Elle était même sûre qu'elle comprenait mieux les enjeux de cette guerre que ses parents. Elle n'allait pas vivre en faisant semblant que tout va bien, que rien de tout cela ne se passait, que l'occupation allemande était un mythe, que la guerre n'existait pas. Ce n'était tout simplement pas possible pour elle de rester caché à attendre, elle voulait agir, aider à libérer la France et retrouver ses meilleures amies. Même si elle devait risquer sa vie, elle préférait savoir quelle avait aidé pour une cause importante plutôt que de rester bien vivante et en forme cachée dans sa petite ville. Elle ne voulait paraître égoïste, elle voulait que la guerre cesse et que la France redevienne la France, que la République soit rétablie, que le régime de Vichy ne soit plus su'un lointain souvenir. Elle ne voulais pas simplement retrouver ses amis, elle voulait retrouver la liberté. Et elle retrouverai que ses parents le veuille ou non. Elle résistera !Elle fit donc semblant d'être d'accord avec eux pour ne pas créer de tension. Mais dès que la fin de la semaine arriverai, elle fuguerai. Elle n'avait tout simplement pas le choix.


Le lendemain matin, elle se rendit chez Jean pour annoncer la mauvaise nouvelle à ses parents. Ils fondirent en larmes et Anne les rejoignit. Ça faisait du bien de pleurer, de tout évacuer. Elle en avait bien besoin. Elle parti de chez Jean vers l'heure du midi et rentra chez elle pour manger. Elle se rendis ensuite à la cabane qu'ils avaient abandonné presque que un an plus tôt. L'endroit était silencieux,l'herbe par endroits était légèrement grillée à cause de la chaleur des dernières semaines. La cabane avait changé. Ellen'était plus aussi brillante, joyeuse. Elle semblait fatiguée, le teins pâle, livide. A l'intérieur, il avait beaucoup de poussière ainsi qu'une multitude d'insectes morts. Elle sorti donc le balai et nettoya tout à fond. Une fois fini, elle sortie de la peinture qu'ils avaient entreposé dans la cabane au cas où. Elle entrepris donc de repeindre la cabane entièrement, extérieur et intérieur.Elle la peignit avec des couleurs vives,  joyeuses qui contrastaient énormément dans cet atmosphère triste et lugubre. Cette cabane était le lieu favori des quatre adolescents. Lui redonner toutes ces couleurs pour Anne était un symbole d'espoir. Elle faisait ressortir tous les moments et les discussions joyeuses qui s'étaient jadis tenues ici, et occultait les dernières discussions avant la rafle de ses amies. Anne se sentait comme libérée, comme si tout était loin derrière elle. Elle passa un long moment à dessiner, à écouter les oiseaux chanter, les hautes herbes frémir avec le vent,à regarder les nuages avancer dans le ciel tel une masse de coton.C'était une telle délivrance, elle avait l'impression d'être plus légère, de flotter. Mais malheureusement, la réalité la frappa violemment dans le dos dès qu'elle s'éloigna de la cabane colorée et qu'elle pénétra dans la ville où seulement le bruit du vent et le coassement des corbeaux répondaient au silence de la peur et de l'oppression.

Une Amitié BouverséeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant