Le lendemain, alors que Ronan effectuait les tâches domestiques qu'Émile lui avait confiées, la porte de la demeure des Du Puget s'ouvrit brusquement dans un grand fracas. Le jeune homme sursauta vivement tandis que la belle Olympe se trouvait dans l'entrée. Elle semblait contrariée, ces yeux noisette envoyaient des éclairs.
" Mademoiselle, que faites-vous ici ? Commença le jeune homme.
- Ronan où est mon père ? Je me dois de lui parler sur le champ !
- Il est surement dans son bureau ...
Olympe commençait à prendre la direction que lui avait indiqué le laquais.
- Mademoiselle, il m'a intimé de ne le déranger sous aucun prétexte, il avait l'air très soucieux et ...
- Ne t'en fais pas Ronan, je suppose qu'il s'attend à ma visite.
- Est-ce une affaire si dramatique Mademoiselle ?
- Hélas, j'en ai peur... "
La curiosité du jeune paysan était piquée au vif, il allait réclamer des renseignements complémentaires lorsque la jeune femme se retira dans le cabinet privé de son père. Elle en ressortit une bonne demie heure plus tard, les yeux baignés de larmes. Ronan ne savait que faire face à un spectacle aussi désolant. Il lui apporta un mouchoir pour essuyer les petites perles aqueuses qui ruisselaient sur ses joues.
"Vous êtes bien aimable jeune homme, merci !
- Que se passe-t-il mademoiselle ? Enfin si ce n'est point vous offenser !
- Tu ne m'offenses pas Ronan ! Tu me sembles sympathique, mais je n'ai aucune envie de tergiverser sur un sujet si intime.
- Dans ce cas, je vous prie d'accepter mes excuses les plus sincères ! "
Un léger rictus se dessina à travers les larmes de la jeune femme. Puis, elle se retira de la bâtisse hâtivement.
*********
Elle faisait face à ses plus grands démons. Toutes ses craintes qu'elle eût enfouies au plus profond d'elle-même surgissaient devant ses yeux. Sa vie future était dorénavant tracée. Ses rêves de petite fille se fissuraient et un vide immense commençait à l'entourer. Son destin était-il à ce point infernal ? Sans sortie de secours, sans personne pour la soutenir, sans personne pour l'arracher à son avenir, elle était seule. Seule dans une prison de verre, les pieds et les mains liés par des fers trop serrés. Son destin était scellé et le seul individu qui allait le partager était sans aucun doute la personne la plus abominable de Paris. Elle ne pouvait se résoudre à partager sa couche avec un homme qui n'avait que pour seule capacité le meurtre et qui n'inspirait que le dégoût. Seulement, son père n'avait plus le choix, s'il voulait assurer l'avenir de sa progéniture dans ces temps obscurs. La jeune femme n'avait guère d'autre obligation que de se soumettre à son jugement. Tel était le sort des femmes, elle était seule contre le monde entier. Elle rêvait d'être libre, elle espérait qu'un jour les femmes aient le choix de pouvoir vivre comme elles l'entendent, sans que personne n'ait à dicter leur avenir...
Quelques gouttes de pluie vinrent s'écraser sur les joues de la belle Olympe. De gros nuages sombres avaient recouvert le ciel de la capitale. Le banc sur lequel la jeune femme avait trouvé refuge était mouillé et la grande robe que cette dernière portait était imbibée d'eau. Cet orage si soudain fit revenir la demoiselle à elle-même. Elle se sentait observée. Elle tourna la tête et aperçu l'intrus qui l'observait sous le porche de la maison. Elle n'arrivait plus à soutenir son regard. Son désespoir était tel qu'elle fut prise d'un vertige soudain et tomba sur le sol boueux du petit jardin. Ronan observait la maudite scène sans pouvoir intervenir, il essayait de capter le regard de la jeune femme en vain. Lorsqu'il la vit vaciller, son cœur se brisa en mille morceaux. Comment pouvait-on faire autant de mal à une si belle femme ? Il accouru au plus vite auprès d'Olympe et la ramena dans sa chambrette.
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Le caveau d'une rose
Historical FictionIls sont jeunes, ils sont beaux, ils ont toute la vie devant eux ! Pourtant, ils n'ont rien en commun. Lui est paysan, un orphelin, un mendiant méprisé par la noblesse. Elle est une jeune noble, ravissante et pleine d'espoir. Mais, lorsqu'elle va...