14 Juillet 1789

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"La mort la plus douce est celle où l'on se voit pleuré de ceux qu'on laisse sur la terre."

Sénèque.

Le soleil se levait sur la capitale. Bien du monde s'agitait déjà au rez-de-chaussée de la vieille auberge. Seul deux jeunes gens dormaient encore. Le paysan émergeait doucement de son état léthargique, tandis que les rayons du soleil éclairaient la belle Olympe qui était étendue à ses côtés. Elle ressemblait à un ange. Ronan avait l'impression d'être au paradis. Bien que tenté, il n'avait pas goûté au plaisir du fruit défendu. En effet, ils avaient passé la moitié de la nuit à discuter, à s'expliquer. Puis, la belle Olympe s'était assoupie. Alors, Ronan s'était étendu à ses côtés puis, peu à peu le sommeil s'était emparé de lui.La jeune noble commençait à remuer dans son sommeil, puis elle ouvrit les yeux. Son regard s'encra dans celui de Ronan et un rictus apparu sur son visage.

« Bien dormis ?

- Quelle heure est-il ? s'inquiéta la jeune femme. »

Soudain, le paysan bondit hors du lit. Dans ce brusque mouvement, un morceau de papier tomba de sa poche. Olympe s'empressa de la ramasser, marqua un temps d'arrêt et cru défaillir.

« CLUB DES CORDELIERS : UNISSONS NOUS POUR FORMER UNE ASSEMBLÉE NATIONALE LIBRE ET INDÉPENDANTE ! NE SOYONS PLUS LES MARIONNETTES DU ROI ET DE L'AUTRICHIENNE ! CITOYENS, JOIGNEZ LE MOUVEMENT, ABOLISSONS LES PRIVILÈGES DES NOBLES ! »

Ronan se décomposa, il devait trouver une excuse et ce très vite :

« Ce n'est pas ce que tu crois ! mentit le jeune homme.

- Qu'est-ce donc ? N'est-ce pas un pamphlet ? Tu sais je ne suis pas une imbécile.

- Si, c'en est un mais je .... On me l'a distribué dans la rue et je...

- Ne me mens pas ! Explique-moi ! Pourquoi un tel subterfuge ? Mon père est noble, ne t-a-t-il pourtant pas accueilli quand tu étais dans le besoin ? Me désavoues-tu à ce point ? Jamais je n'aurais cru !

- Je ne suis pas ton ennemi ! Olympe, la misère est si grande ! Elle est là, partout présente autour de nous ! Elle nous rode autour pour mieux nous écraser, tout comme la peste ! Laisse-moi te montrer ! Tu dois connaître le monde dans lequel tu vis ! Suis-moi ! »

*********

Quelques minutes plus tard, le jeune homme entraîna Olympe dans les dédales de Paris. Ils déambulèrent dans les rues main dans la main. La pauvreté se trouvait à chaque coin de rue. Olympe ayant pitié de tous ces mendiants leur donnait une petite pièce. Au détour d'une ruelle, une pauvre femme brune sourit à Ronan et lui fit un signe de la main. Les jeunes gens se dirigèrent vers elle.

« Olympe, je te présente Katherine ! Elle a perdu son bébé il y a quelque mois ! Il est mort de faim ! Vois-tu, c'est cette cause que je défends ! Alors oui, si défier le pouvoir nous permet de survivre, nous sommes prêts à tout ! Mon père est mort car il n'a pas pu payer l'impôt, cet impôt dont les riches nobles sont exemptés ! Nous ne demandons qu'à vivre !

- Je comprends tes ambitions, je conçois que tu rêves de cela ! Mais je t'en prie, ne brûle pas tes ailes dans une révolution qui ne profitera qu'à une forte montée de la bourgeoisie ! Tes amis, Danton, Desmoulins, ils ne sont pas de ces gens qui se battent pour survivre. Ces bourgeois ne sont qu'en soif de pouvoir ! Renverser le roi, la monarchie et les nobles ne te donnera pas une vie meilleure.

- Laisse-moi simplement y croire. Ce rêve me permet de survivre ! Cet espoir est tout ce qu'il nous reste. Que veux-tu que nous fassions ? Quelle autre alternative nous prêtes-tu ?

Le caveau d'une roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant