Reste !

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"Jamais il ne s'était trouvé aussi près de ces terribles instruments de l'artillerie féminine."

Stendhal

Elle se sentait seule et un immense vide s'emparait d'elle depuis qu'il n'était plus là. Voilà une semaine qu'il avait quitté la demeure. Une semaine au long de laquelle le temps avait paru une éternité. Le malheur, la tristesse et la colère grondaient en la jeune femme. Aucun sourire ne s'était échappé de ses lèvres depuis la nuit du bal, cette nuit où elle l'avait rejeté par peur et sans aucune délicatesse. Les remords la rongeaient et son absence la détruisait. Le monde était injuste. Pourquoi fallait-il payer pour pouvoir l'aimer ? Cloîtrée dans sa chambre, Olympe faisait peur à voir. Son père s'inquiétait pour elle, d'autant plus qu'il ignorait la provenance de cette détresse, bien qu'il se doutait qu'elle était liée à la soudaine fuite de son valet. Il avait pourtant mis en garde le paysan ! Il l'avait averti ! Mais, il n'en n'avait eu que faire ! Pour remédier au chagrin de sa fille, le vieil homme aurait pu faire n'importe quoi, même l'irréparable. Emile était à la Bastille pour satisfaire son devoir envers l'état lorsque des coups furent frappés à la porte de son bureau. Quelques secondes plus tard, Lazare faisait son entrée.

« Monsieur Du Puget, je dois vous parler !

- Que puis-je pour vous Peyrolles ?

- Monsieur, une affaire importante me contrarie au plus haut point ?

- Que se passe-t-il ?

- Lors du bal, votre ravissante fille était accompagnée d'un jeune homme. Les sourires et les gestes qu'ils avaient l'un envers l'autre ne me laissent pas indifférent !

- Il y a méprise monsieur...

- Rappelez- vous de la promesse que vous m'avez accordée ! De par celle-ci, votre fille m'appartient et me revient de droit !

- Je le sais monsieur, n'ayez crainte ! Je parlerai à ma fille et je lui dirai à quel point ses écarts de conduite vous atteignent !

- Il n'en est pas assez ! Je veux connaître le nom de cet homme et surtout, je veux que l'on fixe une date pour le mariage, au plus tôt !

- Monsieur, vous partez en campagne pendant quelques mois et...

- A mon retour, je désire que tout soit planifié ! Je veux aussi faire danser ma lame dans l'abdomen de l'homme du bal !

- Laissez-le sauve ! Il n'a pas d'importance !

- Je suis le seul maître ! Je suis seul à juger sa valeur ! A moins que... En y réfléchissant bien, cet homme ressemblait étrangement à ce crétin de paysan qui vous suivait tel un chien galeux ! Ai-je raison Du Puget ? Demanda le comte sur un ton menaçant.

- Je... Je ne sais quoi vous dire... je n'étais pas à cette réception...

- Ne me prenez pas pour un imbécile ! Ou est-il ?

- Ronan s'est enfui sans donner d'adresse il y a de cela une semaine.

- Il a dû se réfugier dans notre charmante capitale ! Je vais le faire rechercher et le pendre !

- Mais enfin, Peyrolles, ce n'est qu'un gamin ! Un pauvre miséreux sans importance !

- L'affaire est entendue Du Puget ! Organisez le mariage ! Je m'occupe de ce fâcheux contre temps ! »

Quand Emile répéta cet entretien à sa fille, son sang ne fit qu'un tour. Elle ne pouvait pas épouser un homme aussi démoniaque et encore moins laisser Ronan entre ses griffes. Elle devait agir, le retrouver et le mettre en sûreté. Mais par où commencer ? Elle n'avait aucune idée d'où il pouvait être. De plus, son père ne lui permettrait jamais de s'opposer à Peyrolles. Enfin, les rues de Paris étaient devenues dangereuses pour les nobles. De plus en plus d'émeutes éclataient et les idéaux révolutionnaires s'intensifiaient.

Le caveau d'une roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant