Rendez-vous en enfer !

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 "La vie est une rose dont chaque pétale est une illusion et chaque épine une réalité."

Alfred de Musset

Olympe se releva, attrapa le tissu que lui tendait Katherine et s'essuya les lèvres, tandis que la servante reculait la bassine emplie d'aliments régurgités par la noble. Les nausées étaient maintenant le quotidien de la belle, tout comme les maux de ventre et les envies culinaires plus étranges les unes que les autres. La fatigue extrême et son ventre qui était prêt à exploser indiquaient que sa grossesse serait bientôt à terme.

Depuis quelques mois, elle vivait recluse dans sa chambre, son père l'y avait congédiée dès qu'il avait su. Il ne voulait pas voir son nom déshonoré dans la capitale. Alors, il affabulait en prétendant que les blessures que sa fille avait reçu lors de la prise de la Bastille ne s'étaient pas soignées et qu'elle devait recevoir des soins spéciaux qui lui interdisaient tout contact avec le monde extérieur. Le pauvre Emile était tellement déçu et en colère contre Olympe qu'il refusait de lui adresser la parole. Quant à Ronan, il l'avait chassé de la maison lorsque ce dernier lui avait fait l'affront de lui demander sa fille en mariage.

Heureusement, Katherine lui apportait les lettres que Ronan lui écrivait tous les jours. Par ces échanges épistolaires, ils avaient décidé ensemble qu'ils s'enfuiraient à la campagne après la naissance de leur enfant pour y vivre heureux.

Seule une ombre voilait en encore le tableau. Olympe n'avait reçu aucune information concernant Lazare De Peyrolles. Elle ne savait s'il connaissait la vérité, s'il voulait encore d'elle ou s'il la laisserait simplement s'en aller.

Olympe ne put continuer de remuer ses pensées plus longtemps qu'une immense douleur lui parcouru le bas du ventre et un liquide sortit de son corps mouillant toute sa jupe. La douleur la fit hurler si fort que même Emile accourut jusqu'à sa porte. Katherine s'affairait à installer Olympe convenablement dans le lit tandis qu'Emile criait par la fenêtre pour qu'on aille quérir un médecin.

La jeune femme avait l'impression que son cœur allait exploser sous la douleur. Elle avait beaucoup de mal à faire entrer de l'air dans ses poumons. Elle avait l'impression de suffoquer. Elle ne savait si elle pouvait supporter un tel calvaire si longtemps. Plus le temps passait, plus les contractions étaient proches et douloureuses. Lorsque le médecin entra dans la pièce, la jeune femme poussait déjà depuis quelques minutes, elle était à bout de force. Ses longs cheveux d'ordinaire soyeux étaient baignés dans la sueur tellement l'effort était intense.

Emile restait à l'écart du lit. Voir sa fille dans cet état lui fendait le cœur, il aurait aimé être magicien pour pouvoir stopper l'insurmontable douleur. Il ne supportait plus d'entendre les hurlements de sa propre enfant.

Soudain, les cris d'Olympe laissèrent place aux cris d'un nouveau-né. Emile jeta alors un regard sur la scène. Son petit-fils se trouvait entre les bras du médecin, pendant que Katherine tenait la main de sa fille. Puis, il remarqua très vite que cette dernière avait subitement fermé les yeux, sa main se dégagea celle de Katherine et retomba lourdement sur le lit. Son corps ne répondait plus. Paniquée, Katherine cria son nom plusieurs fois en espérant la réveiller. Sa respiration devenait de plus en plus lente tout comme les battements de son cœur. Tous se demandaient pourquoi le médecin ne faisait rien. Puis, il déclara à l'attention d'Emile que le corps d'Olympe avait besoin de se reposer et de reprendre des forces. Ceci fait elle reprendrait vite connaissance.

*********

Quelques jours plus tard, avec l'aide de Katherine, Olympe rejoignait Ronan au pied de la Bastille, son fils dans les bras. Il était déjà tard et la lune éclairait leurs pas. Peu de personne croisèrent leur chemin. Arrivée au pied de la carcasse de la gigantesque prison, Olympe cherchait Ronan, puis elle l'aperçut. Il était là, juste devant elle et courrait en sa direction. Le sourire de la jeune femme s'élargissait à cette vision. Elle prit délicatement son enfant entre ses bras qui se trouvait auparavant dans ceux de Katherine. La petite famille était enfin réunie, heureuse et sereine. Ronan captura les lèvres de son amante et se pencha au-dessus du nourrisson. Il inspecta son visage sous tous les angles avant de montrer un sourire béat. 

Le caveau d'une roseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant