Chapitre 8 :

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Derek a été adorable avec moi hier soir. Il m'a consolée jusqu'à ce que j'arrête de pleurer. Après ça il était vraiment tard alors je suis rentrais. Avec ma peluche ce qui est positif. En revanche je n'avais pas beaucoup dormi. Heureusement j'avais une excellente excuse pour prendre l'air le lendemain. En effet il était seulement 8 heures lorsque je pris la voiture de maman pour retourner chez grand-mère comme convenu. Mamie se lève toujours aux aurores alors il y a peu de chance pour que je la trouve encore au lit. Quand je coupe le moteur et que je me regarde rapidement dans le rétroviseur je regrette de ne pas avoir pris le temps de me maquiller un peu. Mes yeux sont rouges et bouffis d'avoir autant pleuré. Personne ne pourra ignorer mon état d'esprit. Je marche tranquillement sur les graviers afin de rejoindre le perron. La devanture étant blanche le rouge de la porte était d'autant plus éclatant. J'ouvre la porte sans prendre la peine de frapper. L'extérieur et l'intérieur sont totalement différents. Et je peux même affirmer que l'un et l'autre ne vont pas du tout ensemble. C'était un parti pris de mamie. Elle ne voyait pas pourquoi elle devait forcement choisir un style unique pour son foyer. De dehors la maison avait une allure assez bourgeoise avec sa façade immaculée, ses volets impeccables vert foncés et sa porte pétante. Dedans le sol est fait en parquet brut et tout le mobilier l'est également c'est donc une ambiance plus rustique. La demeure est immense et a vu grandir plusieurs enfants et petits-enfants. J'ai toujours un petit pincement au cœur quand je pense que maman n'a pas grandi ici. Avec son second mari ils ont eu 4 autres enfants. Lors des dîners de famille on avait du mal à trouver une place. Je reste plantée dans l'entrée et fixe toutes les photos qui ornent le buffet. Je fais un rapide inventaire même si je les connais par cœur. Chacune d'elle montrent maman et ses frères enfant, Valérie, Sarah, Bradley, Peter et Samuel. Une expression de bonheur s'affichent sur chacun de ses visages. J'entends des bruits provenant de la cuisine alors c'est là que je me dirige. Mamie prépare une mixture assez étrange pour le déjeuner. Elle n'a jamais été douée pour quoi que ce soit qui touche à la préparation de nourriture. Pourtant elle persévère. Aujourd'hui elle m'enlace de bonne grâce en signe de bonjours pour que ma peau ne porte plus aucune trace suspecte. Elle a troqué ses vêtements habituels pour une robe en coton blanche tout simple protégée par un tablier « Meilleure Mamie du monde ». Nous lui avons offert pour son dernier anniversaire il y 3 mois. Je suis ravie de constater qu'elle l'utilise. Je chipe un aliment encore intact et l'enfourne en deux deux pendant qu'elle le dos tourné. Je demande si son mari est encore endormi. Elle réponds que non, qu'il est lis le journal sur la véranda. Je vais donc le saluer. Anthony Miller est effectivement sur la véranda en train de lire. Tel un vieux film il se balance doucement au gré de son rocking-chair. Contrairement à ma grand-mère ses cheveux jouissent encore d'un noir corbeau. En revanche la calvitie est bien présente. Il porte un jean sous une chemise en lin blanche et pour une fois il ne s'est pas rasé. Peut-être qu'il le fait plus tard. Même si je ne partage aucun lien de sang avec cet homme, je le considère comme mon papi. Je ressens la même chose pour lui que pour mon grand-père paternel. De la même façon je n'ai jamais senti une quelconque différence entre moi et mes cousins.

« Bonjour.

- Oh bonjour Alexie. Comment tu vas ? ».

Il me fait signe de m'asseoir à côté de lui, sur l'autre rocking-chair. Nous parlons un peu de tout. Puis Mamie nous rejoints. Aucun des deux ne me parlent de mes cernes, de mes yeux bouffis ou de ma récente rupture et j'en suis reconnaissante. Je passe toute la matinée avec eux et ça fait du bien. Comme une parenthèse qui arrête le temps de tourner. A l'heure du repas je crains une intoxication alimentaire mais même si c'est vraiment pas bon ce n'est visiblement pas dangereux. Mamie et moi finissons par nous allonger dans des transats au fond du jardin. Hormis des buissons et de la pelouse il n'y a rien d'autre. Le couple n'a pas la main verte. Par contre quand nous étions plus jeune des millions de jouet y traînaient de partout. Nous bronzons silencieusement quand mon sommeil en retard décide de s'emparer de moi. Malheureusement mon inconscient décide de me faire revivre l'un de mes souvenirs.

L'euphorie est le sentiment maître de ma journée. Je n'arrive pas à me calmer. Je suis soulagée et heureuse à un point. Alors oui, je sais il y a tellement de moments dans la vie qui sont biens plus importants mais putain de merde j'ai mon bac ! Avec mention. Toutes ses heures de travail, de révision et de stresse n'ont pas étaient vaines. En arrivant devant les tableaux d'affichages j'ai cherché mon nom avec angoisse puis j'ai remarqué le mot magique juste à côté. Avery tombe soudainement dans mes bras et je la serre le plus possible en émettant des cris de joie un peu trop audibles. Me fiant à son grand sourire je sais qu'elle aussi a réussi. Nous sortons de la marée humaine qui s'est formée derrière nous. Nous sommes bras-dessus bras-dessous.


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