Prologue

104 9 17
                                    

L'enfant se tenait là, devant un corps froid, des yeux vides. À sept ans, l'enfant se tenait devant des pupilles dénuées de lumière, d'émotion. Pour la énième fois, elle était seule. Elle sentait en elle cette solitude, comme un trou, comme si toute la chaleur de son corps était aspirée. Mais ça n'était rien. En sept années de vie, elle avait eu le temps d'apprendre à bien connaître ce sentiment. Il était comme un vieil ami. Cependant, désormais ça n'était plus seulement un sentiment. C'était l'immonde réalité. Elle était seule et n'avait plus personne. À sept ans, elle avait déjà vécu plus de choses que certains adultes. « C'est de ta faute. » avait-il dit, « De la tienne, comme toujours. Tu ne mérites pas d'être ici, sur Terre. Tu devrais faire comme moi. Tu n'en vaut pas la peine. Tout le monde te hais. Tu seras seule à jamais. Tu souffriras, et tu le mériteras. » Tous ces mots, ces paroles de haine essayaient de l'atteindre. Mais quelque part, ça ne lui faisait rien. Elle les avait déjà entendues tant de fois. Elle cherchait au fond d'elle une peine, en vain. L'enfant se leva, contourna le corps inerte à ses pieds, et sorti de sa jolie maison par la porte d'entrée, pour découvrir le monde, l'horrible monde. Elle ne reverrait jamais ces murs qui l'ont abritée sept années durant. Elle ne voulait plus les voir. Dans sa tête, des images, des souvenirs couraient. Tout le monde autour d'elle la regardait. Les Hommes n'ont jamais eu l'habitude de voir une petite fille, couverte de sang, marcher seule dans les rues, le visage fermé. Ils n'osaient pas aller la voir, lui demander ce qui s'était passé. Elle était bien trop... différente. Mais l'enfant était habituée à ces regards et ils ne l'atteignaient plus. Elle marchait durant des heures en s'arrêtant quelques fois pour monter sur les toîts et contempler l'humanité. Elle était fascinante. Toutes ces personnes marchant au même rythme, sachant où aller et pourquoi, ayant un objectif. Tous ces individus vivant une vie parfaitement normales, comme tout le monde. Enfin, ils pensaient que leur vie était normale, mais honnêtement, peut-on qualifier la vie de normale ? Être heureux, trouver ce que l'on appelle le bonheur, se battre pour ce que l'on désir, être aimer et aimer en retour et tout ça pourquoi ? Pour mourir et tomber dans l'oubli. La vie n'était pas normale.
L'enfant continua sa marche. Au bout de quelque temps, elle arriva à un endroit complètement isolé, où la nature avait tous les droits, une forêt. Ces arbres, cette liberté, cette solitude, ce calme, ce silence. C'était le lieu préféré de la petite fille. Habituellement, les enfants préféreraient un parc où ils pourraient jouer ou n'importe quoi du moment que c'était animé, mais pas cette enfant. Elle n'était pas comme les autres et elle le savait. D'ailleurs, ça ne la dérangeait pas le moins du monde. Elle commença à courir et arriva à un arbre majestueux. Son préféré, un saule pleureur aux côtés d'un petit lac. Grâce au village perdu où le nombre d'habitant était très faible et où elle avait vécu durant toute sa vie, la mère de l'enfant avait pu découvrir ce magnifique paysage à quelques heures de son lieu de vie. Elle avait seize ans. Elle avait tout raconté à sa fille. Comment elle était partie de la maison après une dispute particulièrement difficile avec son père. Comment elle avait couru des kilomètres sans s'en rendre compte à cause de sa colère. Comment elle avait découvert cette forêt et ce saule pleureur. Alors, elle y avait amené sa fille afin de lui montrer la beauté et la sérénité de ce lieu. L'enfant compris immédiatement le ressenti de sa mère et elle était montée dans l'arbre découvert et tant aimé par sa mère. Ce lieu était devenu pour elle un refuge. Il était le seul endroit où elle se sentait bien, où elle se sentait à sa place. La petite fille de sept ans commença à grimper à l'arbre en se remémorant les traits de sa mère. Elle était très belle malgré ses cicatrices, ses égratinures, ses bleus, ses coupures. Elle était aussi très forte. Il fallait lui faire subir beaucoup pour l'abattre. Elle avait donc subi beaucoup.
Après avoir longuement réfléchi, pensé à sa mère, à sa douleur, elle en était certaine. Du haut de ses sept ans, elle avait pris une décision des plus difficiles. Elle ne reviendrait jamais chez elle. Elle vivrait dans cette forêt. Elle refusait de vivre une vie "normale" comme tous ces gens. Cela la répugnait. Elle vivrait ici. Elle retournerait au village, certainement, mais pas pour la vie sociale. Elle devrait y voler nourriture, eau, tout. Mais cela ne la dérangeait pas. Elle serait forte, comme sa mère. Elle ne laisserait jamais personne changer qui elle était. Elle ne se laisserait pas attraper. Elle pourrait aller où elle voudrait, quand elle le voudrait. Elle n'aurait de compte à rendre à personne puisqu'elle n'appartiendrait plus à personne. Elle serait libre, libre comme l'air.

_____________________________________

Hey !
Alors voilà, je vous présente une nouvelle histoire. J'espère vraiment qu'elle vous plaira car ça ne sera pas le même style que "Hell's Everywhere". Ça sera quelque chose de plus personnel et de plus triste. Je ne sais vraiment pas si les sorties de chapitres seront régulières car c'est une histoire que j'écris en parallèle à l'autre. J'écrirai quand l'imagination sera à son comble ! 😉
Aussi, je vous conseille vraiment d'écouter la musique que j'ai mise en ajout de vidéo !
Voilà je crois que c'est tout. J'espère que ce nouveau genre vous plaira !
Au revoiiiiiir !

AirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant