Chapitre 1

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Willow admirait le vaste paysage qui s'offrait à elle. Cela faisait neuf ans qu'elle le voyait tous les jours, pourtant, elle ne s'en lassait pas. Aujourd'hui, nous étions le treize novembre. Aujourd'hui était le jour de son seizième anniversaire. Aujourd'hui, elle avait l'âge qu'avait sa mère quand elle a découvert ce lieu. La jeune fille n'avait jamais vraiment accordé d'importance à son anniversaire, mais cette fois-ci, c'était différent. Elle regardait la forêt du haut de son arbre. Des milliers de chênes, de cèdres, de cyprès recouvraient le ciel. En ce mois de novembre, les températures d'automne étaient à leur apogée. La pluie tombait et Willow était trempée. Mais ça ne la dérangeait pas, au contraire, elle adorait la pluie. Elle aimait les ondes qu'elle propageait. Cette aura mélancolique, ce doux son qu'elle provoquait. Elle trouvait cela magnifique. Dans ses mains, la jeune fille avait un livre abîmé. Elle en avait dérobé des centaines à la bibliothèque de son village si bien que les habitants commençaient à se poser des questions. Mais jamais il ne saurait l'identité du voleur. Elle était comme une ombre, comme un esprit. Personne ne la remarquait. Elle avait été portée disparue depuis neuf ans. Durant ces neuf années, elle avait eu le temps de s'habituer à son mode de vie. Elle volait la nourriture ou en cherchait dans la forêt mais jamais elle n'avait tué un animal qu'elle avait aperçu. Elle les considérait comme ses égaux, elle n'avait donc pas le droit de les tuer. Et si elle l'avait déjà fait, alors ils auraient tout autant eu le droit de mettre fin à sa vie pour se nourrir. Elle volait aussi l'eau au village. Elle se rafraichissait dans le lac aux côtés de son arbre. Elle avait même réussi à voler un petit lecteur MP3 pour pouvoir continuer à écouter de la musique. Sa mère lui avait appris qu'il n'y avait rien de plus apaisant que la musique, que quand tout le monde te tournait le dos, la musique, elle, restait à tes côtés. Elle avait raison.
Willow posa son livre, prit l'objet et écouta la seule chanson qu'il contenait. Elle ferma ses yeux. Des frissons lui parcoururent l'échine lorsque les sifflements commencèrent. Elle murmurait les paroles. We don't want that. Elle ne connaissait même pas le nom de l'artiste, mais qu'importe. C'était comme si le son se propageait à travers son corps, pour emplir toute la forêt de sa mélodie. Comme un courant électrique possédant une vitesse et une intensité incroyable. Quelque chose qui vous attirait irrésistiblement. La jeune fille descendit du saule pleureur et commença à se promener dans la forêt, son MP3 en mauvais état toujours entre ses mains. Elle suivait les chemins sinueux pour enfin commencer à grimper aux arbres. Elle sautait d'arbres en arbres, montait sur les branches avec une agilité impressionnante. Elle criait, riait, fière de sa liberté. Elle était seule et pourtant, on aurait pu croire qu'elle était la personne la plus heureuse au monde. Sur sa route, elle croisa un écureuil qui grignotait un gland à l'aide de ses petites dents. Willow attendit qu'il le finisse pour s'approcher discrètement de lui. Elle arriva devant lui et l'animal posa son regard sur ses grands yeux d'un bleu vif. Il avança vers elle prudement et elle le prit dans ses mains. Elle lui souriait comme elle ne le ferait jamais avec un humain. Il était adorable avec sa petite taille, ses petits yeux noirs, son doux pelage brun et sa petite queue retroussée. Elle le reposa sur la branche et celui-ci s'en alla tranquillement. La jeune fille resta là pendant un moment apercevant de temps à autre des vols d'oiseaux colorés. Elle n'aimait pas vraiment les couleurs mais dans ce contexte, elle ne pouvait que les admirer. Au bout d'une heure elle retourna à son abri. Elle prit des feuilles blanches et une trousse pleine de stylos et de crayons de couleurs qu'elle avait réussi à voler à des enfants lors de leur sortie d'école. Elle commença à dessiner, ses cheveux bruns dans le vent léger de novembre. Sur la feuille, on commençait à distinguer les traits d'une jeune fille montée sur un arbre. Un saule pleureur pour être précis. Elle était exactement au même endroit que Willow, seulement ça n'était pas elle. C'était une fille aux cheveux roux. Elle possédait les mêmes yeux bleu vif que Willow, mais aussi des tâches de rousseurs. Ce n'était pas Willow, c'était sa mère. C'était d'ailleurs pour cela que la jeune fille avait elle aussi des tâches de rousseurs, seulement les siennes étaient bien moins prononcées. Les yeux de Willow commençaient à se remplir de larmes. Sa mère n'avait pas encore de cicatrices sur son dessin. Elle ne savait pas encore encore ce qui l'attendait. Une larme roula sur la joue de la jeune fille et tomba à quelques millimètres de son oeuvre. L'adolescente se ressaisit et décida d'arrêter cette activité pour le moment. Elle regarda autour d'elle. Un sourire commença à apparaître sur ses lèvres. Elle ferma ses yeux et imagina un monde où il n'y aurait qu'elle, sa mère et cette forêt. Tout était de sa faute, mais quelque chose qui était là depuis le début de la journée la forçait à repousser ce sentiment de culpabilité : la pluie. Elle était comme vivante. Elle lui parlait, lui murmurait de ne pas s'inquiéter, que tout irait bien, qu'elle n'avait pas à ce sentir coupable. Alors, la jeune fille s'allongea sur sa branche et regarda le ciel étoilé de la nuit à travers le feuillage des arbres. La peur qu'elle éprouvait chaque soir avant de s'endormir s'était dissipée. Elle avait disparue. Alors, l'enfant seule au monde tomba dans un sommeil où les rêves avaient remplacé les cauchemars habituels.

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Hey !
Voilà un nouveau chapitre ! J'espère qu'il vous a plu. Il est arrivé très vite car pour le moment je suis très inspirée ! Je vous conseille encore une fois d'écouter la musique que j'ai ajoutée (comme vous vous en doutez c'est celle du MP3 de Willow) car c'est elle qui m'a inspirée pour cette histoire (pas vraiment les paroles, surtout l'air et la musique) et que le chanteur fait vraiment des chansons géniales !
Voilà, voilà ça sera tout ! À la prochaine !

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