1 shot, 2 kill.🇵🇸

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On arrive aux abords de notre quartier quand j'entends des cris, des coups de feu, des pierres qui tombent au sol.

"_ Nedjma, Aria, restez où vous êtes, je vais voir.
_Tu ne vas pas nous laisser toutes seules, si ?
_Tu préfères attendre ici ou risquer ta vie là bas ?
_Mais..
_Je dois y aller Nedjma.
_D'accord, mais reviens et avec Maman."

Je n'aime pas laisser ma soeur comme ça mais, là, je suis obligé. Je ne veux pas qu'ils la tuent, elle aussi.

Je cours vers notre maison. Au sol, je vois surtout des corps, des balles et du sang.
Les images de la mort d'Hamid reviennent dans ma tête et je dois me forcer à vite les chasser pour rester concentré sur ce qui se passe autour de moi.
Des jeunes lancent des cailloux sur des soldats armés de fusil et demain, les journaux diront que nous, Palestiniens, étions des terroristes, que nous avons commencé à attaquer ces soldats et qu'ils ont juste riposté. Des terroristes de 15 ans, avec des cailloux. Sérieusement ?

Je regarde les corps. Tous des gamins de mon âge, certains étaient avec moi à l'école, d'autres sont déjà venus à l'épicerie où je travaille.
Et puis, je vois l'horreur. Des corps d'enfants, de bébés, de femme enceinte, sans vie, tous pris par la mort.
Sur l'une de ces femmes, il y a une petite affiche, on peut y lire :

"Pregnant women : 1 shot, 2 kill"

Femme enceinte : 1 tir, 2 morts.

Je suis choqué qu'on puisse revendiquer ce genre de choses et qu'on ose poser une affiche aussi horrible sur un corps de femme enceinte. Ces israélien ont-ils le moindre respect ? Ont-ils une once d'honneur ?

Plus loin, je trouve la maison d'Ayaa, l'ancienne, et je décide d'y entrer en priant que Sayed ait réussi à la convaincre de sans aller.
Mais comme pour tous les autres, je retrouve son corps, sans blessure, juste une balle dans la tête. Le poids reposant sur mes épaules est de plus en plus lourd, je ne pourrais pas supporter plus d'horreur.

Les enfants, les femmes et maintenant les anciens, mais ils allaient nous prendre quoi après ?

Et puis je pense à ma mère. Elle était chez nous. Non, non, non. Ne me dites pas ça, ne me dites pas qu'elle est.. morte. Non pas elle, pas maintenant, alors que c'est bientôt l'anniversaire d'Hamid. Enfin que ça aurait dû être l'anniversaire d'Hamid..

Je cours à toute vitesse jusqu'à notre maison, oubliant les corps, les fusils, le sang. Juste en priant de toutes mes forces pour qu'elle soit en vie.

J'entre dans notre maison et je l'appelle le plus fort possible. Une fois, deux fois, trois fois. Et je commence à perdre espoir.
L'image du corps d'Hamid que j'avais en tête est remplacée par celle de Maman, dans une marre de sang. Et, une nouvelle fois, je me brise en mille morceaux.
Jusqu'à ce que j'entendes des mots, en arabe. Je reconnais bien sûr cette voix.

"_Reda ? C'est toi ?
_Oui c'est moi. Maman, où es-tu ?
_Oh mon grand fils, je suis là !"

Elle sort de je ne sais où et me serre dans ses bras, comme si c'était la dernière fois.

"_Maman, vite, il faut partir !
_Attends, prends ça, c'est pour toi"

Elle cherche dans un tiroir de sa chambre et me donne un foulard noir et blanc.

"_Qu'est-ce que c'est ?
_C'était le keffieh de ton père, et celui de ton frère. Il est à toi maintenant Reda. Et donne ça à Nedjma aussi s'il te plaît."

Elle me tend une boîte, que je prends.
J'entends de nouveaux coups de feu et je reviens à la réalité.

"_Maintenant il faut qu'on parte Maman !
_Non.
_Quoi ? Mais il faut part..
_Je suis née dans cette maison, j'y ai vécu avec mon père et mes frères pendant toute ma jeunesse et j'y a élevé chacun de mes trois beaux enfants. Je ne partirais pas car je ne me résilierais pas. Je t'aime mon fils, ne l'oublie jamais et continue de te battre comme ton frère l'a fait. Dis à ta soeur que je l'aime et maintenant retourne avec elle. Protège ta famille, quoi qu'il arrive."

J'allais répondre quand quelqu'un entre dans la pièce. C'est un soldat. Il pointe son canon sur moi et tire.

Je n'ai pas le temps de réagir.

Je tombe au sol et touche mon bras.

Rien.

Pas de sang.

Je touche mon torse, mais rien non plus.

Je n'ai mal nul part.

Le soldat s'en va et je réalise que ce n'est pas moi qui a été touché mais ma mère qui est couchée sur le sol, à côté de moi.
Une tâche rouge s'étale sur son abaya, au niveau du coeur.

"_Mon fils n'oublie jamais ce que je t'ai dit. Je vous aimes toi et ta soeur."

Elle ferme les yeux et s'éteint doucement. Je reste à côté d'elle en tenant sa main et en laissant couler quelques larmes sur mes joues.

Le soldats m'avait visé, c'est sur moi qu'il voulait tirer mais ma mère s'est mis entre lui et moi. Elle est morte pour moi, j'ai survécu grâce à elle.

Je me lève, prends ma mère et l'amène à sa chambre. J'ajuste son voile, l'allonge dans le lit et ramène la couverture jusqu'à son cou. Comme si elle dormait.
J'observe les deux photos qu'il y a sur son bureau : la première a été prise à la naissance de Nedjma et la deuxième un peu avant que papa parte. Tout le monde est présent sur les deux photos, même papa et Hamid.
Je prends la deuxième et mets la première dans les mains de maman. Je récite une prière et je part pour retrouver Nedjma et Aria.

"_REDA ! On est là !
_Oh Dieu merci tu vas bien Nedjma !
_Elle est où maman ?
_Maman.. Elle... Elle n'a pas voulu venir avec moi..
_QUOI ? Mais elle est FOLLE !
_Nedjma je.. je dois te.. dire un truc"

À suivre..

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Free Palestine 🇵🇸

Reda : Lui, Elle et la Palestine Où les histoires vivent. Découvrez maintenant