Hamid.🇵🇸

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"_Hamid, laisse moi aller sur la balançoire !!
_Mais Reda, t'es trop petit, tu vas te blesser.
_JE SUIS PAS PETIT ! J'ai 6 ans et je suis GRAND !
_Ne crie pas, ils vont venir.
_Qui ça, Hamid ?
_Personne Reda, personne. Bon, tu veux vraiment y aller, sur cette balançoire ?
_OUIII !"

Mon grand frère prit mon bras et me conduit jusqu'aux balançoires. Il n'y avait personne d'autre que nous dans le parc à ce moment là. Tout était calme.
Je m'amusais et mon frère me regardait me balancer en souriant.
Et puis des hommes sont arrivés. Des soldats, avec des armes.
Quand j'étais petit, on m'a toujours dit "méfie de ceux qui portent des armes, car ceux qui te protègeront ne seront jamais armés". C'était Hamid qui me protégeait, il n'avait pas d'armes, juste des petits cailloux.
J'appelais mon frère pour qu'il fasse quelque chose, qu'il réagisse, mais il restait debout à me regarder. Moi j'étais bloqué sur la balançoire, impuissant.
Les soldats ont pointé leurs fusils sur Hamid et j'ai entendu une voix qui criait mon nom. C'était la voix de ma mère.
Moi je continuais d'appeler mon frère, en vain.
Les soldats ont tiré et mon grand frère s'est écroulé.

Et puis à ce moment là, j'ai ouvert les yeux.
J'étais dans mon lit, le front trempé de sueur et ma mère qui essayait de me réveiller.
C'était un rêve. Ouais, juste un rêve. Mais des cauchemars comme celui-ci j'en faisais chaque nuit. Toujours le même scénario : je suis avec Hamid, des soldats arrivent, je suis bloqué et ils tuent mon frère. Chaque nuit, encore et encore.

"_Qu'est-ce qu'il y a maman ?
_Emmène ta soeur à l'école s'il te plaît, mon grand.
_ Oui maman."

Nedjma a 15 ans donc elle va toujours à l'école. Moi, j'ai arrêté à la mort d'Hamid parce que je devais m'occuper de maman et de ma soeur. J'avais 15 ans, l'âge de ma sœur.
Tous les matins, j'emmène Nedjma jusqu'à son école car c'est trop dangereux pour une jeune fille palestinienne de s'aventurer seule dans Jérusalem. L'école où elle est inscrite est un établissement spécial pour nous, les musulmans. Des nombreux juifs sionistes rôdent autour du bâtiment constamment. Ils ne devraient pas, normalement ils n'ont pas le droit, mais la police israélienne est de leur côté, pas du nôtre. C'est pour ça que j'accompagne ma soeur.

Je m'habille et j'appelle ma soeur pour qu'on parte.
Elle porte l'uniforme de son école et un hijeb noir.

On marche jusqu'à son établissement, sous les regards des soldats et civils israéliens. Quand ma soeur me parle en arabe.

"_Reda, pourquoi il nous regarde comme ça chaque jours ?
_Tu le sais très bien Nedjma. Nous sommes musulmans et palestiniens, ça les dérange.
_Mais Jérusalem-est fait partie de la Palestine.
_Je sais mais..
_Ce sont NOS terres ! Et ils nous les VOLENT !
_Nedjma arrête de crier ou ils vont nous arrêter.
_Mais qu'ils nous prennent notre territoire ne te révolte pas ?
_Calme toi Nedjma. Marche en silence et baisse la tête."

Les soldats nous regardent avec insistance, la main sur leurs fusils.
Bien sûr que tout cela me révolte.
Israel prend nos villes, nos terres, nos vies, ça me révolte plus que tout.
Mais un soulèvement n'apporte que des morts. Je l'ai bien vu avec Hamid..
Les soldats israéliens ont des armes sophistiquées, financées par les Américains. Et nous, qu'est ce qu'on a ? Des cailloux, des morts et des yeux, pour pleurer.
Le monde ne s'intéresse même pas aux Palestiniens tués par Israel. Pourquoi ? Parce que les médias sont du côté israélien.
Alors oui, tout cela me révolte mais là, avec ma petite soeur seulement, je ne peux rien faire à part marcher en silence et baisser la tête.

Elle entre dans son école et je rentre à la maison.
Sur le chemin, j'entends les anciens du quartier parler en arabe, cela signifie qu'ils parlent de quelque chose que les soldats ne doivent pas entendre, alors c'est forcément quelque chose d'intéressant.

"_N'importe quoi Sayed ! Ils ne nous attaquerons pas aujourd'hui sans soulèvement !
_Ayaa, écoute moi, qu'il y ait soulèvement ou pas, ils nous attaqueront cette après-midi, pour nos chasser de nos maisons.
_Je suis d'accord avec Sayed, nous devons nous préparer à partir, et vite.
_Merci Yazid.
_Et bien moi je m'en fiche ! S'ils veulent ma maison, ils devront me tuer ! affirme Ayaa.
_Non Ayaa ! Il faut partir, c'est dangereux."

Sayed, c'est le plus vieux des trois anciens. Ayaa, c'est la seule femme, elle n'est jamais d'accord avec Sayed. Yazid est un ancien député de notre gouvernement, mais il est toujours d'accord avec Sayed. Tous les trois, ils ont perdu leurs femmes ou maris et leurs enfants dans cette guerre.

Le discours de Sayed m'inquiétait. Les soldats vont-ils réellement nous attaquer ? Même sans révolte de notre côté ?
Je rentre à la maison et parle directement de cette conversation à ma mère.

"_Maman, tu as entendu les anciens ? Ils parlent d'une attaque des Israéliens.
_Mais, mon fils, pourquoi nous attaqueraient-ils si on ne se révolte pas ?
_Je ne sais pas.
_Tu n'as pas à t'inquiéter, part au travail, récupère ta soeur à la fin de ses cours et ramène moi quelque chose avec cet argent."

Elle me donne 5 pièces et je fais ce qu'elle m'a dit.

[...]

Nedjma et moi marchons jusqu'à notre quartier. Elle a toujours son hijeb et moi j'ai de la semoule pour maman.
Avant de rentrer, nous passons à la mosquée pour prier.

"_Euh je vais rester un peu ici Reda, si ça ne te dérange pas..
_Oui, je reviendrais te chercher pour manger.
_D'accord merci."

Je marche longtemps et j'arrive devant chez moi. Je rentre et donne la semoule à ma mère qui se met à préparer le repas du soir. Je lui donne aussi la paye que j'ai reçu aujourd'hui. 10 pièces, ce n'est pas beaucoup mais cela suffit pour au moins 2 jours.
Ensuite, je vais chercher ma soeur.

Je suis avec Nedjma, devant la mosquée et on rentre à la maison, avec Aria, une fille de notre quartier qui est amie avec ma petite soeur. Elles rigolent ensemble et moi je regarde, et je réfléchis.

On arrive aux abords de notre quartier quand j'entends des cris, des coups de feu et des corps, des balles, des pierres qui tombent au sol.

Les soldats auraient-ils lancer une attaque, même sans soulèvement de notre côté ?

À suivre..

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One day, Palestine will be free.🇵🇸

Reda : Lui, Elle et la Palestine Où les histoires vivent. Découvrez maintenant