Reda : Lui, Elle et la Palestine

Sayed et Ayaa.🇵🇸

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Je me décale et découvre enfin le visage de la personne en face de moi.
C'est Yazid.

"_Oh Dieu merci ! Yazid, tu es toujours en vie !
_Et oui mon ptit, toujours debout.
_Monsieur, où sont Sayed et Ayaa ? demande Nedjma.
_Sayed savait pour cette attaque, il nous avait prévenu. Mais Ayaa n'a rien voulu entendre et est repartie chez elle après une longue dispute avec Sayed. Je suis parti avec lui jusqu'à chez moi. Il a été grièvement blessé et a succombé à ses blessures.
_Owh quelle tristesse ! Mais où est Ayaa ?
_Nedjma, Ayaa est morte. dis-je en baissant les yeux."

Yazid semble triste. Sayed et Ayaa étaient ses seuls amis depuis qu'on lui avait retiré son poste de député. Désormais, il est seul.

Il nous propose gentiment de venir dormir chez lui car il ne veut pas rester seul dans sa maison. Bien sûr, nous acceptons sa proposition avec le soulagement de ne pas passer une nuit de plus dehors. Mais malheureusement, je sais que ce sera de courte de durée. Je le vois, Yazid est très faible et je ne suis pas très certain qu'il soit encore parmi nous dans quelques mois. La fatigue l'emportera forcément un jour, le plus tard possible espérons..

Nous le suivons jusqu'à chez lui. Sa maison n'est pas en parfait état mais elle n'est pas non plus en ruines et est toujours habitable car elle est située tout en haut du quartier.
Il nous dit que l'on dormira dans la chambre d'amis qui, à la base, était celle de son fils, parti à Gaza pour combattre pour la révolution. Il n'y a qu'un lit dans la chambre. Automatiquement, je le laisse à ma petite sœur et je me contente d'un simple matelas posé au sol. Nous prenons nos couvertures, j'ai un oreiller et Nedjma en a deux.
Je donne la nourriture et l'eau que j'ai dans mon sac à Yazid et part explorer notre quartier pour trouver quelques choses qui pourraient nous être utiles.

Je passe devant l'épicerie où je
travaillais. Elle n'est détruite que partiellement et la maison de M. Barakat, le gérant du commerce, est telle qu'elle l'était avant l'attaque.
Mais lui, il n'est pas là. Je ne pense pas qu'il soit mort, sa famille est assez riche et il a du trouver refuge auprès d'un de ses cousins.

Je ne prends rien car nous avons suffisamment de nourriture chez Yazid pour quelques jours.

Je passe ensuite devant notre maison. Je recherche parmi ce qu'il en reste ce qui peut nous servir. Nos habits sont presque intactes, j'en prends plusieurs ainsi que mon tapis de prière, celui de Nedjma et celui de Maman. J'ajoute dans mon sac une photo d'Hamid, Maman, Nedjma et moi et un Coran.

Avant de rentrer chez Yazid, je décide de faire un détour en empruntant le chemin de la mosquée.
Ma colère monte en imaginant notre beau lieu de culte en ruines.
Mais heureusement, elle a été épargnée, Dieu merci.

Je reste toute la journée dehors, explorant mon quartier. Je cherchais surtout un plan B, un endroit où aller quand Yazid nous quittera.
Mais le Soleil a commencé à se coucher avant que je ne passe dans la partie ouest donc je suis rentré.
En vérité, j'étais également affamé. Je n'avais pas mangé depuis la veille au matin, voire plus.

J'ouvre la porte d'entrée et découvre directement une odeur très enivrante.
Je vais dans la cuisine et y trouve ma soeur en train de cuisiner.

"_Eh Nedjma, tu fais quoi ?
_Des fatayer pour l'asha ! (le repas du soir)"

J'adore ce plat ! Maman le faisait souvent quand nous étions petits. En fait, c'est tout simplement des chaussons aux épinards et à la viande hachée. Mais c'est tellement bon ! On va se régaler.

"_Ma petite, ce plat est délicieux ! dit Yazid.
_Oh merci monsieur. Mais, vous savez, c'est super facile à faire.
_Explique nous alors."

J'observe silencieusement ma soeur, qui décrit toute la recette à Yazid. Je suis si fière de Nedjma, elle s'occupe de nous comme Maman le ferait.
Et elle devient de plus en plus belle, comme ses frères.
On dirait une étoile dans cette guerre. Elle rayonne et personne ne pourra éteindre la lumière qu'elle transmet.

"_.. Et ensuite, il ne reste plus qu'à servir et à déguster ! achève Nedjma.
_ Merci petite !
_En tout cas, c'est très bon, je te félicite Nedjma. dis je d'un œil bienveillant à ma sœur."

Elle sourit et rougit un peu, elle est mignonne. Nous continuons notre repas.
Pour l'hilew (le dessert), Yazid nous a fait déguster des baklavas, ça faisait longtemps que je n'en avait pas mangé.

Nous avons prié et nous sommes partis nous coucher.

[...]

Tout ceci a durer pendant presque un an. J'appréciais ma vie avec Nedjma et Yazid. Mais ma sœur semblait toujours malheureuse et la santé de l'ancien se dégradait petit à petit. Je regrettais ma vie d'avant, mais je n'avais pas le choix. Ma vie était ainsi, il n'y a que Dieu qui pouvait y changer quelque chose.

Avant cela, je n'étais pas très pieux. Je croyais fortement en Dieu, bien sûr, mais je manquais souvent certaines prières. Yazid, par sa sagesse et sa foi, m'a aidé à me tourner un peu plus vers la religion, sans jamais me juger ou me forcer.

L'ancien député, qui avait gardé des bonnes relations avec ses collègues au gouvernement, nous tenait au courant de ce qu'il se passait en Europe. Il nous a dit que l'ONU se battait pour notre cause, qu'ils nous soutenaient, mais que les États-Unis continuait de financer Israel pour nous tuer.
Je me vengerai.

Reda, ne te laisse pas submerger par te haine, tu vaux mieux que ça.

Oui, mieux que ça.
Je me bats pour la liberté de mes terres avec mes propres moyens. La Palestine n'est financée par aucune puissance. Mais elle résiste quand même, face à la grande Maman Amérique et son enfant Israel.

C'était une période heureuse pour moi. Je me disais presque que nous avions un peu de "chance" et d'espoir dans ce monde.

Jusqu'à un jour..
Ce jour, il est arrivé un truc qui a fait s'effondrer notre petit monde paisible.

À suivre...

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One day, Palestine will be free.
🇵🇸