Maman.🇵🇸

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Toute ma vie j'ai redouté ce moment : devoir annoncer la mort d'une personne importante à mes proches.
J'avais dû le faire pour Hamid et maintenant encore une fois pour Maman.

Mais je crois que mes yeux ont parlé pour moi car Nedjma a tout de suite compris ce qui est arrivé.

Ma petite soeur craque, littéralement, elle s'écroule sur le sol et fond en larmes. Elle crie et demande ce que notre famille a fait pour mériter ça, ce que notre peuple a fait pour mériter ça.

Je réfléchis à ses paroles et n'y trouve pas de réponses. Nous n'avons rien fait. Maman n'avait jamais blessé personne et Hamid n'avait jamais tué personne.
Chaque jour dans mes prières je demandais à Dieu de protéger ma famille.
Mais ça n'a pas suffit.
Peut-être qu'il n'a pas assez entendu mes prières, peut-être n'ai-je pas assez prié ?
Je ne le saurais jamais car le mal est fait.
Ce qui est fait, est fait, pas de retour en arrière.

Aria essaye de consoler ma soeur, mais c'est peine perdue. Elle ne se remettra jamais de la mort de maman, je le sais.
Nedjma est trop jeune pour perdre son frère et sa mère, elle est trop jeune pour entendre tous les cris et les coups de feu qui proviennent de notre quartier.

Elle est trop jeune pour cette guerre.

Cette guerre est notre passé, notre présent et notre futur, à nous, Palestiniens. Mes parents ont connu cette guerre, je la connais aujourd'hui et mes enfants la connaîtront à leur tour. C'est comme ça.

"_Aria, tu habites dans quelle maison ? dis-je.
_Au numéro 14.
_D'accord je vais aller voir si il y a quelqu'un, si tu veux."

Elle réfléchit quelques instants et finit par refuser ma proposition.
Elle décide de rentrer chez elle, seule.

"_Reda ?
_Oui Nedjma ?
_On va faire quoi maintenant ?
_Ma soeur, il est clair qu'on ne peut pas rester ici plus longtemps. Je crois qu'il y un hôpital pour nous pas loin. On va y aller et.. et après, on verra.
_D'accord
_Au fait, Maman m'a donné ça pour toi."

Je lui donne la petite boîte que Maman m'a donné, elle la prend et l'ouvre.
A l'intérieur, il y a un collier en or avec une chaîne double et un pendentif en forme de croissant de lune. Il ressemble un peu à celui-ci :

Ce collier est celui que maman a eu, de la part de sa mère qui l'avait également hérité de sa mère, à son mariage

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Ce collier est celui que maman a eu, de la part de sa mère qui l'avait également hérité de sa mère, à son mariage.
Il se transmet de mère en fille dans notre famille. C'est aujourd'hui au tour de Nedjma de l'avoir.
Je lui propose de lui mettre mais elle refuse, range le collier dans sa boîte et me donne pour explication :

"Maman a eu ce collier à son mariage, grand-mère aussi. Je ne peux pas accepter ce cadeau avant mon propre mariage."

Je reprends la boîte et la remet dans mon sac.

[...]

Nous marchons longtemps, jusqu'à ce qu'on arrive à l'hôpital.
Lorsque j'entre, je vois des personnes gravement blessées qui attendent qu'on s'occupe d'elles, des enfants qui ont besoin de soins, dans les bras de leurs parents et des larmes. Beaucoup de larmes.
Les infirmiers essayent de s'occuper de chacun mais sont complètement débordés.
Je réalise que ma petite sœur et moi n'avons rien à faire ici. Nous avons besoin de boire et manger mais sinon, tout va bien pour nous.

"_Nedjma, notre place n'est pas ici. Regarde tous ces gens, ils ont plus besoin d'être ici que nous.. dis-je à ma soeur.
_Oui tu as raison, partons."

Je sors de l'établissement en suivant ma sœur, quand une voix m'interpelle :

"_Hey ! Où partez-vous ? On a besoin de votre aide ici !"

Je me retourne pour voir la personne qui m'a parlé.
C'est une femme, enfin non, une fille, de mon âge environ. Elle porte un keffieh noir et blanc comme le mien sur les cheveux et a les yeux noirs.
Elle est belle, vraiment.

Mais qu'est-ce que tu dis Reda ? Il ne faut pas parler comme cela d'une fille que tu ne connais pas ! Hamid t'a bien appris le respect des femmes pourtant.

Nedjma se dirige vers elle et moi, je suis ma sœur sans prononcer un mot.

En me rapprochant, je me rends compte que ses yeux ne sont pas noirs mais bleus très foncé. Ses sourcils sont droits, ni trop fins, ni trop épais. Elle a des tâches de rousseur sur les pommettes et des cils incroyablement longs. Elle ne porte pas de maquillage mais elle est magnifique, naturellement.

Eh reprends-toi ! T'es pas là pour l'admirer, et puis, tu ne vas quand même pas tomber amoureux maintenant, en pleine guerre. L'amour n'a pas sa place dans la guerre Reda.

Cette voix dans ma tête me ramène à la raison. Nedjma et la fille sont en train de s'activer mais moi, je ne connais pas la médecine, je suis inutile ici.

"_Qu'est ce que tu attends ? me demande la fille d'un ton sec.
_Je ne sais rien de la médecine ou des premiers secours, je ne sais pas quoi faire ici.
_Viens avec moi.
_D'accord."

Je la suis, sans savoir où nous allons.
Elle marche vite et semble agacée par ma présence.

Nous arrivons dans une pièce avec des enfants. La plupart sont blessés mais pas gravement. La femme qui les surveille s'approche de nous d'un air interrogateur.
La fille lui dit alors :

"_C'est bon, Asiyah, il va te remplacer, tu peux partir au bloc A."

Asiyah s'en va et la fille se met à m'expliquer où nous sommes et ce qu'elle attend de moi ici.

"_Ici, on est dans le bloc B. Dans ce bloc, ce sont les personnes qui ont besoin de plus "petits" soins que celles du bloc A ou C. Le bloc A, c'est celui que tu as vu tout à l'heure, c'est les urgences. Le bloc C, on appelle ça les soins palliatifs.
Ton but, dans cette salle, c'est de surveiller ces enfants et de les protéger, réconforter etc. Ca doit être dans tes cordes ça, non ?"

Elle me parlait sèchement, mais ça faisait son petit charme.

Roh mais qu'est-ce que tu dis ? Tu ne sais rien sur elle Reda !

Bref, elle m'a aidé à m'occuper des nourrissons car c'était pas vraiment mon truc.
Mais je ne connais toujours rien sur elle.
Je meurs d'envie de lui demander juste de me dire son prénom mais la petite voix dans ma tête m'en empêche.

Oh et puis tant pis ! Je n'ai rien à perdre, je lui pose la question.

"_Hm, comment.. comment tu t'appelles ?"

À suivre..

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End the occupation.🇵🇸

Reda : Lui, Elle et la Palestine Où les histoires vivent. Découvrez maintenant