Nous roulons depuis maintenant deux heures. Je regarde le paysage effacé par l'épais brouillard qui nous entoure et essaie tant bien que mal de le prendre en photo. La route depuis Chicago jusqu'à Pittsburgh est assez longue, donc je fais passer le temps comme je peux. Mon frère joue avec ses figurines super-héros en leurs imaginant des aventures. Je me suis à plusieurs reprises reçue super-man dans la figure parce que d'après mon petit frère, je cite : « Un super-man qui ne vole pas n'est pas un super-man ! ». Mais bon je fais avec et ne dis rien pour le plus grand plaisir de ce petit monstre qui continue de s'amuser sans se préoccuper de moi.Je regarde ma mère qui tente de démentir ce que lui dit mon père :
- Chris, tu dis n'importe quoi ! Je ne ronfle absolument pas quand je dors !
- Oh que si ma chérie ! J'ai l'impression d'avoir un homme à coté de moi. C'est assez perturbant...
J'éclate de rire après ce que vient de dire mon père.
- Et toi tu rigoles en plus !!! Où est passée la solidarité féminine ?! Me sermonne ma mère.
- Elle s'est enfuie très très loin ! Dis-je tout en rigolant.
Mon père se retourne vers mon frère et lui demande :
- Et toi Sam, tu en penses quoi ?
Il n'a pas le temps de répondre car ma mère hurle :
- CHRIS, ATTENTION !!!!!
Je me réveille en sursaut, les larmes dévalant mes joues. Je hurle à plein poumons et ma voix déraille me provocant une quinte de toux violente. La porte s'ouvre brusquement laissant apparaître mon père qui accourt vers moi le visage déformé par l'inquiétude. Il me prend dans ses bras et je me sens tout de suite en sécurité. Il me serre contre lui et me rassure :
- Chut... chut... ça va aller mon lapin... calme toi, ça va aller...
- Je...j'en ai assez. Je...je suis fatiguée papa. Dis-je entre deux sanglots.
- Je sais mon lapin, je sais... Moi aussi je veux que ça s'arrête. Me dit-il en caressant me cheveux.
- J'ai peur papa... J'ai peur qu'il revienne pas.
Je pleure encore et encore, évacuant toutes ces larmes que je retiens depuis six longs mois. Je suis à bout, à bout de force. Je n'en peux plus de faire semblant, de faire croire aux gens que je vais bien alors que c'est totalement faux. Ils ne remarquent même pas que mes sourires sont hypocrites, qu'au fond de moi, depuis cet accident, tout est détruit, qu'il n'y a plus rien hormis un vide, un immense vide que rien ni personne ne pourrait combler. Dans les bras de mon père je me remémore cette soirée où tout en moi s'est écroulé, où ma vie entière a basculée.
Flash-back :
Tout est noir, je ne sais pas ou je suis. Des voix au loin me parviennent mais j'arrive très difficilement à décrypter ce qui se dit :
- Appelez les urgences pour les prévenir de notre arrivée.
- Chargez à 300 ! Encore !!!
- Prenez le petit garçon, je vais m'occuper de la fille.
Je me sens soulever du sol puis plus rien.
Bip, bip, bip
Le bruit incessant des machines me réveille. J'ouvre les yeux mais les referme aussitôt. J'essaie de me lever mais une douleur lancinante à la jambe m'en dissuade. Je tente une seconde fois d'ouvrir les yeux mais une lumière blanche m'aveugle. Je comprend tout de suite que je suis dans une chambre d'hôpital. La porte en face de moi est entrouverte et j'entends des infirmières discuter :
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L'aigle noir
Teen FictionBrisée depuis la mort de sa mère quelques mois plus tôt lors d'un accident, Alyssa ne vit plus que pour une chose : son petit frère tombé dans le coma. Lorsque la rentrée arrive, Alyssa doit non seulement réapprendre à vivre avec le regard des autre...