L'aigle noir

Chapitre 5

PDV Nathan :

Je la regarde partir en courant, ses longs cheveux bruns volant derrière elle. Je ne comprend pas cette fille. Elle est vraiment bizarre. Se mettre à pleurer d'un coup comme ça, c'est un signe très clair d'un problème bien profond. Je ne sais pas ce qu'il lui est arrivé mais elle est sacrément amochée.

Je récupère mes affaires pour les ranger dans mon sac noir. Je regarde mon carnet de croquis ouvert à la même page que toute à l'heure. C'est vraiment con ce projet par deux. Il veut tout faire pour nous faire chier ce prof. Pendant toute l'heure assis en face d'elle, je ne dessinais pas ma « personnalité », je la dessinais elle, Alyssa. C'est vraiment un beau prénom. Je ne sais pas pourquoi j'ai fait ça, j'étais comme obligé, mon corps se dirigeait tout seul. Mon crayon la dessinait de lui même sans que je m'en rende compte. Il traçait la forme ovale de son visage, la courbe de ses lèvres. Il dessinait ses yeux en amande, ses cils noirs et fin ainsi que l'arrondi de ses sourcils bruns. J'ai ensuite ajouté de la couleur pour ses yeux d'un vert intense presque magique, les touches dorées et bleutées qui se mélangent en parfaite harmonie créant ces yeux hypnotisants, ce regard profond qui vous marque à jamais. Je regarde ce dessin inachevé, manquant cruellement de couleurs. Seuls les yeux ressortent de ce visage en noir et blanc. Je fais rarement des dessins en couleurs, je préfère les portraits en noir et blanc qui vous laissent imaginé la palette de couleurs de la personne. La grande majorité des croquis de mon carnet son faits au fusain ou au crayon à papier. Les quelques exceptions datent d'avant tout ça quand on était encore heureux et que je voyais la vie en couleur.

Je traverse le couloir du lycée en me demandant une dernière fois si je vais me rendre en cours ou pas. J'ai quand même pas fait tout ça pour sécher ensuite. Et puis merde des cours y en aura d'autres ! J'arrive sur le parking et monte dans ma vielle voiture. Je l'ai réparé des dizaines de fois et elle est toujours en vie. Je ne sais pas de quand elle date, très certainement d'avant la naissance de mon grand-père. Je l'ai héritée de lui quand il est décédé. Il me l'avait gardée dans son garage en attendant que j'ai mon permis. Il est mort cette année là. Quand je l'ai récupérée, elle ne roulait même plus, les roues étaient crevées et le moteur complètement cramé. La carrosserie était toute rouillée et les rétro cassés. La voiture était entièrement à refaire. Merci grand-père. Je suis presque sûr qu'il a fait exprès de me la laisser dans cet état pour que je puisse la restaurer moi même. Pour me tester peut-être. Où juste me faire chier une dernière fois comme ça. On passait des après-midi entières à bricoler ensemble. On réparait des moteurs, remontait des roues, repeignait des carrosseries. C'était la belle époque.

J'insère la clé et allume le monteur. Je démarre et quitte le parking pour m'engager sur la route. J'arrive chez moi une demi-heure plus tard et me gare en bas de l'immeuble en pierre, sale et tagué. Sûrement mon frère et sa bande de copains. Je pousse la porte grinçante et entre dans le bâtiment. Un odeur de cigarette et de renfermé règne dans le hall. Je ne fais pas attention à Jerry, l'ivrogne de service qui baigne dans son vomi en bas des escaliers et monte au troisième étage. J'arrive devant la porte numéro 117 et l'ouvre difficilement. Les verrous sont rouillés et à chaque fois c'est la guerre pour ouvrir la porte. Je rentre à l'intérieur de l'appartement et retire mes chaussures. Quand j'arrive dans la toute petite cuisine, ma mère et en train de faire la vaisselle. Je m'avance vers elle en trébuchant sur le sac poubelle au sol.

- Salut maman.

- Oh Nathan ! Tu as déjà fini les cours ? Me dit-elle en se retournant.

- Heu... non en fait il me reste encore deux heures.

- Je t'ai dit quoi sur les études ? C'est important Nathan !

- Je sais mais...

- Arrête s'il te plaît. Me dit-elle la voix lasse. C'est la dernière fois.