Aujourd'hui

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Ce soir ça fait un an que j’ai rencontré Alice mais surtout cela fait un an que je n’ai plus de nouvelle de mes parents. Déjà un an, c’est passé si vite, j’ai l’impression que cette dispute a éclaté pas plus tard qu’hier. Je pourrais être mort qu’ils n’en sauraient rien, en même temps je ne pense pas que ça leur poseraient de gros problèmes si je venais à disparaître. Je me demande ce qu’ils ont fait de mes vieilles affaires, sûrement les auront-ils jetés.
Tiens ?
Il pleut.
Aujourd’hui je l’aime. J’aime cette légère pluie qui vient s’écraser au sol. Avant j’étais comme la plupart des gens, je détestais cette eau qui me trempait et arrivait parfois à me rendre malade mais après “l’accident”, je l’ai aimée. Elle me permet de cacher mes larmes et me réconforte en pleurant à mes côtés. Les gens la fuient et la haïssent mais moi je voudrais qu’elle reste constamment avec moi. Ces milliers de minuscules gouttes arrivent à me réchauffer plus que le soleil lors d’une journée d’été, elles m’enveloppent et me transmettent toute leur chaleur. Souvent, quand le ciel est aussi déprimé que moi, je sors me balader dans les rues, comme ce soir là. Je continue mon chemin le regard vide, mon esprit vagabondant entre des dédales de pensées plus ou moins sombres.

Soudain quelque chose m'aveugla. Le temps que je comprenne d'où venait cette lumière il était déjà trop tard, une voiture me fonçait dessus, klaxonnant fort, sûrement pour que je m'écarte du chemin.
Pourtant je ne fis rien, mes jambes refusaient de bouger ne serait-ce que d'un millimètre.

C'est amusant j'ai une vague impression de déjà vu. Ah oui, c'est vrai, c'est dans cette même rue que j'avais essayé de me tuer. C'est tellement irréel qu'il se passe exactement la même chose que j'ai l'impression de rêver, ou de cauchemarder, selon les points de vue.
Je n'avais pas remarqué mais il a cessé de pleuvoir, je peux le dire car j'arrive à sentir une larme couler sur ma joue déjà rougir par le froid. Je ferme mes yeux, revoyant une dernière fois la dispute entre ma mère et moi, j'aurais aimé m'excuser et tout recommencer à zéro mais il semblerait que les derniers mots que nous échangerons seront à jamais ceux qui ont été prononcés ce soir là.

Cette fois-ci personne ne me tirera en arrière. Alors que la voiture me percute une douleur sourde se répand rapidement dans tout mon corps, je me fais projeter à quelques mètres puis retombe lourdement sur le sol bétonné. Je pense que je me suis cassé une côte car à chaque respiration ma poitrine me fait atrocement souffrir, ma jambe gauche ne doit pas être en meilleur état puisque je ne la sens plus du tout.

Du sang s'écoule de ma tête, c'est une sensation étrange, mes cheveux se collent à la plaie et j'ai chaud. Mes battements de cœur ralentissent progressivement et une grande fatigue m'envahit. Alors que mes yeux se ferment petit à petit pour laisser place à l'obscurité, je sens quelqu'un me secouer légèrement l'épaule. La dernière chose que j'entends avant de m'évanouir est une personne paniquée, sûrement celle qui m'a renversé, appeler une ambulance.

Terraink : Les moeurs de mon coeurOù les histoires vivent. Découvrez maintenant