Chapitre 21 : Temps figé

8 2 4
                                    

Mon regard parcourait ma bibliothèque, alors que mes doigts empoignaient un bouquin, un livre tomba au sol. La couverture noir ne portait aucune inscription.
Intriguée, je me baissa pour le prendre. J'allais m'asseoir sur le bord de mon lit avant de poser le livre sur mes cuisses. Je l'ouvris religieusement.
Des photographies s'offraient à moi, révélant mon passé.
Ces sourires figés par le temps qui resteront à jamais sur ces visages. Ces yeux brillants, ces corps simplement entrelacés resteront immobiles à jamais.
Seul ces moments gelés renferment le bonheur passé, oublié.
Pourquoi a-t-il fallut que tout cela arrive ?
Je ferai n'importe quoi pour revivre ces moments. Ressentir la joie qui emplit ces visages lumineux. Pour me rappeler de toi.
Les larmes roulèrent sur mes joues.
Me voir, souriante, entouré de mes proches, sans aucuns souvenirs, me faisait souffrir.
Avoir effacé ces moments de ma mémoire.

Mes doigts caressèrent doucement le visage d'Edan. Un sourire glissa sur mes lèvres.
Pourquoi ai-je le sentiment qu'il était important pour moi ?
Pourquoi le regardais-je avec ces yeux ?

Plus les pages défilaient, plus le bonheur s'envolait. Les visages étaient mornes, sombres.
Une photo m'interpella. Je me trouvais au centre, entouré d'Edan et de Kévin. Mes joues roses étaient durement tirés dans un petit rictus.
Edan, le visage froid, ses mains dans les poches de son jean noir.
L'ambiance n'était plus la même.
Que s'était-il passé ?

C'était le dernière photo. La dernière de cette album.
Pourquoi s'arretait-il ainsi ? Avais-je eu mon accident après cela ?
Je fermais fortement les yeux.
Je veux me souvenir.

Ma poitrine se serrait de plus en plus, je suffoquais. La panique s'empara de moi
Je me saisis de mon téléphone avant de composer son numéro. Les tonalités retentissent.
"Allô ?
-Edan, dis-je dans un souffle étouffé
-Cécilia,  que se passe-t-il ?
Ma main tremblait.
-Vient vite, j'ai peur.
-J'arrive !"
Que m'arrive-t-il ?  Je suis terrifiée.

Ma porte s'ouvrit avec fracas. Edan venait d'entrer dans la chambre. Je tremblais, lorsque nos yeux se croisèrent il se précipita sur moi. Il me serra, de toutes ses forces, contre lui.
"Je suis là, calme toi.
-Pourquoi je ne me souviens pas...
Seul cette phrase sortait de ma gorge.
Sa main glissa dans mes cheveux.
-Aide moi, Edan.
Il plongea son regard dans le mien.
-Tu me fais confiance ?
J'hocha la tête.
-Ne bouge pas.
Son visage s'approcha du mien.
Mon coeur s'affola. Qu'est-ce qu'il fait ? Son souffle s'abattait sur mes joues brûlantes. Ses lèvres frôlent les miennes avant de s'y déposer doucement. Sa bouche n'était entrée en contact avec la mienne que quelques secondes pourtant j'avais l'impression que ça avait durée une éternité. Il posa son front contre le mien tendrement.
-Tu t'en souviens ?
Alors il m'a déjà embrassé.
-Je suis désolé...
Il secoua la tête en prenant mon visage dans ses mains.
Il ne dit rien. Il ne bougea pas. Il resta contre moi. Sa tête contre la mienne, comme si il essayait de me partager ses souvenirs.
Edan s'éloigna de moi après ce moment de tendresse. Son visage c'était assombri.
-Oublie ça.
Je fronça les sourcils.
-Pourquoi ça ?
-C'était une erreur.
A ce moment quelque chose se brisa en moi.
Il recula d'avantage de moi. Je lui attrapa la main.
-Edan...
Il me regarda un moment.
-Lâche moi.
Je secoua vivement la tête.
Il arracha ses doigts des miens mais je lui rattrapa aussitôt avant de les poser sur ma poitrine.
-Pourquoi... Pourquoi tu me fais ça ? Pourquoi mon coeur s'emballe à chaque fois que tu me touches ou me regardes ?
Il écarquilla les yeux. Il resta un long moment immobile avant de se reprendre et de s'éloigner de moi.
-Ça ne doit être rien de très important.
Il se leva et se mit de dos.
-Tu as perdu la mémoire, tu dois t'accrocher à la seule personne qui est là pour toi. Voilà tout.
Il allait passer la porte mais il se tourna vers moi.
-Alice fait une fête ce week-end, tu veux venir ?
-Pourquoi pas.
Il acquiesça.
-Je passerai te prendre."
Après avoir dit ces mots, il disparut derrière la porte.
Je toucha du bout des doigts mes lèvres.
Ce baiser restera ici, dans ces pages.

Pour toujours...Où les histoires vivent. Découvrez maintenant