Chapitre 4: Prémonition

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J'ouvris les yeux. La pièce était plongée dans la pénombre. Le sol sur lequel j'était allongé était fait de bois. La pièce semblait balancer de gauche à droite, continuellement. Cela me donnait la nausée. J'essayais de m'asseoir, mais mon corps était tout endolori. Je remontais ma chemise. Mon torse et mon abdomen étaient couverts de bleus. Une longue entaille couvrait mon ventre. Que m'était-il arrive ?

Je regardais autour de moi, mes yeux s'habituant peu à peu à l'obscurité ambiante. Je devais être dans une cale de bateau, la lumière provenant d'une unique grille, fixée au plafond. Je distinguais la lune, brillant d'un blanc pur, à travers ces barreaux métalliques. Le vent s'engouffrait par cette ouverture, et l'air frais vint effleurer ma peau.

Soudain j'entendis un bruit. Très léger tout d'abord, qui s'amplifiait.
Je tournais la tête en direction de ce bruit. Je distinguais alors une silhouette, sur le sol. La lumière me révélait peu à peu les détails de cette chose.
Cela ressemblait à un homme, d'un âge avancé. Son visage était blafard, et il avait les traits tirés, comme il souffrait. Il semblait amaigri. Il y avait un détail important que je n'avais pas remarqué. Il lui manquait la moitié du corps.

Une longue trace sanglante courait derrière lui, jusqu'au coin de la cale. Ça et là, on pouvait apercevoir des morceaux sanguinolents, qui devaient être ses entrailles.
Ses intestins étaient répandus sur le sol, et trainaient derrière son tronc sectionné.
Le bruit que j'avais entendu était en réalité un gémissement.
Je reculais, en poussant un cri d'effroi.

Il leva la tête en ma direction. Il avait remarqué ma présence. Il commença à gratter le sol avec ses ongles, ou du moins ce qu'il en restait: il avait les mains couvertes de sang, et la peau arrachée.
Il se déplaça lentement vers moi, en glissant mollement sur le sol. Ses gémissements s'étaient transformés en cris guturaux, et sa respiration était sifflante.
J'étais terrorisé. Mes jambes étaient comme fixées au sol, et je ne pouvais détacher mes yeux de cette vision d'horreur.

Soudain il s'arrêta, à quelques pas de moi. Il leva son bras, et pointa quelque chose du doigt. Il désigna quelque chose derrière moi.

Je pivotai lentement sur moi même, et regardai dans cette direction​.
Au début je ne voyais rien, à cause de la pénombre. Puis peu à peu, je distinguais des symboles, écrits sur le mur. Des traces de sang, qui formaient des mots. La lumière de la lune se fit plus intense, et je pus lire distinctement le message.

"NE PRENDS PAS LE BATEAU"

Je me réveilla en un sursaut. Des gouttes de sueur perlaient sur mon front. Je regardai autour de moi. C'est bon, j'étais dans ma chambre.

Puis soudain, je fondis en larmes. Qu'est-ce que cela voulait dire ?

Les Aventures d'OwensOù les histoires vivent. Découvrez maintenant