Un conte et rêve d'enfance

Première dance

Les rideaux s'ouvrirent, dévoilant une scène parfaitement éclairée, dont le sol étincelait encore de propreté.

Le pianiste était déjà installé. Ses longs cheveux noirs attachés en arrière et son costume impeccablement repassé lui valurent quelques railleries de la part des coulisses.

Les ignorants royalement, il porta ses mains au clavier, ses doigts effleurant à peine les touches du premier accord.
Il jeta un coup d'œil à la demoiselle au centre de la scène. Fin prêt.

La jeune fille, de son côté, prit une profonde inspiration, et se positionna. Elle portait un justaucorps légèrement bleuté, ainsi qu'un tutu souple à sa taille. Simple, mais raffiné. Des rubans étaient enroulés autour de ses jambes, formant des croisements réguliers. Cependant, on notait qu'ils n'atteignaient pas la même hauteur d'une jambe à l'autre.
Quant à sa coiffure, ses cheveux noirs aux reflets bleus avaient été attachés en un strict chignon, surmonter d'une couronne de plumes blanches.

Elle regarda à son tour le pianiste.

Ils acquiescèrent d'un même mouvement, et le spectacle débuta sous les yeux du jury et du public.

La jeune fille se décala sur la pointe des pieds vers la gauche, en déployant majestueusement ses bras, les faisant battre, tel un oiseau en plein vol. S'inclinant, plus se courbant avec grâce et enchaina chaque mouvement avec beauté, tandis que la musique l'accompagnait avec un naturel qui était dû aux innombrables heures d'entraînement.

Elle effectuait un arrangement de la très connue œuvre "Le lac des Cygnes" de Tchaïkovski.

Sa représentation était une simplification de la version originale, évidemment. Mais elle réalisait chaque mouvement, chaque saut et chaque pas à la perfection. Sa performance était irréprochable pour son niveau. Elle s'appliquait pour chacune de ses enjambés, afin de devenir un somptueux cygne.

La représentation se poursuivit, et la demoiselle restait toujours aussi éclatante. Chacun de ses gestes étaient si pur qu'il n'y avait plus aucun doute au bout de quelques minutes : elle ne jouait plus le cygne. Elle était devenue le cygne. Un cygne aux traits durs, dont le destin se voulait tragique. Ses pas s'accélérèrent. Sa souffrance marquant de plus en plus sur son visage.

Le cygne souffrait.

Le piano, qui jusqu'à présent avait joué avec intensité pour illustrer la violence du passage, commença à se calmer, non pas que la souffrance de l'oiseau blanc s'apaisait, mais plutôt qu'il succombait lentement. Il faiblissait et fini par se briser au sol.

Le publique applaudit immédiatement la prestation de la jeune fille.

Elle avait été captivante dans son rôle.

Cette pensé était partagée par la majorité de personnes présentent dans la salle, mais tout particulièrement par un jeune homme, du même âge que la jeune danseuse.

Son visage n'était que faiblement éclairé par les lumières venant de la scène, mais suffisait pour apercevoir la lueur de ses yeux verts, émerveillés, et sa bouche à demi-ouverture, ébahis. Il regarda la jeune fille se relever, saluer le public avec grâce, un sourire étincelant au visage. Il la trouvait tout simplement éblouissante.

Cela n'échappa pas à sa mère, qui fût agréablement surprise de voir son fils porté autant d'intérêt à ce spectacle.
Elle se pencha vers le blondinet et de lui chuchota à l'oreille :

《C'est une élève de Miraculous.

- Miraculous...》 répéta rêveusement le garçon. 《Miraculous...》