Désespérée

Chapitre 3

  La journée se finit s'en encombre, même si Jennie ne m'adresse plus la parole, Héloïse n'est pas loin de faire la même chose mais elle est trop occupée avec Maxime, ah celui là ! Non, vaut mieux ne pas en parler. Heureusement qu'il y a Lola pour me remonter le moral en faisant des grimaces et Mathilde pour me raconter des blagues qui, tellement ne sont pas drôle me font rire. Et il y a Ilysse, des fois elle vient me voir et me prend dans ses bras en me disant que je peux compter sur elle, pour toujours.

  Je rentre à pied avec Emilie qui m'héberge gentiment tous les soirs chez elle le temps que ma mère finisse son boulot. Avant j'allais aussi chez Jennie, mais bon... ça s'était avant. On chante sur le chemin du retour, elle gesticule dans tous les sens à côté de moi, en t'en normal ça me fait rire, mais mon coeur est trop lourd pour rire ce soir.
  On arrive chez elle, nous sommes seules, je pose mon sac sur le sol et mon dos craque.
  "-Putain ! Sa mère ça nique, hurle-je, yah, je suis une grand-mère alors que j'ai que 15 ans, ça me soule.
-Vas voir un médecin, me répond-t-elle.
-Merci captain obvious, tu crois pas que je l'ai déjà fait."

Oui je l'ai fait, et refait mais personne ne trouve ce que j'ai. Un coup c'est ma croissance, ça va passer, un coup c'est ma colonne il faut qu'elle se repose donc boum six mois sans sport. Mais mon cul, après les six mois j'avais encore plus mal. Alors maintenant je fais à ma manière, pendant un an je n'ai pas pu faire de sport à cause d'entorses, de mon dos, de conneries comme ça et pourtant ça n'a aboutit à rien du tout. Le sport pour moi, c'est ce qui me tient encore en vie, c'est ce qui me fait détourner les yeux quand ils fixent cette poutre, c'est ce qui me fait encore respirer et tenir debout, c'est ce qui fait que j'ai encore un peu d'espoir et que je ne suis pas encore totalement désespérée. Alors m'empêcher de faire du sport c'est m'empêcher de vivre.

Une heure plus tard ma mère me récupère chez Emilie. Aussitôt dans la voiture je mets mes écouteurs, ils me permettent de mettre une barrière, de fuir la vérité. La musique m'aide aussi beaucoup, j'ai l'impression d'être dans un autre monde.
"-Tu as reçu des notes aujourd'hui ? Demande ma mère.
-Oh non, mieux que ça.
-Quoi donc ?
-Si tu savais, réponds-je la mâchoire serrée, au fait oublie pas mercredi on passe prendre Héloïse avant d'aller au volley, enfin si tout se passes bien.
-Pourquoi si tout se passe bien ?
-Pour rien, oublie."

Et je monte le son de la musique. Mes yeux se ferment, j'inspire et expire pour me calmer. Les gens pensent que je suis forte, mais si je ne savais pas prendre sur moi, si je ne savais pas calmer mes pulsions je serais, je crois, la plupart du temps en train de pleurer. Mais je ne veux pas qu'ils le voient.

Une fois douchée et en pyjama je me couche dans mon lit. Je regarde des vidéos et écoute de la musique jusqu'à ce que mes yeux n'en peuvent plus alors j'éteins mon téléphone et essaye de m'endormir, mais impossible sinon ce ne serait pas drôle. Je fixe la fenêtre en face de mon lit, la lune est pleine, elle éclaire le ciel et ma chambre. Les étoiles scintillent. Je repère la plus imposante et joins mes mains.
  "-Si tu m'entends, je t'en pris reviens, c'est plus drôle, hein, dis moi que ce n'est qu'un rêve, que ce n'est pas vrai, que je vais me réveiller.
Les larmes coulent sur mes joues tandis que je crie.
JE T'EN PRIS, S'IL TE PLAÎT, REPONDS MOI, POURQUOI ? POURQUOI, POURQUOI !!! PUTAIN!
Ma voix tremble et n'est plus qu'un soupir.
Je n'ai plus la force de me battre, je suis faible, je ne vais pas y arriver, s'il te plaît, dis moi pourquoi."

  Et le sommeil s'empare de moi, je n'ai plus de force, je ne suis plus celle que j'étais, je ne suis plus que son ombre qui au moindre effort est prête à s'évanouir.

  Le réveil sonne comme tous les matins, je me dis que ce serait mieux si je restais dormir mais me lève quand même comme tous les matins, me prépare comme tous les matins et passe devant ce tiroir mais ne l'ouvre pas comme tous les matins.