Chapitre 21

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Cela fait plusieurs jours que je dors mal, certes je retrouve chaque soir Maxime au parc où l'on se console comme l'on peut, chaque soir il est un peu plus amoché mais me sourit tristement et je sais que nous ne pouvons rien faire.
Si je dors mal c'est pour la simple et bonne raison que la douleur dans ma cuisse gauche ne fait qu'augmenter un peu plus chaque jour, elle ne diminue pas et elle m'empêche de me lever, de me m'assoir et même de marcher. À vrai dire je suis arrivée à un stade où le moindre mouvement me fait pousser un cri de douleur. Vous n'y croyez pas ? N'ayez jamais de sciatique, c'est un conseil d'ami. Oui j'ai une sciatique, à mon âge, oui, c'est même le médecin qui l'a dit, et ouais je suis allée chez le médecin, et en plus de ça, il a vu que ma tension était bien trop faible, que j'avais perdu du poids, que je ne ressemblais plus à rien avec ces cernes et que j'étais extrêmement faible. Il m'a dit d'aller passer un scanner à l'hôpital sauf qu'ils n'acceptent pas, parce que soit disant je suis trop jeune, mon dieu oui c'est sûr c'est ça qui va me tuer, m.d.r. Après plusieurs recherches on a enfin trouvé un hôpital pour enfants qui a accepté de me prendre dans quelques semaines. Mais pour l'instant aucuns sports, pour l'instant je dois me shooter aux inflammatoires et essayer de ne pas crier quand j'ai le malheur de changer de position dans mon canapé. Ah bah pour quelqu'un qui ne veut pas aller en cours ça pourrait lui faire une bonne excuse mais quitte à choisir je préférerais encore y aller.

Cela fait plusieurs jours que je passe mes journées devant la télévision en me disant que ma vie c'est de la merde.
Cela fait plusieurs jours que je sors en cachette au parc et me tue à marcher jusqu'à celui-ci.
Cela fait plusieurs jours que je pleure dans les bras de Maxime en me désespérant, en même temps dès que je vais mieux un autre truc me tombe dessus.
Cela fait plusieurs jours que je ne vais plus au volley, au début j'y allais pour voir les autres filles jouer, pour Héloïse aussi, mais cela me donnait envie de vomir de les voir rigoler et jouer.
Cela fait plusieurs jours que je ne mange vraiment plus.
Cela fait plusieurs jours que j'appréhende ce qu'ils vont me dire.

J'ai peur, j'ai peur de ce qui va suivre ensuite, si je perds le sport, si je perds ce pourquoi je suis encore ici, qu'est-ce que je vais devenir.

Je me rassure en regardant ce qu'ils disent sur internet sur les sciatiques, d'après ce que j'ai pu lire, cela se remet, dans 80% des cas, tout seul en place et ce n'est pas quelque chose qui est méchant une fois que tout est rentré dans l'ordre.
Alors je prie chaque soir pour qu'il n'y ai pas besoin de m'opérer, qu'à la rentrée prochaine je puisse reprendre le sport et faire les matchs qu'on aura en équipe.

*

Trois semaines sont passées, les douleurs se sont atténuées, mais sont toujours présentes. Je me rends enfin à l'hôpital pour voir ce que j'ai réellement.
Le trajet est long, mon cœur bat beaucoup trop vite, il paraît qu'il ne faut pas être stressé, ça va être dur.

Nous nous rendons directement dans la salle d'attente des scanners, je mets mes écouteurs et lis pour essayer de me reposer et me calmer.
On m'appelle un quart d'heure après notre arrivée, je me fais conduire jusqu'à une petite pièce où je me change avant de rejoindre une gigantesque salle où le scanner est en plein milieu. On me demande de m'allonger et on me place un casque sur les oreilles pour que le bruit de l'appareil ne me stresse pas d'avantage. On me donne différentes explications comme le fait de, bien évidemment, ne surtout pas bouger.

Les musiques s'enchainent encore et encore, ce disque c'est moi qui leur ai donné, je le connais par coeur, j'ai tellement de fois chanté et dansé dessus plus jeune, avant tout ça, mais maintenant quand je l'écoute, je n'y arrive plus.
  Je fais un vite calcul dans ma tête, je sais qu'on en ai à la dixième musiques, dix fois trois, trente, cela fait environ trente minutes que je suis coincée à l'intérieur. Ah ça c'est sûr ce n'est pas comme dans les films où le mec sort cinq minutes après, ah non ça je peux vous le dire.

DésespéréeOù les histoires vivent. Découvrez maintenant