Chapitre 1, Partie 1

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- Nyméria ! Qu'est-ce que tu fabriques ? hurla la responsable de l'orphelinat, Madame Michou. Si tu continues comme ça tu vas finir par rater ton hippogriffe !

Une jeune femme dévala les escaliers, chargée de trois sacs de voyage. Madame Michou l'attendait à l'extérieure de la vieille bâtisse, seule. La responsable de l'orphelinat était une femme petite et rondouillarde ayant dépassée la cinquantaine. Par-dessus sa robe bleu clair, elle portait, comme toujours, un tablier blanc. Ses petits yeux marron inspectaient la nouvelle venue derrière ses lunettes rondes.

- Qu'as-tu fait à tes cheveux ? Je t'avais pourtant dit de te les attacher non ? la réprimanda-t-elle.

Nyméria ramena rapidement ses cheveux ébène en une queue de cheval et lui souria.

- C'est mieux ?

- Beaucoup ! Tu sais que les voyages en hippogriffe ou en pégase sont mouvementés avec tout ce vent !

- Mais oui, je sais...

L'orpheline regarda la forêt autour d'elles, attentive au moindre bruit.

- Les autres sont tous partis. Je leur ai dit de rester pour te dire au revoir mais...

- Ils avaient des choses à faire. Je m'en doutais.

Depuis qu'elle était petite, la plupart des pensionnaires de l'orphelinat et des villageois les plus superstitieux évitaient d'entrer en contact avec la jeune femme. Elle avait les « yeux du démon », c'est-à-dire, un iris bleu tirant sur le violet et l'autre vert électrique. Selon la légende, si quelqu'un croisait les « yeux du démon », il était maudit, ou pétrifié. Madame Michou disait à qui voulait bien l'entendre que cette croyance d'une autre époque était tout simplement ridicule.

Mais depuis quelques temps, les personnes qui adressaient la parole à la jeune femme se faisaient de plus en plus rares, suite à la révélation sur sa véritable nature ; Nyméria était une hybride. Les mythes, les légendes et les préjugés étaient profondément ancrés dans la mémoire des habitants et l'isolement du village de Shiba n'arrangeait pas les choses.

Nyméria fut soulagée lorsqu'elle apprit qu'elle était mi-humaine, mi-animal, bien qu'elle ne sache pas encore lequel. Cela expliquait le fait que ses cinq sens soient beaucoup plus développés que la normale et qu'elle possédait des canines pointues et un peu plus longues que la moyenne.

- Toi, tu es là et c'est tout ce qui compte !

Les larmes aux yeux, Madame Michou se rapprocha de sa protégée et mit une de ses mèches rebelles derrière l'oreille.

- Je suis désolée. Je m'étais promis de ne pas pleurer, mais tu es comme ma fille !

- Et je te remercie d'avoir pris soin de moi durant ces 17 dernières années.

Nyméria prit Madame Michou dans ses bras et lutta contre les larmes qui menaçaient de s'échapper. Cette dernière lui rendit son étreinte. Elles se séparèrent lorsque des battements d'ailes se firent entendre. L'hippogriffe venait d'arriver. Cet animal possédait la tête, le poitrail, les ailes et les pattes avant d'un aigle. Le reste de son corps était celui d'un cheval. Ses yeux orangés se mariaient très bien sur son pelage gris-bleu. Il était splendide.

- Bon, je vois que tu as pris toutes tes affaires. As-tu pensé à prendre de la viande pour nourrir l'hippogriffe ?

L'hybride acquiesça en montrant le baluchon qui était à ses pieds.

- Je sais qu'un pégase est beaucoup plus rapide mais nous n'avons pas les moyens de t'en louer un.

- Ce n'est pas grave ! Et puis la lettre dit que je dois être à Argos dans 3 jours, à 14 heures, alors j'ai le temps.

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