Sasori, 22 ans, reçoit un appel. L'offre de colocation qu'il avait fait paraître dans le journal local a finalement fait un intéressé. Deidara, 19 ans, il est prêt à emménager dès le lendemain. Une sorte d'hostilité, de relation toxique, se construi...
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Plusieurs jours passèrent depuis le rêve. Sasori et Deidara ne s'étaient pas beaucoup croisés ces derniers temps, seulement lorsqu'ils quittaient l'appartement ou qu'ils y revenaient en même temps. Le blond allait dans une école d'art et suivait quatre ou cinq cours par semaine et Sasori travaillait plus que d'habitude ; deux autres demeures avaient explosées au cours de la semaine. Les habitants avaient peur et les autorités n'eurent d'autres choix que de les alerter : un dangereux pyromane prenait la ville pour son terrain de jeu.
Un après-midi, Sasori réussit à se libérer du boulot avant la fin de sa journée. Il avait grandement besoin de repos, son travail était surtout épuisant mentalement et sa tête le faisait souffrir. Il se sentait vidé de ses énergies, à vrai dire. Il entra finalement la clé dans la serrure de l'appartement et lâcha un soupir. Oh non..! Des vibrations se faisaient sentir contre la porte et les murs. It's my life de Bon Jovi battait son plein et percutait les lieux de son rythme saccadé et puissant. Deidara se trouvait au centre de la cuisine et, sur la table, était posé un amas d'argile qu'il sculptait. Ce dernier secouait la tête au refrain de la chanson tout en donnant une forme de plus en plus précise – on aurait dit l'aile d'un oiseau – à la substance granuleuse.
- Tu ne connais pas la merveilleuse invention que sont les écouteurs? Se plaint Sasori en arrivant près de la table, il avait mis l'emphase sur le mot écouteurs.
Deidara ne l'avait absolument pas entendu rentrer, car il ne put réprimer un sursaut.
- Tu sais, ces petits objets populaires que les gens mettent dans leurs oreilles pour écouter leur musique et éviter d'embêter les gens?
Le blond l'observait toujours et un large sourire se dessina sur son visage.
- Qu'est-ce que tu as dit? Je ne t'ai pas très bien entendu.. Répondit-il en pointant l'une de ses oreilles, toujours en souriant, dans le but de l'énerver.
Sasori se mit à râler et alla éteindre le système stéréo alors qu'une autre chanson commençait. Il savait très bien que Deidara l'avait entendu et qu'il se moquait de lui, il posa donc son regard ailleurs afin de se calmer. La sculpture d'argile l'intriguait, il approcha sa main pour tourner la forme vers lui.
- C'est quoi?
Deidara saisit son poignet, et pas de manière douce, la peau de Sasori tourna au rouge peu après le contact de sa main. Le roux retira son poignet brusquement et le silence se mit à planer dans la pièce, les deux hommes se regardèrent.
- Ceci est mon art... C'est pour l'école, hun. N'y touche pas, c'est clair?
Sasori soupira et se frotta le poignet en silence. S'ils avaient bien un point en commun, finalement, il s'agissait de l'importance qu'ils accordaient à leur art respectif. Ils en avaient tous les deux une conception très différente et cela allait probablement leur causer de futurs conflits. Sasori le sentait.
- Je vais faire une sieste.. Et ramasse-moi ce bordel, tu veux? Tu as mis de l'argile partout.
Il se dirigea enfin vers sa chambre, son refuge à lui, son cocon de marionnettes, il referma la porte derrière lui à l'aide de son pied et se laissa tomber sur son lit. Il mit ses mains sous l'oreiller et la fraîcheur des draps le fit sourire, il se sentit très confortable et ferma les yeux. Bien qu'il fût épuisé, il ne s'endormit pas tout de suite. Il pensait trop. Ses parents lui manquaient, il avait souvent pensé à la vie différente qu'il aurait eue s'ils étaient encore en vie tous les deux, et toutes ces pensées le conduisirent au pyromane fou dont il était sur la trace. Il n'arrivait pas à le comprendre, il souhaitait pouvoir se mettre dans sa peau et percer ses pensées, savoir où irait se cacher un être pareil et le coincer une bonne fois pour toutes. Et il y avait Deidara, il ne savait pas s'il avait pris la bonne décision de le prendre comme colocataire. C'est vrai, il ne faisait pas le ménage, ni à manger, et il lui manquait toujours de respect. La seule chose qu'il pouvait lui accorder était que...Highway to Hell éclata dans l'appartement. Ça y est, c'en était trop. Il n'avait plus rien à penser de bon sur cet homme. Pourquoi jouait-il toujours au plus malin avec lui? Désormais, Sasori pensait qu'il serait mieux de le virer des lieux, de prendre ses clés et de lui dire de ne jamais revenir, mais il n'était pas comme cela. Et puis, avant tout, il lui fallait dormir. Il soupira profondément et mit son oreiller sur sa tête, il appuya dessus de toutes ses forces, il ne voulait plus entendre sa musique hard rock débile des années '80. Il bailla, la fatigue avait pris le dessus sur tout et principalement sur sa capacité à rétorquer. De son côté, Deidara continuait sa sculpture d'argile de manière très appliqué. Il était concentré malgré la musique à fond et ses mouvements étaient très minutieux. Il savait qu'il ne suffirait que d'un mouvement brusque pour que la bombe au cœur de la substance ne se transforme en son art qu'il aimait être éphémère, en une explosion.
I'm on the highway to hell No stop signs Speed limit Nobody's gonna slow me down Like a wheel Gonna spin it Nobody's gonna mess me 'round
Deidara chantait à tue-tête et il sourit en coin. Il savait que Sasori devait le mépriser en ce moment même, mais tout cela allumait un feu en lui. Il cherchait à le faire réagir, il aimait avoir l'attention de ses yeux bruns sur lui. Ces nombreux moments de provocation rendaient ses journées plus excitantes. Cela faisait presque deux mois qu'il vivait avec lui et, parfois, ils ne se croisaient que très peu, d'autres fois pas du tout, mais les rares heures où ils étaient ensemble, Deidara en tremblait de joie tant il le savait mal à l'aise face à son comportement. Il avait conscience que Sasori était troublé par sa présence, ses gestes en témoignaient. Le blond appréciait avoir cet effet sur le jeune homme. Il le connaissait introverti et sérieux, alors quand il arrivait à le pousser à bout jusqu'à le sortir de sa zone de confort, il était heureux. Il voulait entendre son ton monter, voir son visage se crispé de rage, il voulait faire trembler son esprit et ne pas le laisser s'y réfugier. Deidara ne désirait plus que cela : s'amuser avec son nouveau jouet. Ce n'était tout de même pas un hasard s'il avait choisi d'habiter l'appartement de Sasori...