Chapitre 3

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Je regardais la maison au loin. Il fallait que j'y retourne, mais je tentais de gagner du temps. J'avais des milliers de questions en tête. Sauf que les réponses me terrifiaient.


- Et le soleil ? dis-je sans le regarder.


Il s'était assis contre le tronc et avait remis ses lunettes. Je devinais à quel point il faisait preuve de patience. Même si parfois, un soupir trahissait son agacement.


- Tu ne risques rien tant que tu n'as pas tué d'humain. C'est un peu la punition de ceux qui tuent, ils ne peuvent sortir que la nuit. Alors, profite, tu ne tiendras pas longtemps.


- Je ne pourrais jamais tuer quelqu'un.


J'essayais d'y croire.


- Tu n'es plus humaine, tu en as l'air mais tu ne l'es pas. Alors il ne s'agit plus de tuer quelqu'un, mais de tuer des êtres vivants. Maintenant, les gens sont comme du gibier facile à chasser, il se mit à sourire en y pensant.


- J'ai aucune envie de rire, crachais-je, mauvaise.


Il se leva, vraiment très vite, et se retrouva devant moi ! Je fus si surprise que je manquais de basculer en faisant un pas en arrière.


- J'ai pas le temps de te plaindre, ok ? J'ai autre chose à foutre que d'attendre que tu es fini de pleurer sur ton sort. T'es un putain de vampire ! Tu dois t'y faire !


Chaque mot m'arrivait comme une gifle.


- Tu peux crier, tu me fais pas peur, mentis-je.


- Surtout, que ta toute nouvelle condition ne te monte pas à la tête ! Tu restes vulnérable, lança-t-il comme si il parlait à une demeurée. Tu peux mourir de plein de façons, tu n'es pas invincible, seulement immortelle. Donc si tu surveilles tes arrières, tu pourras être là pour le prochain siècle. Mais même un accident de voiture pourrait te tuer si les dommages sont vraiment importants et que tu n'as pas la force nécessaire pour cicatriser. Le sang humain est un remède miracle dans ces cas-là, comme une potion magique. C'est pour ça qu'on devient vite accroc. On est tellement plus fort quand on cède à nos pulsions.


Il marqua une pause pour enlever ses lunettes. J'étais certaine qu'il adorait jouer avec et s'amusait de l'effet que ça faisait sur ses interlocuteurs.


- Mais pour avoir du sang il faut avoir un fournisseur. Parce que si tu t'en prends à des humains, je m'en prendrais à toi.


- Tu as déjà tué ? demandais-je, un peu effrayée cette fois.


- Oui. Pas plus tard que la semaine dernière.


Encore ce sourire en coin.


- Un humain ? continuais-je, mal à l'aise.


Perdue dans le noir - Part1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant