Perdue dans le noir - Part1

Chapitre 5

Le lendemain, nous roulions vers la côte depuis midi. Adam m'avait demandé de conduire afin qu'il puisse se reposer. Ma nuit avait été agitée, je m'étais réveillée plusieurs fois à cause de cauchemars, ou plutôt des souvenirs. Mon cerveau semblait se rappeler bien plus de détails quand il était en sommeil ! Et Adam n'avait pas pu se rendormir. Même quand l'épuisement avait eu raison de mes mauvais rêves et que j'avais pu sombrer dans un sommeil lourd et tranquille toute la matinée. Je conduisais vite, sur des petites routes. Si bien que, quand nous approchions de notre destination, nous avions presque deux heures d'avance sur son estimation. Comme prévu, je le réveillais à quelques kilomètres de la ville pour qu'il me relève. Lui seul, connaissait le chemin de l'endroit où nous nous rendions. Le soleil était bas, la nuit n'allait plus tarder.

Adam prit le volant pendant que je m'installais sur le siège passager. Il pleuvait encore, comme si la météo s'accordait à mon moral.

- Puisqu'on a un peu d'avance, je vais m'arrêter chez un ... « ami ». Il pourra me renseigner.

- Sur les trois vampires ?

- Oui. Je pense qu'ils sont dans le coin. Et si c'est le cas, il les aura forcément vu.

Des frissons parcoururent ma colonne vertébrale. Même si je ne connaissais pas leurs visages, la peur restait immense, ils pourraient être n'importe où, n'importe qui ! Je ne les reconnaîtrais pas.

- Ils ne te feront plus jamais de mal, souffla Adam.

- Ils ne peuvent pas m'en faire davantage.

Son « ami », il prononçait presque les guillemets lorsqu'il parlait de lui, vivait dans une usine abandonnée de l'autre côté de la ville. C'était trop cliché ! Adam entra directement en voiture dans le bâtiment et klaxonna trois fois avant de descendre de l'auto. Il me fit signe de le suivre de près. La chaleur était étouffante dans cette bâtisse et l'air lourd d'humidité. Je n'aimais pas cet endroit. Mais rester seule dans la voiture m'inspirait moins que le suivre pour nous enfoncer dans l'antre de la bête. Tout au fond de ce qui devait être un ancien atelier, nous avons pris un escalier rouillé qui tremblait sous nos pas. La moisissure attaquait tous les murs, c'était crade ! La rampe était cassée et pendait dans le vide, parfaitement inutile. Ça me rappelait de mauvais souvenirs. Durant un instant de doute, je me demandais : et si Adam était comme eux ? Ce n'était pas rassurant, mais malgré cela je le suivais comme son ombre ! C'est alors que je sentis ses doigts s'accrocher aux miens. Ce geste semblait naturel pour lui. Je tenais sa main comme une ancre. Même si je n'avais jamais vraiment vu l'endroit où j'avais était enfermée, l'ambiance était la même, je le ressentais. Et après avoir parcouru un long couloir sombre, aux néons faiblards, sans jamais lâcher Adam, nous arrivions dans une pièce immense. Une odeur insoutenable d'excréments nous souleva le cœur. Des aboiements de chiens, enfermés pas loin, nous vrillaient les tympans. Nous devions traverser la pièce, jusqu'à une autre porte derrière laquelle une lumière vive nous aveugla une seconde tous les deux.

- Adam ! s'exclama une voix cassée, depuis notre droite, d'où venait la lumière.

Aussitôt l'homme abaissa le projecteur et je pus découvrir son visage, ce que je regrettais aussitôt. Il était laid et gras. Ses cheveux sales et clairsemés dévoilaient un visage épais et crasseux. Comme si il ne sortait jamais de cet endroit. Son nez écrasé et large rappelait celui de certains boxeurs, il avait dû s'en prendre plus d'un ! Entre les traces de crasse, son teint était blafard. Ses yeux d'un vert voilé de blanc, comme les yeux d'un mort, me fixaient d'une façon qui me mit mal à l'aise. À croire qu'il pouvait voir sous mes vêtements. Ses lèvres s'étiraient dans un sourire pervers. Je fis un pas sur le côté pour me cacher derrière Adam. Je comprenais soudain les guillemets, ce type ne pouvait être l'ami de personne !