Chapitre 2

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- Eh ! Réveille-toi ! On doit sortir de là ! criait une voix lointaine.


On secouait mon corps comme une poupée de chiffon. La chaleur étouffante rendait ma respiration difficile. La douleur me ramena vers la réalité quand mon poignet heurta le sol. Je sursautai en serrant les dents et ouvrais les yeux péniblement.


- Allez debout ! Tu peux marcher ?


Juste devant moi, à quelques centimètres, se tenait un homme au visage couvert de suie. Il me bousculait pour me faire réagir. Voyant les flammes qui nous entouraient, je me mis sur mes pieds dans un bon, ignorant la douleur. Elles étaient si proches !


- Tu dois marcher, je ne peux pas te porter. Il y a trop de sang. Tu me suis OK ?


Je ne comprenais pas son raisonnement. Ses vêtements étaient pleins de suie et à moitié brûlés mais il s'inquiétait des taches de sang ? Peu importe ! Je voulais sortir de là au plus vite. Je fis « oui » de la tête en portant ma main à ma bouche, prête à tousser. Il attrapa mon bras pour me faire avancer. Quand on arrivait aux escaliers, les flammes nous encerclaient de partout, faisant s'écrouler le plafond comme une pluie d'étincelles. Je me brûlais gravement en marchant dans les braises mais rien ne pouvait m'arrêter. Il s'engagea dans l'escalier en courant sans me lâcher. Mais la peau de mes pieds se collait au métal brûlant, me volant des cris inhumains. Je tombais en travers des marches, sur mon poignet cassé, ce qui me fit hurler de plus belle tandis que je sentais le tissus de mes vêtements se consumer sur mon corps.


- Sors ! criais-je à mon sauveur. J'en ai assez...


Il fallait que ça s'arrête, je ne pouvais pas en supporter davantage. Mais alors qu'il se penchait pour me porter, je crois, un morceau du plafond s'effondra sur nous. L'homme sembla vouloir me protéger en se postant au-dessus de moi, le dos voûté. Mais quand les débris de bois le percutèrent, il poussa un hurlement bestial et je les vis !

Ses dents. Acérées et mortelles.

J'eus un mouvement de recul, par réflexe, mais il était toujours moins effrayant que l'idée de brûler vive. Quelque-chose lui bloquait la jambe, le laissant à la merci des flammes qui déjà attaquaient son jean.


- Tu peux le faire, sors d'ici !


Mais il avait essayé de me sauver. Je lui étais redevable. Sans savoir où je trouvais cette force, je me mis à pousser les débris qui le bloquaient. L'adrénaline me faisait oublier la douleur et, par je ne sais quel miracle, je le libérais. Sauf que, plus vicieuse que les flammes, la fumée eut raison de moi. Hoquetant à la recherche d'oxygène, je sentis ma tête tourner et mon corps partir en arrière.


- Je te tiens, cria mon sauveur avant que je ne perde connaissance.


[...]

Je ne pensais pas revoir la lumière naturelle du soleil un jour. Mais je la reconnus dès qu'elle filtra à travers mes paupières. La chaleur douce qui parcourait ma peau était merveilleuse. J'ouvris les yeux et découvris le plafond blanc aux moulures simples de ma chambre. Un courant d'air léger et frais faisait danser les mèches de cheveux qui encerclaient mon visage. Après le brasier c'était un pur délice ! J'étais allongée dans mon lit, j'en reconnaissais le parfum familier et réconfortant. Une odeur particulièrement forte... Et la douleur n'était plus là. Je me redressais et observais mon corps, stupéfaite. Les plaies avaient disparues. Mon mollet était intact sous les nombreuses traces de sang et de suie dont j'étais recouverte. Mon poignet ne me faisait plus mal. J'allais bien, physiquement. Mais mes vêtements en lambeaux pleins de sang et la peur qui ne me quittait pas me prouvaient que je n'avais rien rêvé de ce qui m'était arrivé.

Perdue dans le noir - Part1Où les histoires vivent. Découvrez maintenant