HÉLÉNA EST UNE BELLE SALOPE (part2)

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< PYRO ~ Kings of Léon ? >
< UNDRESS YOUR SOUL ~ The DuBarrys ? >

Part 2 is on ...

Les voix, qui devinrent des murmures, annonçaient un agacement certain. Deux, peut-être trois, peut-être plus. Les ombres se dessinaient sur les murs par delà le mur de plastique, sur le sol où gisaient les restes de batailles d'eau aux saveurs aîgres. Les fracas de portes, de cliquetis, les pas claquant dans les flaques, traversant les effluves de parfums nauséabaondes, puis la clarté d'une parole, enfin, après une attente interminable.

"Tu fais chier Ach'. Jette-le je te dis."

Celui pour qui les paroles semblaient avoir été prononcées agit également de sa voix sur nos tympans à l'affût, suave et légère, une voix à tomber de haut.

"Et quoi? Tu veux que je le balance, et puis que je fasse comme si il n'y avait rien eu? C'est ça que tu veux?"

"Va la voir. Parle-lui! T'es en train de te foutre dans la merde!" jappa le premier.

Le dénommé Ach' sembla soupirer, lâchant un "ok" désarmant, puis se dirigea vers la sortie, laissant les gouttes pleuvoir à travers le silence omniprésent de l'endroit aux recoins crasseux. Le premier garçon n'était pas parti, son souffle glissant encore sur la surface lisse, son front appuyé à la paroi, par-delà laquelle celui d'Andrew  était lui-même posé.

Un rejet fut prononcé par les éclaboussures d'eau provoquées sur les pieds de mon baîlloneur, puis un départ de plus. Il me lâcha enfin, et j'osais respirer.

"C'était quoi, ça?" adjurai-je à l'Américain au teint devenu blafard, l'éclat traître de ses craintes griffant ses pupilles de longs cisaillements noirs. Suintant, essoufflé et les muscles endoloris par cet effort silencieux, il daigna porter son regard dans le mien, posant l'ultime carte sur table de son état ; il était préoccupé.

"Achil Ponptivet et sa clique. Des tocards de premier rang de l'estrade. Rien d'important."

"Rien d'important?" répétai-je, imitant sa récente colère, lors d'un de mes discours, sortant en trombe de la cabine pour faire volte-face. "Alors toi tu réduis des gens au silence et à l'immobilité totale pour quelque chose de pas "important"? Et c'est à moi qu'il faut enseigner comment ça marche?" m'écriai-je sans souci d'autrui.

"Et toi, t'amènes des inconnus dans des toilettes pour discutailler de je ne sais quelle phrase merdique? Je crois que c'est moi qui sait le mieux comment ça marche ici..."

"Excuse-moi de te sous-estimer, c'est vrai que ton ego sur-dimensionné a vraiment besoin d'autres bronzes à épingler sur son mur à compliments!"

Je n'eus malheureusement pas le temps d'étoffer mon discours qu'une main vont claquer de sa paume contre ma joue froide, ronde, parsemée de petites cloques rouges plus communément appelées boutons d'acné. Le trouble et le mal passé, le silence s'installa entre nos deux silhouettes, les yeux de l'expéditeur de la baffe fixant d'un œil hagard ma réaction muette.

"Bon, on se tire?" ordonna-t-il presque, une voix froide venant habiller ses mots cinglants.

Sa requête s'accompagnait de son regard fuyant, sa tête s'étant détournée de la mienne, fixant le soleil par-delà une vitre brisée.

Il venait de me donner une claque. Andrëw venait de me donner une claque.

Je reculai jusqu'au mur, la main portée sur la marque du coup précédent mon mutisme, m'affaissant au sol, recroquevillé entre un lavabo de céramique beige et un miroir peint.

SyroseOù les histoires vivent. Découvrez maintenant