Chapitre 10

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— Quand arrive-t-elle, Maître ?
— Je l'ignore, répondit Lucius. Tout est prêt ?
— Oui, bien entendu, répondit Nellis. Dois-je demander une femme de chambre ?
— Pour Miss Granger ? s'étonna l'homme blond. Elle était une prostituée, Nellis...

L'Elfe de Maison, debout sur un gros livre qui flottait à un mètre du sol, en train de faire les poussières dans le salon, grimaça.

— Je sais ce que tu penses de ces filles, Nellis, répondit Lucius en s'asseyant dans son fauteuil près de la cheminée. Mais Hermione Granger est un héros, sans elle, nous serions sous la coupe du Lord...
— Entendre de telles paroles de votre bouche me surprend, Maître, répondit l'Elfe. Vous avez hébergé le Lord dans cette maison, tout de même...

Lucius baissa le nez.

— Et j'ai payé pour ça, dit-il. J'ai passé un an loin des miens, j'ai été torturé, mentalement, physiquement, j'ai été obligé de ramper devant des sorciers qui m'étaient inférieurs en tout... Mon mariage a été brisé à cause de ça, mon fils a quitté mon foyer et va se marier prochainement... Ne crois-tu pas que j'aie assez souffert ?
— Si, sans doute, mais il y a des dizaines de façons de se racheter une conduite et une conscience, autre que de vouloir redonner à trois adolescents le mérite qui leur revient.

Lucius plissa les yeux. Il agita alors la main et Nellis s'éloigna avec son plumeau, perchée sur son livre enchanté.

.

— Alors ? C'est le grand jour ?
— Oui... Enfin, presque.

Hermione était assise à la petite table de la cuisine de Tom, le barman du Chaudron Baveur. Deux semaines plus tôt, Drago Malefoy était venu lui apporter la clef du manoir Malefoy et lui dire qu'elle pouvait aller s'y installer dès qu'elle le déciderait.

— Pense-tu t'y plaire, là-bas ? demanda soudain le barman en claudiquant jusqu'à son évier pour remplir le broc à eau.
— Oui, répondit Hermione en prenant une frite dans son assiette.

Le service était terminé, il ne restait que quelques piliers de bar dans le pub et bientôt, Tom les chasserait pour fermer, mais en attendant, ils prenaient une pause bien méritée et en profitaient pour dîner, et ce malgré l'heure plus que tardive.

— Pourquoi ?
— Pourquoi ? demanda la Gryffondor en regardant le vieux barman. Surement pas parce que c'est le manoir d'un riche aristocrate plein aux as, non.
— Alors pourquoi ?
— Parce que je serais loin d'ici, loin de ces sorciers que j'ai pu rencontrer, qui ont pu un jour passer dans mon lit de pute... Chez Lucius Malefoy, je serais à l'abri de tout, je pourrais utiliser mon temps libre pour me faire oublier, pour retrouver mes amis, pour essayer de trouver un moyen de soigner mes parents... De me soigner...
— Tout cela est bien beau, Hermione, mais que va-tu lui donner en échanger de tout cela, hein ? Va-tu offrir ton corps une dernière fois à Lucius Malefoy pour le remercier de t'aider ?

Hermione déglutit et baissa le nez.

— Non, dit-elle. Lucius Malefoy est un homme, un adulte, le père d'un ancien camarade de classe, je ne peux pas faire cela, quand bien même je le voudrais.
— Alors tu vas utiliser sa maison, son argent, son affection, sans rien lui donner en retour ?

Hermione regarda le barman avec tristesse puis secoua la tête.

— Je ne sais pas, Tom... Je ne suis pas encore arrivée à ce point dans la refl-...

Un hurlement de sauvage résonna soudain dans la salle du pub et Tom soupira. Il jeta un coup d'œil sur la pendule et décida qu'il était temps que le Chaudron Baveur ferme ses portes pour la nuit.

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Le lendemain matin, alors que le soleil se levait à peine, assise au bord de sa fenêtre, Hermione écoutait les bruits du monde Moldu invisible. Dans deux jours, elle allait se tenir au même endroit, dans la même position, mais dans une maison et une chambre totalement différente avec à la place de la ville nauséabonde, des champs à perte de vue.

⏳ May I help you, Miss Granger ?Où les histoires vivent. Découvrez maintenant