Chapitre 6

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Tous mes amis étaient trop fatigués, ils se sont rendus chez eux. Liam n'a pas réussi à digérer la nouvelle ; sa cousine est morte. Il s'est rendu chez lui au bord des larmes.

Un tueur en série est encore en liberté à Cambridge. J'ai peur. J'ai peur que quelqu'un de mon entourage soit touché, encore une fois. De plus, je n'ai plus mes parents. Ma mère est morte à cause d'un horrible cancer. Quant à mon père...
Une terrible sensation de manque m'étreignit subitement. Je pensais rarement à mon père. Je me le permettais rarement, plutôt. Il était parti, alors que j'étais toute petite. Il nous a quittées, ma mère et moi. Il nous avait laissé nous débrouiller toutes seules. Ma mère disait aux gens qu'il était décédé, mais à moi, elle m'avait avoué la vérité : il était tout simplement parti. Il est peut-être mort, à l'heure qu'il est, ou peut-être est-il avec une autre famille, une autre fille ? Ni moi, ni ma mère ne le saurions jamais. Et même si ma mère ne parlait de lui que si quelqu'un l'interrogeait, je savais qu'il lui avait brisé le coeur.

Les yeux clos, je laisse tomber ma main sur mon collier. Toutes ces émotions m'ont tellement épuisée que je n'ai même pas le courage ni la force d'aller éteindre la lumière pour me coucher. Je reste tout bonnement là, dans la pénombre croissante, jusqu'à ce que ma respiration se fasse plus profonde, et que je finisse par m'endormir.

***

Je fis volte-face et, plissant les yeux, tente de percer l'obscurité pour localiser la personne qui se tenait devant moi. Et, tout à coup, la lumière m'explosa au visage, aveuglante. Il y eut un bruit de bois arraché et une violente clarté envahit l'espace. Je me trouve toujours dans ma chambre d'hôpital dont toutes les fenêtres avaient été barricadées. Quelqu'un se tenait devant l'une d'elles, une planche arrachée à la main. Il faisait assez clair, désormais, pour que je puisse distinguer les traits de celle qui s'avançait.

- Salut, Mélanie, dit la voix rauque.

- C'était toi, les meurtres. compris-je.

Jade sourit. Toujours ce même petit sourire las qui se dessine si lentement sur ses lèvres couleur de sang. Un sourire... terrifiant.

- Qu'à tu penser du cadeau que j'ai fait à Liam ?

Les larmes me montèrent aux yeux. J'étais incapable de répondre. Je me sentais si fatiguée, si désemparée... Si seulement j'avais pu réfléchir, aligner deux pensées cohérentes...
Je jette un bref coup d'œil par-dessus son épaule, pour vérifier si la porte est toujours ouverte.

- Oh mais ! Tu ne peux pas t'en aller comme ça ! me gronda Jade, du ton de la parfaite hôtesse retenant son invité. N'imagine pas un seul instant que je te laisserai partir. Même si tel était ton plus cher désir.

Je la dévisage sans comprendre.

- Je veux juste que tu me laisses tranquille, Jade.

- Dans tes rêves ! ricana-t-elle d'un ton méprisant.

Je ne voyais pas du tout où elle voulait en venir. C'est alors que j'aperçus un collier dans la main de Jade. Un collier en argent. Avec en pendentif la lettre "M".
Mon collier ! Celui que ma mère m'a offert avant de mourir. La colère m'embrasa comme une torche, si violemment même que j'en fus comme galvanisée.

- C'est à moi ! m'écriai-je en me redressant soudainement de mon lit, toute fatigue et terreur oubliées.

Jade ne s'y attendait pas. La sculpturale brune chancela sous l'attaque, reculant précipitamment pour m'esquiver. Et puis quelqu'un m'attrapa les bras par-derrière et me les maintient fermement dans le dos.

- Merci Jordan. déclara Jade, d'une voix légèrement essoufflée. J'imagine que même une petite souris peut se rebiffer. commenta-t-elle en me dévisageant d'un regard acéré. Il faudra s'en souvenir à l'avenir. Mais pour le moment, je vous propose de faire un petit incendie. Je suis désolée que le cadre ne s'y prête pas mieux, mais qu'est-ce que vous voulez ?

La bouche soudainement sèche, je ne quittais pas Jade des yeux. Un étrange éclat brillait dans ses prunelles d'or, à présent. Une chaleur, une flamme, une excitation...

- Et si je te faisais un petit tour de magie, Mélanie ? Un tour ou on joue avec le feu... Tu veux ?

Je secouai la tête. Je comprenais, tout à coup, qu'il y avait plus grave qu'une humiliation publique. Pour la première fois depuis le début de cette semaine de cauchemar, j'avais peur. Non pas de perdre la face, mais de perdre la vie.
En un clin d'œil, jade avait roulé un bout de papier pour former un cône. Et, brusquement, le coin supérieur de la face s'embrasa.
Je tente de reculer pour éviter le papier enflammé qui se rapprochait de mon visage.

- Attention, Jade ! railla Jordan. Pas trop près. Tu risquerais de lui brûler les cheveux.

- Comment ça "près" ? embraya immédiatement Jade, rentrant dans son jeu. Près comme ça, tu veux dire ? Ou près comme ça ?

Je me tordais le cou pour m'écarter de la flamme. De petits bouts de papier noirci voletaient en tous sens. La lumière éblouissante m'aveuglait et je sentais une chaleur torride me brûler la peau.

- Oups ! Elle est passée vraiment près elle-là. Oh ! Je trouve que ses cils sont trop longs, de toute façon. Pas toi, Jordan ?

Je me débattais comme une furie, à présent. Mais Jordan était d'une force incroyable. Et, plus je luttais pour me libérer, plus Jordan serrait.

- Lâche-moi ! haletai-je.

- Mélanie, regarde dans le feu. Qu'est-ce que tu vois ?

Je n'avais aucune intention d'obéir. Mais je ne pus cependant m'en empêcher. Le papier aurait sûrement dû être entièrement consumé, maintenant. Pourtant, il brûlait encore.
Mes yeux se voilèrent. Mes joues se mouillèrent de larmes.

- Oh ! Ce n'est qu'un bébé, en fin de compte. cracha Jade avec dégoût. Allons, bébé, tu ne peux pas pleurnicher mieux que ça ? Peut-être que si tu chiales assez, tu réussiras à l'éteindre.

Secouée d'irrépressibles sanglots, je parvenais pourtant à tourner la tête ou à l'approcher en arrière, juste à temps pour éviter la brûlure du papier enflammé qui ne cessait de se rapprocher. Si près même que mes larmes grésillaient en tombant sur le papier. Je ne réfléchissais plus, maintenant. Je n'étais plus que peur. Une bête aux abois, une pauvre petite bête prise au piège.

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Mon plus long chapitre !

Qu'en avez-vous pensé ?

Vous a-t-il plus ?

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