A peine avais-je ouvert la bouche que Téo lui expliquait sommairement et froidement que nous étions amis.— Tu ne m'as pas parlé de ça, lui lança Elodie avec un regard surpris.
— Je n'avais aucune raison de le faire. On se connaît, c'est tout.
— Alors tu dois en savoir un paquet sur lui, parce que pour moi, ce mec reste un mystère, dit-elle en allant vers la cuisine.
— Pas vraiment, soufflai-je.
Je reculai de quelques pas et pris place dans le canapé. Du coin de l'œil je voyais Téo toujours debout, me regardant. Je ne fus pas surprise quand il fit demi tour et repartit dans la cuisine sans un mot. Me fuyait-il ? M'en voulait-il de ne pas avoir su lui parler lors de notre entrevue ? Si c'était le cas, je trouvais sa réaction excessive, digne d'un vrai gamin. Je ne l'aurais jamais cru ainsi, mais cela me rappela qu'on ne pouvait réellement connaître les gens.
Je me sentais en colère contre lui. En colère contre moi d'être aussi stupide. Que savais-je vraiment de lui ? Rien à part ce qu'il voulait bien me dire et cela ne suffisait pas pour moi.
Ils tardèrent dans la cuisine et c'est Elodie qui en sortit la première avant de se diriger vers le couloir des chambres sans m'adresser un regard. Téo la suivit quelques minutes plus tard mais vint s'asseoir dans le canapé avec une bouteille de bière. Il disait ne pas avoir ramené d'alcool...
— C'est ta petite dernière ?
Je hochai la tête et posai le regard sur Gabie qui dormait paisiblement.
— J'aurais dû venir avec mes filles alors.
— Pourquoi ne pas l'avoir fait ?
— Barbara n'était pas d'accord.
Je lui lançai un regard curieux et il sourit.
— Elle les a emmenées chez le médecin.
— Oh, elles sont malades ?
— Non, juste un contrôle.
Un long silence s'installa entre nous, le temps qu'un ou deux anges passent en dansant le flamenco.
— Pourquoi avoir disparu deux longues semaines ?
— Je... J'ai perdu mon portable, répondit-il en sortant son nouveau téléphone. Et donc ton numéro aussi.
Et moi qui me faisais des idées. Je souris et lui proposai de le lui redonner. Il l'enregistra et rangea l'objet.
— J'ai cru que tu ne voulais plus me parler, avouai-je, le feu aux joues.
— Ah ouais ?
J'apportai une main à mon oreille pour y loger une mèche imaginaire, geste trahissant généralement ma nervosité.
— Je sais, c'est stupide, dis-je avec un petit sourire.
— Totalement.
Je me crispai sur le canapé, ne comprenant pas ses réponses un peu sèches. Il dût le remarquer puisqu'il m'offrit un petit sourire avant d'affirmer qu'il n'avait aucune raison de m'en vouloir. Cela me rassura immédiatement, mais il baissa à nouveau les yeux sur sa bouteille en prenant une mine grave, et ça me turlupinait.
Elodie revint rapidement dans le salon et réchauffa l'atmosphère devenue subitement glaciale. Avec son entrain habituel, elle mit un peu de gaieté dans la conversation qu'elle relança. Elle parlait de tout et de rien : son nouveau travail, de quelques potins, sa grossesse surprise, Kevin et parfois de Téo. Je remarquai d'ailleurs qu'elle lui jetait quelques regards en coin, souvent accompagnés de piques auxquelles Téo répondait par son mutisme. Quelque chose n'allait pas entre eux et j'étais curieuse de savoir quoi.
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FEMME
ChickLitFamille, amis, enfants, boulot, mari : ma vie ne tournait qu'autour de ça. Un cercle vicieux duquel je peinais à m'extirper. Au départ, traîner sur Internet dans la nuit ne devait m'aider qu'à me divertir. Mais c'est devenu trop sérieux. Avec Lui...